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ENVOLE TOI , GERFAUT
Gérard Cadet
Presqu’île de Rhuys, île de Cairnbihan, Manoir de Creac’h ar Bleis, deux ans après les derniers événements relatés dans « Moi, mon âme est fêlée ».
Cette fois, le manoir s’enflamme … pris dans les affres de la malédiction ? persécuté par ses fantômes ?
On y rappelle le lieutenant Pierre-Salomon Girardin, pas ravi (c’est le moins qu’on puisse dire), aux prises avec ceux qui continuent d’y vivre. Outre les relations troubles, les haines masquées et les secrets qu’entretenaient les habitants de l’île, le passé de chacun va ressurgir , révélé de manière plus ou moins innocente par de nouveaux protagonistes. Qui est Soisic, la soixantaine passée, au franc-parler tapageur, qui se balade sur une vieille carriole à moteur ? Et Nuallàan, jeune corps musclé au crâne rasé, à la dégaine plus que louche ? Et tous ces morts qui reviennent à la surface ?
Heureusement PSG, promu capitaine sera doublement voire triplement secondé pour élucider toutes ces intrigues familiales, par deux de ses gendarmes, sans oublier Buster, l’Irish Soft Coated Wheaton Terrier, au flair et à l’intuition infaillibles.
J’ai aussi beaucoup aimé ce deuxième volume des aventures de Cairnbihan, île imaginaire. On y retrouve la verve et le style de l’auteur, sa manière de créer l’ambiance et de faire converser ses personnages : malgré l’enchaînement d’événements dramatiques, voire sordides, l’humour et l’optimisme restent saufs. Cette fois, l’enquête policière n’occupe pas le devant de la scène, mais les retours dans le passé révèlent toujours un peu plus la face cachée des personnages, qui vont se mettre à agir, chacun à sa manière pour se sortir de situations le plus souvent devenues inextricables.
A la fin du roman, on peut dire que le gerfaut a pris son envol et que de nouveaux horizons s’ouvrent à lui… A quand la suite ?
Moi, mon âme est fêlée - Gérard Cadet
Un mois de juillet de la fin du 20ème siècle, le manoir de Creac'h ar Bleis dans l'île de Cairnbihan, reliée à la presqu'île de Rhuis par un bras de route aujourd'hui défoncé, ravitaillée par les vedettes à touristes et le bateau des autochtones.
Martha est retrouvée morte dans la grange, au pied de l'échelle... pas toute jeune Martha, au service des habitants du manoir sa vie durant. Une mort accidentelle, d'aucuns diront, mais attention, le loup veille et détient la vérité... il se glisse la nuit, silhouette humanoïde revêtue d'une épaisse cape noire, à l'affut des faits et gestes de chacun ; il agresse, il tue, il venge. Et s'il avait tué Martha ?
Au manoir, les habitants s'interrogent et s'épient :
Madame Hélène Bergeron-Joussard, 80 ans bientôt, la matriarche. Sacrément manipulatrice, un brin perverse et plutôt sarcastique : elle va réunir au manoir, à l'occasion de son 80ème anniversaire, tout son petit monde... annonce testamentaire oblige ! Mais voilà... un jour avant le jour J, Martha est morte... et la fête est un peu compromise, malgré le peu d'importance que la vieille dame accorde à la disparition d'une pauvre domestique. Alors, on s'interroge sur l'ïle : quelques années auparavant, Aurore, la petite fille de Martha a été retrouvée morte noyée dans une crique. Mort naturelle ?
Philippe, le gendre, qui trouve dans la grange une pièce à conviction qu'il garde secrètement. Il est oncle et parrain par choix et par tendresse de Loris, jeune athlète, un tantinet prétentieux, d'un naturel moqueur, amoureux de la jolie Guenièvre, dont il est aimé en retour, bel éphèbe à qui tout sourit. Loris, petit-fils et préféré de la duègne, avec laquelle il se complaît à railler le reste du monde (enfin presque), sous les encouragements du personnage le plus coloré du manoir, Picpus le perroquet.
Et puis Marie-Albine, artiste-peintre, mère de Loris, qui a abandonné le manoir à la naissance de ce dernier.
Et encore l'abbé Férimont, terriblement angoissé par un secret ancestral que cette vieille folle de Martha lui avait demandé de ne jamais dévoiler.
Et aussi le jeune Gontran, pupille de l'abbé, plutôt rustre, quelque peu benêt, amoureux de Guenièvre, qui nourrit une jalousie féroce à l'égard du beau Loris.
Et peu après, Gianni Braccioni, le bellâtre corse, fiancé à la petite fille du manoir, flagorneur, hypocrite, intéressé par l'héritage de la vieille...
et bien d'autres encore.
Le lieutenant Pierre-Salomon Girardin (PSG pour la galerie), être respectable, antipathique et invivable à souhait, va arriver sur les lieux pour élucider ce mystère. Il va mener la vie dure au jeune novice dont l'ont affublé les "haut-placés", le gendarme Dupré, qui lui n'est pas d'humeur à se laisser malmener.
Un fond de paysage et une ambiance à la Conan Doyle, une construction du suspense à la Agatha Christie, une panoplie de personnages humains à souhait, entretenant des relations tantôt fusionnelles, tantôt haineuses, voire destructrices, le tout s'entremêlant, un moment tapi dans l'ombre et rebondissant sans cesse pour enfin découvrir, à la presque toute dernière page, le secret de l'intrigue.
Non, on ne se trouve pas sur l'île des bisounours... pourtant, pas d'hémoglobine malgré les crimes, pas de noirceur malgré les relations troubles et manipulatrices, mais du rythme, de l'émotion, des personnages hauts en couleur, une intrigue bien ficelée et menée à en perdre haleine. Beaucoup d'humour, de la poésie, des dialogues qu'on pourrait mettre en scène, un très belle plume enfin qui laisse la place à l'imaginaire de son lecteur.
J'ai découvert ce roman policier au hasard, sur l'étal de mon libraire. Fan d'Agatha Christie et d'intrigues policières qui ne relèvent pas du thriller psychologique, j'ai été séduite par cet auteur. Le livre est préfacé par le comédien et chanteur Marc Lavoine, ancien élève de 4ème de Gérard Cadet : il nous le présente de façon très émouvante comme un professeur et un guide d'exception, initiateur de son ouverture à l'art littéraire et au théâtre.
La lecture de ce roman m'a offert un très bon moment de détente et d'évasion ; j'ai eu immédiatement envie de lire la suite (maintenant parue, sous le titre "Envole-toi, gerfaut !").
Un clin d'oeil au titre du roman (vers de Baudelaire tiré de la Cloche Fêlée des Fleurs du Mal), véritable reflet de l'atmosphère régnant sur l'Île...
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