Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !
Teresa est issue d'une famille pauvre, qui subsistait grâce à une mère aimante n'hésitant pas à fouiller les décharges pour compléter un maigre salaire de femme de ménage en revendant des objets à un brocanteur. À l'âge de sept ans sa vie fut transformée lorsqu'un violon – magique pour elle – se retrouva entre ses mains.
Anna est la fille d'une famille riche, à qui il a manqué un père et l'amour de sa mère. Contrairement à Teresa, elle n'a eu aucun problème pour suivre des cours de musique et devenir une artiste reconnue à la virtuosité inégalable.
Maria a grandi dans une famille andalouse où le chant et la tradition orale étaient très présents. Au service de Monsieur Karl, un chef d'orchestre ayant fui la RDA pour se réfugier à Barcelone, elle a découvert la musique classique, et s'est initié à la pratique du violon auprès de son employeur qui a décelé chez elle une oreille impressionnante.
En début de récit, Mark, le fils de Karl, s'apprête à diriger un concert dans lequel doit être joué le concerto pour deux violons de Bach tant aimé de son père décédé dix ans auparavant, avec les deux solistes qui l'avaient interprété juste avant la mort du maestro.
La narration chorale fait revivre le temps d'un concert les souvenirs de Mark, Teresa, Anna, et Maria, avec comme liens entre tous les récits : Karl, un violon, Bach, et la musique en général.
Le lecteur découvre au fil des pages des personnages aux personnalités bien marquées influençant leur approche de la musique et leur manière de jouer. Karl lui-même essaye de faire cohabiter le trop-plein d'âme de Teresa et la technique plus froide d'Anna, tout en appréciant la fraîcheur de Maria lorsqu'elle joue de petites œuvres sans prétention.
J'ai apprécié ce roman qui parle évidemment beaucoup de musique, mais j'aurais aimé m'imprégner encore plus de cette musique au travers des témoignages des divers narrateurs. Il m'a juste manqué quelques envolées lyriques magnifiant le concerto pour deux violons de Bach.
A Berlin, Mark s'apprête à diriger un concert en hommage à son père, le chef d'orchestre Karl T. Il a réuni les mêmes musiciens que lors de la dernière tournée de Karl, il y a dix ans de cela. Ainsi, Anna et Teresa sont aux violons, malgré un antagonisme aussi tenace qu'ancien. Anna exhibe son précieux Stainer devant sa rivale qui reste de glace, Mark est nerveux et, dans la salle, Maria les observe. Invitée par le chef d'orchestre, elle a fait le déplacement depuis Barcelone bien que l'âge avançant, sa santé est déclinante.
Quatre personnages réunis autour d'un violon, d'un maestro disparu et, par-dessus tout, unis par la musique.
Teresa, enfant pauvre d'une couturière à domicile voit son destin se modifier quand elle trouve un Stainer abandonné dans une décharge. Elle a huit ans et décide qu'elle sera violoniste.
Anna, elle, est une privilégiée. L'argent ne manque pas, c'est l'amour qui fait défaut. Mal aimée puis abandonnée par sa mère, elle a commencé les cours de violon contrainte et forcée.
Maria, née dans une famille de musiciens andalous, n'imaginait pas un jour s'approcher du violon ou de la musique classique. Employée de maison chez Karl T., elle va vivre durant quarante années dans le culte du grand homme qui l'a initiée à l'instrument.
Mark a grandi à Berlin Est et ce n'est qu'à la chute du mur qu'il a pu rejoindre son père à Barcelone. Violoncelliste de formation, il a repris le flambeau de la direction d'orchestre à la mort de Karl.
Ces quatre voix vont se mêler pour raconter leurs destins croisés. Amour et haine, jalousie et luttes de pouvoir, musique et silence pour des personnages forts, à la psychologie finement décrite dans un roman où le feu couve sous la glace. L'amour est au coeur de l'intrigue - amour de la musique, amour maternel, amour pour un homme - un sentiment qui fait grandir mais qui peut aussi anéantir... Une très belle réussite de Blanca BUSQUETS qui signe là un roman envoûtant où derrière une froideur étudiée se cache le feu des passions humaines. Un coup de coeur.
La musique est le langage de l'âme. Elle nous est vitale, indispensable. La musique nous relie au chant du monde, et nous transcende.
La grande romancière catalane Blanca Busquets a eu l'excellente idée de dédier son roman «Un coeur en silence» à l'amour de la musique. Les mots deviennent mélodie, et nous sommes envoûtés par leur beauté, leur intensité. A Berlin, alors qu'un concert en hommage à Karl T. (chef d'orchestre virtuose décédé dix ans auparavant) est sur le point de commencer, la présence d'une femme rend nerveux certains membres de l'orchestre. Qui est cette femme ? Que fait-elle ici ? Quatre voix répondent aux questions. Teresa, Anna, Maria et Mark se souviennent. À travers leurs récits, les liens se dévoilent : relations d'amour et de haine, de filiation et d'abandon et, au-delà de tout, leur passion commune, parfois destructrice, pour la musique. Les quatre destins sont marqués par un même musicien et par son violon (un précieux Stainer disparu depuis longtemps). À qui Karl a-t-il légué ce joyau ? Des années plus tard, ce dernier concert explose la vérité.
Le célèbre luthier autrichien Jakobus Stainer revit dans le roman, grâce à la beauté indicible de ses violons magiques (et hors de prix). Au centre de la vie, les contraires s'épousent. L'ombre nourrit la lumière et rayonne invisiblement. Nous devenons luthiers. Nous servons la musique de l'âme et découvrons les secrets essentiels, protégés par les livres de nos vies. Oui les écrivains, les écrivaines sont de fabuleux chefs d'orchestre. Nous les applaudissons à en pleurer.
Ce roman est sublime, un bijou à l'état pur. Il ne vous donnera pas tout et tout de suite, mais il saura vous intriguer, vous passionner et vous émouvoir profondément. Énigmatique, l'intrigue tourne autour d'un violon d'exception, de son histoire et de celle de ses propriétaires.
C'est l'hommage autour d'un homme, illustre musicien qui marqua les coeurs et les esprits. Teresa, Anna, Maria et Mark sont là pour en témoigner et lui rendre hommage. Leurs destins se croisent, s'entremêlent avec affect ou pudeur. Ces hommes, Ces femmes sont certes des virtuoses en musique, mais se révèlent être de piètres acteurs en matière de psychologie ou de communication. Douleurs, zones d'ombres, incompréhensions, vilaines rancoeurs sont autant de démons à exorciser.
Un récit troublant sublimé par la musique, on se laisse guider aveuglément et happer par ce tourbillon de sentiments. La mise en scène est habile, l'écriture suave. De fil en aiguille, on comprend la nature des liens, les enjeux et les silences étouffants.
Amour, haine, témoins des âmes blessées : les coeurs saignent de ne pas avoir su se parler. Touchée par le génie des mots, chamboulée à l'extrême, je vous laisse plonger dans ce spectacle grandiose et mélomane de la vie.
A ne manquer, sous aucun prétexte !
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