"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a des chroniques que vous mettez du temps à écrire, vous ? Le livre est fini, mais vous n’y arrivez pas !? ça ne vient pas !?
C’est ce qui m’est arrivé avec « Iris, deux fois »… Ce roman graphique ne manque pas de charme, loin de là mais il m’a laissé déconcerté…ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.
Car le trouble est voulu, cherché, entretenu par une histoire double…par 2 personnages féminins opposés, que tout diffère…et qui pourtant sont si proches… à moins que ce ne soit qu’un cauchemar… Iris a l’impression de vivre une autre vie dans son sommeil… entre la vie brillante et successful le jour et celle cloîtrée, douloureuse la nuit.
De l importance des choix que l’on fait, entre confusion, tentation de la folie et dédoublement de la personnalité, le lecteur navigue dans un scénario subtil de Anne-Laure et bien éclairé par les dessins de Naomi. 2 sœurs, voilà de quoi alimenter la question de la personnalité, de l’identité…
Un one-shot intrigant et prenant, un album digne d’intérêt, une réflexion profonde sur les chemins qu’on emprunte, sur ce qu’ils font de nous…
Iris, deux fois de Anne-Laure Reboul (scénario) et Naomi Reboul (dessin et couleur) est un roman graphique qui vous transporte dans un monde où réalité et rêves, à moins que ce ne soient des cauchemars, s’entrecroisent au point de ne plus savoir si le rêve rejoint la réalité ou si la réalité est un rêve.
Deux femmes, deux vies, deux univers diamétralement opposés.
Iris est l’archétype de la Parisienne telle qu’on se l’imagine, brillante, cultivée, lettrée mais également belle et heureuse en amour. Quand à ce tableau idyllique, s’ajoute l’obtention du Prix Renaudot pour le roman qu’elle vient de publier, alors la vie de cette femme ne peut être que belle.
Mais la nuit venue, Iris est une autre, une Osiris qui aurait suivit une trajectoire différente de la sienne, puisque marié à un homme alcoolique, maman d’un enfant en grande difficulté et exerçant le métier de vendeuse en grande surface, qui ne la passionne guère.
C’est alors la vie et l’équilibre d’Iris qui est en jeu. Comment vivre doublement sans perdre la raison et sans se perdre dans une vie qui n’est pas la sienne ?
Le scénario d’Anna-Laure Reboul est judicieusement construit de manière à nous perdre dans les vies de ces deux femmes et de nous faire douter de la véracité de l’une ou/et de l’autre.
Les dessins de Naomi Reboul sont d’une beauté sobre avec un trait fin et subtil ainsi qu’une colorisation à l’aquarelle. Les paysages de bord de mer, entre autres, sont simplement magnifiques.
Un album dans lequel on se plonge et dont on ne peut ressortir, qu’une fois la dernière page tournée, avec une envie irrépressible de reprendre cette lecture pour vérifier si des indices n’étaient pas passés hors de ma vue.
Un très beau cadeau que vous fait la vie, à moins que cette vie ait un prénom.
Chronique précédemment publiée sur le blog www.sambabd.be
Je vous avoue que j’ai un gros souci avec le résumé de l’éditeur. On nous parle de « multinationales » qui « produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens » et on y conclue que « l’appropriation du vivant par des sociétés privées » est la cause des ennuis judiciaires de l’héroïne parce qu’elle a cultivé sa propre tomate. Or, à moins d’avoir mal lu, rien ne permet d’arriver à cette conclusion. Dans La tomate, On ne parle jamais de multinationales et le thème, aussi intéressant et essentiel soit-il, de l’appropriation du vivant à travers les brevets ou autres législations lobbyfiées n’est pas du tout abordé. Personnellement, j’avais cru comprendre que la raison la plus probable pour laquelle Anne Brejinski se retrouvait dans le box des accusés, bien que jamais réellement précisée, était le danger de contamination biologique qu’elle avait fait potentiellement courir à l’ensemble de cette société aseptisée en faisant tout simplement pousser une tomate chez elle, dans un pot de terre.
Pour le reste, même si le sujet (multinationales ou pas…) d’une société aussi réglementée et contrôlée est très intéressant et, dans l’ensemble, très bien traité, je trouve le scénario un peu plat. Procès, Flashbacks, procès, flashbacks, jugement, The End ! Bon, je dis ça, je suis peut-être un peu sévère car tout cela n’est évidemment qu’un prétexte pour nous présenter les dangers de cette société froide où tout est ultra-contrôlé (jusqu’aux esprits !), où la ségrégation règne entre les classes sociales, où la consommation d’eau est drastiquement régulée et où l’on « retranche » tout ce qui est considéré comme impur (Anne Bréjinski est d’ailleurs épuratrice de métier, ce qui me conforte dans ma théorie de contamination biologique à la tomate…). Au passage les auteurs relativisent un peu la perception de l’art avec l’épuration d’un tableau assez connu.
Côté dessin, c’est à la fois beau et sobre, froid et limpide. Bref, c’est en accord avec le sujet et notamment la perfection recherchée par cette société future. Les choix de découpages et de cadrages sont très cinématographiques et l’on ne peut s’empêcher de penser à une (future) adaptation filmée. Les décors sont minimalistes ce qui rend le tout très impersonnel et crédible à la fois. Certes, le lieu de l’action est dévoilé par la présence d’une Tour Eiffel en ruine mais c’est à peu près la seule indication géographique que l’on a (avec le fameux tableau trouvé dans la rue suite à un affaissement…).
Au final, une BD intéressante au dessin très classe mais dont je regrette un poil la linéarité et la simplicité du scénario.
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