8 nouvelles tendues au fil desquelles les héros plutôt mal en point déroulent le fil de leur vie en route vers l'enfer.
Premier recueil de l'auteur, il met en scène des personnages rescapés de l'enfer qui tels des papillons de nuit autour d'un réverbère se débattent avec leur vie. Comme dans « le diable, tout le temps » de Pollock, les hommes et femmes qui peuplent ces récits sont enchaînés aux mêmes malédictions, des châtiments quasi-bibliques qui ne cessent de s'abattre sur Krafton , ville fictive de l'Amérique profonde.
Avec un réalisme brutal façon découpage à la serpe l'auteur décrit la vie d'hommes rudes et impitoyable, rongés par leur passé, leur culpabilité, leur soif de rédemption. « Dieu » ou du moins la religion et ses concepts est un personnage récurrent lui aussi. Il est partout, à la fois excuse pour les meurtriers de petite fille ou ultime espoir d'un pardon.
Et pour planter le décor, imaginez vous des vieilles baraques déglinguées et branlantes, poussiéreuses, une église baptiste qui ressemble à une grange équipée d'une haut cloché blanc, quelques néons, des bars et un bowling prêt à partir en fumée. Dans les rues des pick-up fatigués, des chiens errants et pas mal d'enfants perdus. Aux alentours, des champs de maïs.
Alors ici plus qu'ailleurs, un brave fermier fait, par accident, rouler son tracteur sur son fils, et perd les pédales. Un adolescent aide son père à maquiller son crime, des types reviennent à tout jamais brisés par la guerre. Une femme, shérif de son état qui apparaît à plusieurs reprises est élue à son poste par hasard et décide de prendre son rôle au sérieux et applique une justice un peu personnelle. Alors, discrètement elle pratique la loi du « Talion » en sacrifiant sa conscience pour apporter un peu de lumière à ses concitoyens. Et une autre femme rendue folle de douleur après le meurtre violent de sa mère et qui tente de trouver un autre chemin en traçant un labyrinthe dans son champ de maïs symbole d'un monde égaré.
Des nouvelles tristes, dures mais soutenue par une belle écriture réaliste et poétique à la fois. Des récits bien maîtrisés qu'il faut lire d'un souffle pour profiter de l'unité crée par l'ensemble et pour éviter de perdre son moral en route.
Evidemment la lecture de "Volt", ne vous mettra pas en joie ! Ou alors, la joie d'avoir découvert une nouvelle voix talentueuse venue d'outre Atlantique, un écrivain, un vrai qui, en quelques mots vous dresse un univers,vous y enferme et ne vous lâche plus. Ces nouvelles, toutes prenantes, avec une mention particulière pour la première "Train de marchandises", époustouflante, semblent laisser penser que l'on n'a pas fini d'entendre parler d'Alan Heathcock...
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