Nicolas Koch dans Un fruit amer aux éditions De Saxus, nous fait pénétrer dans l’intérieur de cette organisation secrète. Une fiction très documentée sur cette période de l’histoire des Etats Unis en pleine ségrégation raciale.
Deux membres du Cercle livresque Regine B et Yves Montmartin nous font découvrir ce livre à travers leur chronique.
L'avis de Regine B
1963, nous sommes en Alabama dans le comté Woodlbridge, où la ségrégation règne sous la coupe du Ku Klux Klan. Un assassinat va troubler l'ordre public. Meredith, 19 ans, fille d'un puissant entrepreneur blanc membre du Ku Klux Klan est découverte sauvagement assassinée.
Très opposée à son père, elle défendait les droits des noirs. L'histoire débute par la copie d'une lettre envoyée au FBI dans laquelle elle se disait être en danger. Une seconde lettre du même type parvient à Wesley un journaliste (peu apprécié de sa direction) du canard local qui va se mêler à l'enquête flairant aussitôt un bon sujet pour son article.
Le criminel est alors facilement identifié par la police local (blanche) en la personne de Aaron son petit ami noir rencontré au cours d'une manifestation. L’enquête arrangée et convenue est menée par un shérif proche du KKK ; celui-ci efface des preuves pouvant disculper Aaron. Mais l'arrivée de Dwayne Olsen, un agent fédéral envoyé par Washington, va lentement changer la donne.
Nous voilà plongés dans les années Martin Luther King et Kennedy, une période où les membres de Ku Klux Klan, organisation négationniste secrète, agissent dans l'ombre et le plus grand secret en menant des actions contre les noirs.
Nicolas Koch révèle l’intérieur de cette puissante organisation secrète. Une fiction parfaitement documentée pour relater des faits historiques réels.
On découvre alors au fil de l'enquête le rôle des personnes publiques pro racistes et hautement manipulatrices : notables, police utilisant sans se mouiller des petites frappes pour commettre des crimes.
C’est aussi un ouvrage très documenté à la fois sur le Ku Klux Klan et sur les mouvements noirs menés par Martin Luther King.
Très vite je me suis attachée au sort du jeune Aaron, espérant qu'il trouve une issue mais l'auteur ne lui laisse aucune chance de survie. L'intrigue est décrite avec une parfaite maîtrise du suspens. On suit avec conviction le parcours de Dwayne Olsen qui mène une enquête au péril de sa vie. On peste et s’horrifie face aux agissements des membres du KKK et des petites gens qu'ils emploient à l'encontre des noirs.
Un fruit amer est bien plus qu'une fiction aux accents historiques, elle rappelle au lecteur une période bien sombre de l’histoire des Etats-Unis mais surtout de la vie tourmentée des personnes de couleur.
© Regine B
L'avis d' Yves
La jeune femme est retrouvée tabassée, violée et abandonnée morte comme un pantin désarticulé. Ce qu’elle avait subi dépassait l’entendement, on s’était acharné sur elle, qu’avait-elle fait pour mériter tout cela ? Même si elle était loin de partager les valeurs de son père à la tête de la plus grosse entreprise du comté. Nous sommes en Alabama en 1963, là où naître trop noir sur une terre trop blanche est déjà un crime. Un roman réaliste qui évoque le racisme et la ségrégation raciale dans les états du sud de l’Amérique des années 60. Le Klan s’est reformé, le ver s’est réintroduit dans la pomme pour la faire pourrir de l’intérieur. Mais le jeu des groupes suprémacistes est plus subtil, refusant la violence directe, mais menant dans l’ombre des actions pour empêcher les noirs d’avoir un bon boulot, un prêt dans une banque ou accéder à une grande école.
« C’était dans l’ordre des choses. Les Noirs bossent pour les Blancs. Pourquoi remettre en cause la volonté divine ? C’était écrit dans la Bible, à ce qu’on avait raconté à Michaël. »
Nicolas Koch introduit habilement l’évènement, qui comme une étincelle va engendrer un incendie incontrôlable. Les loups vont ressortir du bois, la partie de chasse est ouverte.
« Aujourd’hui, le KKK n’était plus qu’une somme de groupuscules épars. Un serpent coupé, mais peut-être plus dangereux encore, chaque morceau était venimeux. »
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur, les dialogues percutants sonnent juste, les scènes sont parfois dures, mais collent au climat ambiant. Le rythme est toujours le même, aucune longueur, l’écriture est presque visuelle, j’ai eu l’impression de regarder un film.
Nicolas Koch nous fait pénétrer à l’intérieur de cette organisation secrète, il décrit parfaitement le rôle de chacun, les notables, la police, les Américains moyens qui vivotent, certains mènent le combat, d’autres ne sont que des petites frappes, d’autres ferment les yeux pour protéger leurs intérêts. C’est aussi un ouvrage très documenté à la fois sur le Ku Klux Klan et sur les mouvements noirs portés par Martin Luther King.
Je remercie infiniment les éditions de Saxus et lecteurs.com fondation orange pour cette belle découverte.
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Le racisme un sujet qui ne devrais pas être un livre a decouvrir par le parcours difficile pour ses gens qui on beaucoup de mal à s intégrer dans notre société , un sujet très personnel
Bonjour, merci pour ces deux avis. J'ai extrêmement envie de lire cette fiction qui se passe sur un fond historique. Ça devrait être assez puissant.