"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Cette guerre comment l'écrire ? » Les mots par lesquels s'ouvre Warglyphes en disent long sur les intentions de Perrine Le Querrec. Face à la sidération dans laquelle nous plonge la guerre, face aux silences de l'Histoire et à la tentation de l'oubli, l'écrivaine tente de décoder le langage de la guerre. Elle analyse sa grammaire, scrute ses manifestations, inventorie ses formes, parcourt son atlas, et déchiffre une partition que la folie meurtrière des hommes interprète avec d'infinies variations. Si les décors et les acteurs changent, le scénario de cette tragédie constamment répétée est presque toujours le même : agression, chaos, exil, ruines, reconstruction. Et l'on sent, parcourant ces pages, qu'il est illusoire de vouloir changer le monde si l'on se montre incapable de le comprendre. Un livre nécessaire à notre temps.
Certains textes en brodent de nouveaux_répondre à Warglyphes de Perrine le Querrec qui comme toujours a l'humanité au couteau, sensible et fort
et la mémoire suinte et les guerres s'assemblent
trahison
et certains jours les oiseaux trillent
d'autres défigurent les obus
les sexes transpercent
armes de corps
de poing
de langues
la brutalité sans printemps
à l'horizontal mort
à la verticale guerrière
cassé les os putrides
lambeaux
et ca ne dit pas vraiment pourtant
on cherche dans les fosses des tas d'humains en bouillie
attendent qu'on parle d'eux
je transmets dit la voix
Napoléon en symbole de gloire écrasée sous
les sabots de ceux
qui souffrent tu pleures ?
tu dois continuer de dire
les entrailles vrac
et la petite robe à fleurs de tourner tourner tourner
la guerre même sans bruit dans les tas au sol dans le froid
tu n'y crois pas ? observe et dit
Marilyn pose plein sourire dans l'usine d'armement
se défendre dit l'idée
contre quoi ? on a le droit ? qui ?
des pierres des tondeuses et de la salive dans les yeux
un défilé de langues mortes
en dedans en désordre des naissances réitèrent
ça continue t'entends ?
alors quoi ?
les corps face aux flammes
nous sommes les petites filles de survivantes
la peur attire l'espoir de grimper
et les ventres gras et les ventres mous de prendre les bonnes décisions
pour la nation
c'est facile
un colis abandonné souhaite son anniversaire à l'orphelin
il croira au vertu du conflit et la mort aux oreilles de dire encore
le dépeçage sans abri
« les vies inutiles » à broyer à payer à consommer
je te mutile tu m'échappes
à la surface un rictus s'en balance
je suis l'absence et le désagrément la lutte et l'onguent
tu existes si je te passe en bouche
il faut ruser pour le souvenir
il faut prier pour l'inconfort
silence on tue on dézingue et on désosse
bruit on oublie pas on considère
et l'enfant court sous la brûlure et je tais le gras et je caresse le tortueux
pour dire le devenir des monuments en insomnie qui crépitent l'enfance
ça existe et l'honneur de sangloter
plus plus plus plus de corps de tas de bouches de manque
et saisir ce qui compte
se souvenir
la terre rouge et les machettes les vagins troués et les enfants repeuplement
se souvenir
les dents brillent au ciel partagé
se souvenir et lister
se souvenir et pleurer
se souvenir et lutter
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