Toujours sous la présidence d’Erik Orsenna, écrivain et membre de l’Académie française, le nouveau jury de l’édition est, comme chaque année, constitué d’auteurs, de libraires et de lecteurs, soit 14 membres au total. Le jury devra d’abord sélectionner 30 livres parmi les ouvrages de fiction écrits en français et publiés entre le 1er janvier et le 31 mars 2015, puis, lors d’une deuxième réunion, sélectionner 5 finalistes qui seront soumis aux votes des internautes.
D'abord, la narratrice nous raconte des étrangers, Albert Dadas, premier touriste obsessionnel de l'histoire, Samia Yusuf Omar, jeune sportive disparue tragiquement et prématurément, avant de se lancer à l'assaut de son histoire, de ces voyageurs qui ont ponctué sa famille. C'est alors que l'on rencontre Sun, Buffle, Hoai, Thinh, le père de la narratrice et bien d'autres personnages encore, tous hauts en couleur, tous meurtris, tous brisés, tous plein d'espoir.
Voyageur malgré lui nous enivre par son écriture envoûtante et émouvante. On y découvre des histoires qui ressemblent à s'y méprendre à des contes même si la véracité des évènements achève de nous remettre les pieds sur terre. Certains passages sont douloureux, d'autres rêveurs. J'aime la poésie chantante de ce conte. Minh Tran Huy nous emmène sur les traces de la famille de Line, la narratrice, du Vietnam à Paris, de Paris au Vietnam au travers de personnages attachants et d'une profondeur admirable. Parfois, on a envie de pleurer, moins souvent de rire mais la poésie de l'écriture de l'auteure nous invite souvent à voir la beauté des choses, des gens, des évènements. Le tragique est là, bien là. Souvent, c'est un drame que nous lisons, une injustice de l'histoire et parfois, c'est un espoir. Celui de pouvoir témoigner pour que tous ces êtres aux importances si diverses ne soient pas nés et morts dans l'oubli. La relation entre le père et sa fille est comme l'écriture : douce, ponctuée de silence, éperdue d'amour. On entre dans une intimité si profonde des personnages qu'on en oublie que c'est un livre que nous lisons. Les paysages s'affichent devant nous, les évènements s'enchaînent, on sursaute à la découverte de Buffle par l'armée, on a le cœur qui se serre pour ce petit garçon, pour ce petit garçon devenu homme puis contraint de redevenir enfant. Les destins sont tragiques, tout est une question de temps. Quand la mer prend un enfant, on hurle à l'injustice, quand on plonge au cœur de la guerre du Vietnam, on hurle à l'horreur. Roman d'émotions, c'est sans doute une de mes plus belles découvertes de l'année. L'écriture est pudique et puissante, certains passages sont véritablement bouleversants.
Chronique :
Ce roman est vraiment révélateur et plein de ressources. Durant la première partie que j'ai dévorée, la romancière excelle à nous faire partager les émotions ressenties par la narratrice Line, et les souvenirs liés à son père. J’apprécie le rythme, la description de tous les personnages que l’on découvre dans cette première partie. J’ai donc voyagé à différentes époques et à travers différents personnages et lieux.
La 2ème partie de ce roman Retours a été plus difficile à lire pour moi car la richesse des propos et la vie du père de Line Hung est révélée avec le vécu lors de la Guerre du Vietnam. Le changement d'écriture en italique m'a fait penser à une lettre mais c'est une cassette. Il parle de l'exil en France, un dépaysement total, avec plus de détails et de développements qui m'ont conduite à prendre beaucoup de notes. J'ai en effet été un peu perdue entre le passé et le présent pour retracer l'histoire. Le livre court de surprises en émotions, je ne suis pas passée loin des larmes et j'ai éprouvé beaucoup de tendresse vis à vis de Line en raison de son passé. Ce livre m’a beaucoup appris sur l'histoire du Vietnam.