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Une mauvaise herbe entre deux plaques de bitume. Le soleil printanier chauffant les pommettes. Une voiture brûlée dans un décor intact. Une maison en cours de réfection. Le lit d'une rivière redessinant ses contours. Viser une cible en plein centre. Viser une cible à côté. Marcher dans l'eau. S'entendre raconter une vie qui n'est pas la sienne. Être tenté de l'essayer pour voir ce qu'elle a de si désirable. Prendre une photo qui ne parlera qu'à soi. Attendre. Déblayer un chemin. Trouver une clairière. S'asseoir. Choisir sa route. La tension dans les muscles. Faire la course. Distinguer les couleurs. Trouver une personne belle. Le lui dire. S'installer près de l'eau. Écouter les histoires. Prendre le visage des autres. Se glisser dans leur peau. Vivance.
Lu dans le cadre du Prix Horizon qui récompense une deuxième roman.
J'avoue que le début du roman est déstabilisant, j'ai cherché à comprendre où l'auteur voulait nous mener, une écriture particulière sans paragraphe. Des phrases courtes, certaines sans verbe. Le narrateur anonyme décrit les choses de la vie, ses perceptions comme s'il se parlait à lui-même en décrivant son quotidien. Très vite j'ai été prise par la musique de l'écriture, sa poésie et j'ai adhéré au récit que j'ai au final beaucoup aimé.
Le narrateur repeint sa maison, pas comme tout le monde non !, avec un petit pinceau. Etrange, vous ne trouvez pas ? En fait il a le temps, il prend son temps dans une vie contemplative, Renata l'a quitté, il lui reste Cassius son chat et puis Denis son ancien voisin lui rend visite. La vie passe lentement, jusqu'au jour où il y a des inondations dans la vallée, Cassius disparaît, il doit le retrouver, il enfourche "Séville" - c'est le nom de son vélo - pour partir à sa recherche et sillonne les chemins en oubliant qu'il le cherche.
Il va sillonner la plaine, la vallée et la montagne, un peu comme les hauts et les bas de la vie sur sa bicyclette. Il nous décrit sa fuite, son errance, les rencontres, tout et puis Etienne chez qui on ne sait pourquoi il s'est arrêté. Dans son road-trip cycliste il nous décrit les choses de la vie, ce qu'il voit; les paysages, les lieux, les terrasses de café, ses rencontres, le quotidien...
C'est l'histoire d'une fuite pour tromper l'ennui mais aussi d'une solitude, de la façon d'être au monde. Un récit qui contient beaucoup d'humanité. L'écriture désarçonne au début mais elle a quelque chose de puissant, poétique, pas de dialogues mais le sentiment d'entendre l'oralité dans ce monologue intérieur.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Jamais je n’avais entendu parler de l’eau en ces termes. L’eau n’avait jamais été autre chose que celle que l’on met en bouteille, celle qu’on se passe à table, celle dont on règle la température avant d’entrer dans la douche, celle dans laquelle on se baigne. Elle est bonne l’eau ?, un peu fraîche au début mais une fois que t’es dedans tu t’habitues. Cette fois j’ai entendu des phrases comme l’eau arrive, tu ne peux pas aller là-bas, il y a l’eau qui barre la route, l’eau est entrée dans la résidence, l’eau a empêché mon mari de garer la voiture dans la cour. Cette eau je ne la connaissais pas. Elle décide. Elle dispose. Emporte tout, et laisse sa trace.
Dans la nature le meurtre est légitime. La culpabilité n'existe pas. La cruauté, il ajoute, non plus.
Pour ça qu'il a aimé toute sa vie? Toute sa vie de vivant, il dit. Depuis qu'il n'a plus personne à aimer il a perdu le fil de son existence.
Au final peu importe comment qu'on le voit, ce qui compte c'est qu'on soit d'accord sur le terme, celui qu'on a tous appris. Ça nous fait croire qu'on voit tous pareil, et même qu'on a des outils pour le vérifier.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/05/vivance-david-lopez.html
Si je ne le lisais pas dans le cadre d'un jury de lecteurs, j'aurais laissé tombé après 20 pages...
Que de temps perdu et d'arbres abattus pour un livre d'une totale vacuité !
À oublier de toute urgence.
Il est des balades qui tombent à pic. Pour notre narrateur, une inondation et un chat porté disparu ne sont qu’éléments déclencheurs pour enfourcher un vélo et parcourir la France. Les lieux et les rencontres se multiplient faisant éclore la Vivance. Terme utilisé en sophrologie, désignant la rencontre entre le corps et l’esprit.
« C’est tout mon corps qui est absent, le sol se dérobe et j’en viens à douter d’être assis. Epuisé de sensations. Impressions seulement. Et si je n’avais toujours eu que ça, des impressions. La plus prégnante en ce moment est celle de la vitesse, moi immobile au milieu d’un décor qui file à toute allure, ou attaché à une roue qui tourne de plus en plus vite. Ça pourrait aussi être une chute. »
Vivance est l’errance du narrateur dans son quotidien. Perdant ses repères avec un passé qui le poursuit, il tente tout pour être en symbiose avec sa conscience. Les rencontres, les éléments, les émotions sont passés au crible dans des longueurs de description. Une narration suffocante, sans dialogues. Je ne suis pas parvenue à entrer dans la réflexion de l’auteur. Le rythme étant trop lent et le contenu dense. Une lecture où il faut prendre le temps de se poser pour en capter le moindre détail. Chose impossible pour moi en ce moment ! Peut-être que je remonterai sur ce vélo plus tard…
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/11/14/39703648.html
Éditions Seuil
Quand on partait de bon matin Quand on partait sur les chemins À bicyclette…
Le titre annonce que l’auteur vous emmène dans une balade de sophronisation.
Le narrateur a des difficultés à accepter la rupture imposée par sa compagne.
Cycles, chaque vie vous fait vivre plusieurs périodes et tous ne l’acceptent pas, la routine peut être rassurante, apaisante. Alors notre narrateur n’est pas véritablement armé pour l’affrontement.
Cyclone est cette rupture qu’il n’a pas vue venir. Au début il patiente en repeignant sa maison par petits coups de pinceaux, il étire le temps en espérant un retour, sous l’œil paresseux du chat.
Cyclothérapie, c’est le choix qu’il fera.
Selon son interlocuteur, le narrateur changera sa version des faits.
Noël est encore plus seul que lui, après une chute et ses séquelles il a sombré depuis longtemps dans l’alcool, la dépression et cela en boucle.
Denis lui est sur le point d’être papa, cultive de l’herbe, fume et attend. Le narrateur dit de lui qu’il perturbe son flux intérieur.
Alors puisqu’après la rupture il a cessé d’aller travailler, autant aller voir ailleurs à vélo, pour l’effort et la liberté.
L’écriture de David Lopez se fait au fil de l’eau, sans fioritures ni effets de manches.
C’est un flot de mots mouvants, comme si l’auteur faisait fi de ses lecteurs, comme s’il ne cherchait pas à capter leur attention, mais paradoxalement en s’adressant tout de mêle à eux.
« C’est toujours étrange de redescendre une pente qu’on a montée. Surtout quand on était aussi peu lucide que moi à ce moment-là. Je ne réalise pas avoir parcouru tant de distance. Je ne savais pas qu’il y avait autant de virages. Ça parait moins raide que dans mon souvenir. »
Comme les échanges possibles entre inconnus, car ne faisant que passer dans notre vie ils peuvent entendre des vérités sans juger. Il y a un laisser aller dans la parole.
C’est une lecture étrange qui vous fait passer de la plaine au vallon pour gravir la montagne, à coups de pédales.
Au fil de l’errance le narrateur se reconnecte, il vit l’instant, traversé par des riens qui sont peut-être plus importants finalement que les tranches de vie qu’il a eues en exerçant son métier, en vivant sa vie de couple.
Son corps et sa psyché sont réconciliés.
Le vagabondage hors du temps du commun des mortels est une ancre pour se sentir vivant et ça dans chaque instant.
Lu dans le cadre du Prix du Roman Fnac 2022 et toujours en lice.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/08/28/vivance-david-lopez/
Chacun cherche son chat
Pour son second roman, David Lopez quitte la banlieue pour parcourir la campagne à vélo. À la recherche d’un chat qui a disparu, son narrateur va découvrir la France des angoissés et des résignés.
Disons-le tout net, après les premières pages de ce roman, le lecteur sera un peu déboussolé. Parce qu’il n’y a pas vraiment d’histoire, parce que le narrateur entend prendre son temps et jouir de ne rien faire ou presque. Mais une fois pris par cette ambiance, alors se dévoile toute la poésie du texte et ce rythme auquel nous ne sommes plus habitués, une sorte d’écologie, de vie contemplative avec une économie de moyens, une lenteur qu’il faut apprivoiser.
Le premier chapitre nous fait faire connaissance avec le narrateur alors qu’il séjourne chez Noël, un homme qui se retrouve seul tout comme lui et qui accueille son hôte avec la seule envie d’une présence. Bien sûr, pour en arriver aux confidences ils boivent. Beaucoup. Il sera du reste beaucoup question de prendre un, puis plusieurs verres durant les pérégrinations qui vont suivre. Une autre manière de tromper l’ennui, un ennui devenu au fil des ans un mode de vie, après que Renata, avec qui il partageait sa vie, soit partie. C’est pour ça qu’il n’a pas de plan précis, qu’il accepte d’écouter les histoires de Noël même s’il n’y prête guère d’intérêt et qu’il décide de repeindre sa maison avec un pinceau qui fait à peine quelques centimètres de large. Et au fil des jours et des remarques de tous ceux qui vont lui expliquer comment aller plus vite, on comprend que son but est bien que cela dure longtemps, parce qu’une fois qu’il aura fini, il ne saura quoi faire d’autre. Alors, il peint doucement sous le regard de Cassius, son chat en fin de vie.
C’est ce dernier qui va lui faire lâcher son pinceau, parce qu’il ne revient plus de l’une des escapades. Après avoir fouillé les environs proches sans succès, il décide d’enfourcher Séville – c’est le nom qu’il a donné à son vélo – et de partir à sa recherche.
Une quête qui va vite se transformer un nouveau mode de vie qui va aller jusqu’à lui faire oublier pourquoi il voyage. Il enchaîne les kilomètres sans but précis, décidant au fil des rencontres de son itinéraire et de ses pauses. La vie comme une disponibilité de tous les instants. La Vivance.
David Lopez nous raconte la vie contemplative, mais aussi toutes ces bribes de vie que son cycliste glane au fil de ses randonnées, sorte de miroir d’une société plutôt triste. Sans aller jusqu’à vouloir, comme Noël, chercher constamment à en finir, on sent bien que le moral est loin d’être au beau fixe. La campagne de l’auteur de Fief ressemble aux toiles d’Edward Hopper, dérangeantes parce qu’on y ressent une certaine inquiétude, une attente, une mélancolie. Parce qu’on n’y croise quasiment personne. Même après avoir traversé une ville victime d’inondations, il constate qu’il n’y a là «personne pour s'appesantir, déplorer sans nuance, hurler sa rage».
https://urlz.fr/k5H9
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