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Titus Andronicus, peut-être la première de ses pièces, fut très populaire à l'époque de Shakespeare. Elle s'est maintenue plusieurs années au répertoire. Étonnant phénomène lorsqu'on se rend compte des brutalités en tout genre qui rebondissent au cours de la pièce. Une extrême violence gouverne la vie des plus hautes sphères du pouvoir romain : malgré une victoire splendide contre les Goths, il a du mal à venir à bout de ses luttes internes. Pour le public londonien de l'époque, une telle violence a dû paraître aussi exotique qu'un conte des Mille et une nuits.
Mais lorsque Botho Strauss recrée la tragédie la plus atroce de Shakespeare, elle nous paraît sous un tout autre angle. Naguère sujet de curiosité et peut-être de rejet, la violence est ici exposée en tant que telle. Elle devient le sujet même de la pièce.
L'incroyable masse d'images d'accidents, de guerres et de catastrophes que nous avons tous à engranger nous déforme chaque jour un peu plus. À partir de Shakespeare, Strauss nous interroge sur notre propre aptitude à nous émouvoir encore .
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