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Depuis quarante ans l'oeuvre de Raymond Roussel, " dressée comme une muraille à pic, lisse et n'offrant nulle prise aux mains " (Pierre Schneider), subissait les tentatives réductrices de tous ceux, de Foucault aux oulipiens, qui s'avéraient incapables de l'aborder dans sa vraie dimension. " Enigme ", " cryptographie ", recours constant au " procédé ", tout était bon pour ramener Locus Solus ou L'Etoile au front au rayon des jeux de langage, charades et rébus. On évacuait Eluard, Desnos, Apollinaire, Duchamp, Vitrac ou Breton, plaçant naguère au plus haut, face à Lautréamont ou Rimbaud, " le plus grand magnétiseur des temps modernes " (André Breton). Michel Leiris affirmera: " On n'a jamais touché d'aussi près les influences mystérieuses qui régissent la vie des hommes ".
Dans la droite ligne de ces intuitions géniales, inspirée par l'immense découverte en 1989 du " fonds Roussel " comme par une relecture profonde de l'oeuvre connue, Annie Le Brun, dans une étape nouvelle et décisive, découvre l'essentiel: Roussel est non seulement un des plus grands poètes, mais créant une poésie qui ne ressemble à aucune autre, il remet en cause la poésie même, et toute écriture. " Contraint d'inventer complètement ", s'aventurant vingt mille lieues sous les mots, là où personne n'est jamais allé, il révèle, bien au-delà des habituels enjeux de la production littéraire, l'envers du langage, dans une opiniâtre " épopée de l'impression ", quitte " à perdre dans l'aventure ce que les hommes appellent nature, sentiment, humanité et beauté ".
Nous forçant à voir en face ce qu'on voudrait tant nous cacher, le Roussel d'Annie Le Brun, non moins énigmatique mais à la fois plus haut et plus proche, n'a pas fini de défier notre aveugle modernité.
J.-J.P.
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