Des maquisards, la France en compta bon nombre en 1943, davantage encore en 1944, mais combien d'entre eux avaient douze ans comme Claude Vinci ? Ce qui frappe dans cette vie foisonnante, hétéroclite, contrastée, empruntant tour à tour les avenues triomphales et les impasses douloureuses, c'est sa rectitude. Une constante : les autres. Le souci des autres, la passion des autres. Aller à leur rencontre, leur faire don de la poésie d'Eluard, écrire pour eux des textes qui galvanisent leur révolte et conforteront leur espérance. Cet homme n'a jamais transigé sur ses principes. Il déserta après avoir vu, en Algérie, des femmes et des enfants cramés au lance-flamme.
Plus tard, et c'est assurément une autre sorte de courage, mais c'est surtout et encore du courage, il repoussera les offres mirifiques des grandes compagnies de disques qui, appréciant sa voix à sa juste valeur, font la grimace sur ses textes, jugés trop engagés. Fleuron de la chanson Rive gauche, Claude Vinci préfèrera connaître les galères d'une carrière en dents de scie plutôt que de renier sa vocation d'artiste. Rectitude encore, et toujours le souci des autres, avec un engagement syndical qui vient alourdir un emploi du temps déjà démentiel. Au bout du compte, l'inévitable infarctus et une malaventure chirurgicale qui compromettra sa carrière de chanteur. Claude Vinci a accumulé assez de bonheurs et de malheurs pour remplir dix vies ordinaires.
Extraits de la préface de Gilles
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