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Étudiants en colère attirés par le terrorisme, ouvriers séduits par le marxisme et la lutte révolutionnaire, libéraux contestataires, rêvant simplement de réformer la Russie, autorités sur la défensive, c'est dans cette atmosphère de sourde effervescence que s'ouvre le roman-fresque de Boris Jitkov, considéré par Pasternak comme « le meilleur sur la révolution de 1905 ». Sur ce fond d'agitation empreinte d'espoir, l'auteur sème ses personnages dont les destins, pleins de promesses, avorteront pour la plupart, à l'image de cette révolution manquée . À l'instar des oeuvres d'un Gogol ou d'un Zamiatine, Viktor Vavitch, sans doute un des derniers grands romans russes, est servi par une écriture qui place la langue et la poésie au-dessus de tout. Écrit entre 1929 et 1934, imprimé en 1941, l'ouvrage est jugé « inconvenant » et « inutile » par la censure stalinienne, qui ordonne qu'on l'envoie au pilon. Mais l'imprimeur en conserve quelques exemplaires : c'est donc un texte miraculeusement sauvé de l'oubli que le lecteur est invité à découvrir.
Russie, début du XXème siècle. La colère gronde de toute part, des actions prennent forme, des engagements naissent, un besoin de respirer, une envie de liberté s'élèvent doucement dans les airs.
Au début de ce roman, on découvre l'histoire des personnages principaux, de leur famille, leur statut, leur personnalité, leurs envies. C'est ainsi que chacun d'entre eux est bien campé dans nos esprits quand le mouvement prend forme, le train se met en marche, et tout explose.
Alors Boris Jitkov nous transporte au coeur de cette révolution, dans une succession d'images, de couleurs, de sentiments auxquels on ne peut rester insensibles. On a hâte de poursuivre la lecture, dans ce tourbillon d'évènements tragiques, suivant tour à tour nos héroïnes et héros au milieu de cette agitation.
Quant à Viktor Vavitch, il joue le pire des rôles, dans son beau costume, car au fil des pages il deviendra un être monstrueux.
L'écriture court au rythme du récit, haletante, ne rendant jamais le lecteur somnolent.
Un bon roman, un grand roman, qui, fort heureusement, fut sauvé de la destruction.
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