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Victor Jara ; la voix du peuple

Couverture du livre « Victor Jara ; la voix du peuple » de Maxence Emery et Josephine Onteniente aux éditions Des Ronds Dans L'o
Résumé:

Santiago, 11 septembre 1973. 14 heures, précisément. Le président socialiste Allende vient de se donner la mort d'une balle dans la tête avec son AK-47. Les putschistes viennent de réduire à néant les espoirs d'un pays et d'une gauche plurielle qui se voulait unificatrice. Le général Pinochet,... Voir plus

Santiago, 11 septembre 1973. 14 heures, précisément. Le président socialiste Allende vient de se donner la mort d'une balle dans la tête avec son AK-47. Les putschistes viennent de réduire à néant les espoirs d'un pays et d'une gauche plurielle qui se voulait unificatrice. Le général Pinochet, appelé le « traître » par le leader socialiste quelques heures avant le coup fatal, régnera d'une main de fer sur le pays pendant seize années et les stigmates de sa dictature sanglante resteront à jamais gravés dans l'esprit des Chiliens. En parallèle se joue l'avenir d'un artiste populaire non moins fameux. Son nom : Victor Jara ; son arme : une guitare. À quarante ans, le chanteur se retrouve embarqué avec de nombreux autres militants dans le Stade national et subit la torture. On retrouvera son corps criblé de balles (44, en tout) dans un terrain vague. La fin est funeste ; la vie à la hauteur de l'homme. Cette bande dessinée ambitionne de retracer la vie du chanteur, de son enfance paysanne jusqu'à sa fin tragique. Un parcours saisissant, dont elle décrit les moindres aspects, de la vie privée jusqu'à l'engagement politique. Une bande dessinée pour rétablir sa mémoire et témoigner d'une époque ou les aspirations d'un homme et d'un peuple furent renversées par le fascisme.

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Avis (1)

  • Voilà une biographie fort intéressante sur un "martyr" populaire, un homme de coeur, artiste de renom, mort de et par ses convictions politiques et son amour du peuple.

    Au-delà de la biographie, ce livre, bien que ce ne soit pas son but premier, montre les travers de l'extrémisme du...
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    Voilà une biographie fort intéressante sur un "martyr" populaire, un homme de coeur, artiste de renom, mort de et par ses convictions politiques et son amour du peuple.

    Au-delà de la biographie, ce livre, bien que ce ne soit pas son but premier, montre les travers de l'extrémisme du capitalisme et de la soif de pouvoir qui s'y associe.

    Le scénario de Maxence Emery pour "Victor Jara - La voix du peuple” :

    Maxence Emery se découvre comme un maître de l'analepse, cette fameuse figure de style pour mettre en avant des éléments passés.
    Il n'en est pas à sa première "biographie", il avait déjà réalisé en BD, dans "Printemps noir " aux éditions la boite à bulles, l'histoire de Alejandro González Raga, journaliste cubain.
    Dans Victor Jara, il nous conte la vie de cet interprète estimé et prosélyte pour défendre son idéal, ses convictions, sa doctrine, à la hauteur de ses moyens, c'est à dire les arts.
    Le scénariste ne s'attardera que légèrement sur la jeunesse du chanteur afin de nous rappeler d'où il vient, puis passera rapidement sur ses études, son passage dans les ordres religieux et dans l'armée, presque comme une ellipse narrative, car cela n'apporterait rien de plus au récit, et pour enfin s'attarder sur le processus qui le mena à son combat artistique et politique.
    L'auteur a aussi le talent de nous faire vivre la fabuleuse histoire d'amour que cet homme a vécu avec Joan, belle femme britannique, qui était à l'origine sa professeure d'expression corporelle, et qui deviendra et restera sa femme.
    On sent, à la lecture de cet ouvrage, que Maxence Emery a voulu beaucoup insister sur les émotions, les ressentis, etc.…, de la vedette. En bref sur l'aspect humain plus que sur le côté action et militantisme.
    Le découpage, quant à lui, est plutôt chargé, pouvant monter entre 10 à 12 vignettes dans les pages, mais cela se comprend en regard du nombre de choses à raconter et à mettre en scène.
    Tout une vie ne peut se résumer à quelques cases... mais les 170 planches de la BD en synthétise une bonne partie.
    En résumé, la vie de cet homme exceptionnel a été intense et remarquable.
    Elle ne fait certainement pas d'envieux, mais elle a aidé, et encore aujourd'hui avec le travail de mémoire, elle aide à essayer de ne plus répéter les travers politiques et les injustices de l'extrémisme, en alertant et en éveillant une classe populaire massive.
    Cet homme est mort pour sa bataille contre les travers d'une société corrompue.

    Le dessin de Joséphine Onteniente pour "Victor Jara - La voix du peuple” :

    Le dessin de Joséphine Onteniente n'est pas sans rappeler celui de la ligne claire façon Hergé, mais en plus simplifié.
    Il me rappelle aussi le style graphique de Thibault Lambert également auteur chez "Des ronds dans l'O".
    Le trait de l'illustratrice est épais, synthétique et figé.
    Il manque donc probablement d'un peu de fluidité, mais dans le cas d'une biographie telle que celle-ci, il fallait privilégier les émotions, les expressions, les ressentis des protagonistes et c'est une chose que la dessinatrice arrive très bien à saisir.
    Les arrière-plans sont réduits au strict minimum voire totalement absents, encore une fois pour mieux focaliser sur les personnages et leurs attitudes.
    Les couleurs choisies par l'artiste accompagnent très efficacement le jeu de flash-backs. Ainsi le rouge accompagnera systématiquement les scènes de violence du coup d'état, et la dominante bleue pour illustrer les périodes plus agréables de la vie de Victor Jara.
    Les artifices d'ombres et lumières sont simples mais bien réalisés, et les effets sont peu nombreux mais subtilement placés.
    Les perspectives peuvent paraître maladroites mais elles donnent finalement un petit charme espiègle à l'ensemble.
    Les plans sont très nombreux et passent par tous les types, du plan italien au gros plan, en passant par la vue d'ensemble, paysage etc.….
    Cela donne une impression graphique intéressante dont certaines vignettes peuvent se rapprocher d'une touche art déco, de par les contrastes de couleurs et la simplicité du trait.
    Alors certes, ce dessin ne plaira pas à tout le monde, mais il sert la cause et s'associe parfaitement au populisme dans son sens didactique (et non politique). Ce qui convient parfaitement donc au personnage sujet de la BD.

    Cette lecture a été particulièrement instructive sur la vie d'un homme simple mais battant et dont j'avoue, je ne connaissais pratiquement rien.
    Elle nous rappelle aussi un événement historique sombre du chili encore peu connu mais surtout encore très contemporain.
    Une belle leçon d'histoire et d'humanisme qui bénéficie, comme une évidence, du soutien d'Amnesty International.

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