"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelles sont les femmes qui ont inspiré à Victor Hugo les plus beaux poèmes de la littérature française ?
Sa fille Léopoldine, noyée accidentellement, sa maîtresse Juliette Drouet, qu'il abreuvera pendant cinquante ans de lettres d'amour, la romancière Léonie d'Aunet, qui fera de la prison à cause de lui, la comédienne Alice Ozy, à qui il fera une cour assidue...
Et tant d'autres...
On les retrouve aussi dans ses romans et son théâtre. Il aimait tellement les femmes qu'il sera, avant la lettre, l'un des premiers féministes, prônant déjà l'égalité entre les sexes.
C'est ce que nous raconte Christine Clerc dans un récit vivant qui restitue une époque en redonnant à ces inspiratrices de l'ombre la place qui leur revient.
Victor Hugo est sûrement l’écrivain français le plus connu mondialement. Son œuvre, immense et majestueuse, présente la caractéristique de mélanger tous les styles, dans le simple but de donner aux mots un sens, d’en explorer cette poésie et la musicalité de la langue. Hugo, plus qu’un simple écrivain, sera de ceux qui s’engagent, pour la Liberté, notamment, celle avec un grand L, et qui doit concerner chaque homme. Sa pensée évolue, d’abord conservatrice, pour glisser lentement vers un besoin et une volonté de réformer. L’auteur en arrive à avoir des positions sur certaines questions très en avance sur son époque faite d’instabilité politique. Devenu l’un des porte-paroles du romantisme, Hugo prône un retour à la vérité et la possibilité, pour les écrivains, d’être doté d’une liberté d’expression et de faire ce qui lui plaît dans son œuvre.
Ce romantisme, Hugo l’exalte dans ses poèmes et l’instille dans son théâtre : « un homme est là […] qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile » peut-on lire dans Ruy Blas, acte II, scène 2. Les sentiments sont exacerbés, ardents, ils brûlent ses personnages au plus profond d’eux-même. L’écriture de Hugo devient tantôt lyrique, tantôt épique. Il n’hésite pas, d’ailleurs, à donner aux femmes une place de choix dans ses œuvres qui sont les dignes inspiratrices de l’œuvre de Victor Hugo.
Car Victor Hugo aime les femmes, au point de prôner cette égalité des sexes et d’être l’un des premiers féministes. Il demeure entouré de femmes, en premier lieu de celle qui sera sa seule et unique épouse, Adèle Foucher, qui lui donnera cinq enfants. Et, comme au théâtre, Adèle va endosser plusieurs rôles, d’abord celui, digne d’un vaudeville, d’une épouse délaissée, abandonnée par son mari, véritable bourreau de travail, et qui ne trouvera du réconfort que dans les bras d’un ami de son mari. La romance terminée, elle deviendra la maîtresse de maison, digne et froide, ignorant celle qui sera l’amante régulière de son époux.
Cette amante, qui est un peu la seconde femme de Victor Hugo, l’accompagnera pendant plus de cinquante ans. Il lui écrira tous les jours des lettres enflammées, développant son style et son goût pour le romantisme. Elle, qui s’appelle Juliette Drouet, ne désire que deux choses : que Victor Hugo l’aime et qu’elle puisse l’aimer avec passion, avec ardeur. Ils se sont rencontrés dans les coulisses du théâtre de la Porte Saint-Martin, tandis que le plus grand succès théâtral de Victor Hugo, Lucrèce Borgia, était mis en scène. Elle n’aura qu’un court rôle qui, immédiatement, interpellera le dramaturge. Ce sera un coup de foudre réciproque, immuable, qui ne prendra fin qu’avec la mort de Juliette Drouet, en 1885.
Mais, parmi ces deux femmes, se distinguent deux autres figures féminines dans la vie du poète. La première, c’est Léopoldine. Fille préférée de l’auteur, Léopoldine meurt prématurément, noyée avec son tout récent mari. Elle sera, comme le souligne Christine Clerc, le chagrin de la vie de Victor Hugo, qui commencera alors à adopter un air austère, visible notamment sur les photographies de l’auteur. Incapable de venir visiter la tombe de son enfant, Victor Hugo ne pourra s’empêcher d’écrire inlassablement des poèmes à la gloire de celle qu’il surnomme Didine, comme le magnifique « Demain, dès l’aube ». La seconde figure féminine a pour nom Léonie d’Aunet, une romancière qui lui permettra de surmonter, un court instant, le deuil de sa fille. Pris en flagrant délit d’adultère par le mari de Léonie, cette dernière ne sera qu’une compagne fugace dans la vie de Hugo, qui reviendra toujours auprès de sa chère Juliette.
Ce volume, particulièrement réussi, qui dévoile un aspect méconnu de l’auteur et, notamment, la grande place que les femmes tinrent dans sa vie, est littéralement captivant. Fourmillant d’anecdotes, Chrisitine Clerc, en excellente chroniqueuse, due notamment à sa formation de grand reporter, parvient à livrer une biographie condensée et synthétique de la vie tumultueuse de ce créateur de génie, doublé d’un incroyable séducteur. Faisant preuve de concision, elle dévoile un incroyable travail de recherches réalisé en amont pour parvenir à faire revivre cette époque exaltée et riche de créations littéraires. L’ouvrage, comme les autres titres de la collection, bénéficie d’une magnifique iconographie, alternant entre les portraits des protagonistes des œuvres célébrant et magnifiant le sentiment amoureux.
https://unepauselitteraire.com/2016/07/07/victor-hugo-amoureux-de-christine-clerc/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !