"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ils sont arrivés à Lyon au printemps 2001. Ils ont un peu plus de vingt ans et leur voyage ressemble à celui de milliers d'autres Kosovars qui fuient la guerre : le passage clandestin des frontières, les mois d'attente poisseux dans un centre de transit avant d'obtenir le statut de réfugié... Mirko et sa soeur Simona partagent la même histoire et pourtant leur désir de France n'est pas tout à fait le même. Son intégration, Simona veut l'arracher au culot et à la volonté. Alors elle s'obstine à apprivoiser les lois du labyrinthe administratif et les raffinements de la langue. Mirko est plus sauvage. Pour lui, le français reste à distance. Il travaille sur des chantiers avant de regagner la solitude d'un foyer anonyme. Souvent, il pousse jusqu'aux lisières de la ville où il laisse sur les murs des graffs rageurs. C'est dans ces marges qu'il rencontre Agathe et tisse le début d'un amour fragile.
Sentiment de déjà lu, c'est très bien les 2 versions mais c'est un sujet trop sensible actuellement et trop d'actualité.
Je suis toujours dans la sélection du Prix littéraire Cezam 2016 !
Là, il ne s'agit pas d'un 1er roman, Paola PIGANI, je l'ai découverte récemment avec "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures" sur le peuple tzigane sous l'occupation.
Nous parlons toujours de déplacement, de camp... mais là avec les réfugiés.
Juste en introduction, l'extrait de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 pour que chacun ait en mémoire la définition de ce statut : "Le terme "réfugié" s'appliquera à toutes personne qui [...] craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays."
Mirko et Simona font partie de ces migrants en quête d'un pays d'accueil pour assurer leur sécurité. Ils ont respectivement 22 et 20 ans. Albanais, partis de Mitrovica, ils arrivent en France, en Auvergne, au Puy en Velay. Mirko trouve un emploi sur des chantiers où il côtoie d'autres migrants. Mirko est également graffeur, il va rencontrer des artistes comme Agathe, dessinatrice. Simona, elle, travaille dans un magasin et s'acharne à apprendre le français, facteur pour elle d'intégration.
Ces frère et soeur vont mener un parcours initiatique en terre inconnue. Ils ont quitté un pays en guerre, un pays où les hommes et les femmes sont tués, torturés. Ils vont devoir se familiariser avec les codes d'un pays nouveau avec sa propre langue, sa propre culture... chacun dans sa condition, un garçon, une fille. Ils vont devoir affronter d'autres fléaux que ceux qu'ils connaissaient avant de quitter leur terre natale : le monde de l'entreprise, le nombre de place limité, le racisme entre migrants... Ils vont vivre en communauté. Mirko vivra en foyer sonacotra. Ils vont découvrir la cohabitation avec d'autres êtres, "venus d'ailleurs", tous avec l'ambition des mêmes droits :
"Ils ne pensaient pas se retrouver si nombreux dans les files d'attente de la préfecture, de l'ANPE, de l'OPAC, à siroter des cafés dans des verres en plastique avec des Tchétchènes, des Kurdes, des Irakiens, des Rwandais... Ils ne pensaient pas voir en chacun d'eux le reflet de leur propre parcours. Personne ne faisait de surenchère avec son malheur, ne poussait du coude pour avoir la primeur de témoigner sur les horreurs ordinaires subies dans son pays d'origine." P. 105
Ils vont affronter la méconnaissance de la situation du Kosovo par les Français et de l'amalgame fait entre le kosova ou kosovë pour les Albanais et le kosovo pour les Serbes.
"
Une lettre, c'est presque rien, juste un bout de son âme, mais dans sa bouche c'est comme un autre fruit. Une autre vérité." P. 79
Ils vont souffrir du déracinement, du déchirement lié à l'exil :
"Cette béance au coeur, Mirko la ressent toujours. Tous les kilos de ciment qu'il brasse, ce n'est jamais assez pour agglomérer les cendres du pays perdu." P. 54
J'ai été profondément touchée par le ressenti de Simona devant la diversité linguistique et de sa manière à elle de l'appréhender :
"Entrer dans une langue nouvelle, une grande demeure de plusieurs étages. Entendre sur le même palier l'argot des collégiens tchétchènes ou soudanais, le parler clair et claquant de Thierry, les injonctions du médecin ou de Myriam, les dialogues des téléfilms et les publicités à la télévision." P. 78
C'est un roman émouvant, dans la même veine que "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures". Chaque fois, comme le titre l'indique d'ailleurs, il s'agit de préserver un semblant de dignité, d'humanité dans un monde hostile.
Il se glisse à la 2ème place de mon classement !
La dernière page de Gazmend KAPLLANI
Venus d'ailleurs de Paola PIGANI
Nous dînerons en français d'Albena DIMITROVA
Kokoro de Delphine ROUX
La maladroite d'Alexandre SEURAT
Mirko et Simona sont kosovars. En 2001, accrochés l’un à l’autre, ballottés, ils arrivent à Lyon dans la foule des réfugiés que les conflits en Europe de l’Est jettent sur les routes.
Dans cette ville qu’ils n’ont pas choisie, ils vont chacun à leur façon tenter de se construire un avenir.
Au gré des rencontres, des démarches administratives, Paola Pigani dresse les portraits de ces personnes déracinées par la violence, avec une grande acuité et une grande tendresse.
Dans une écriture très agréable à lire, tout l’éventail des sentiments et des émotions liés à l’exil est formidablement traduit : le déchirement, le renoncement et le regret, la culpabilité, mais aussi l’espoir, la volonté, la foi en l’avenir.
Alors que Simona décide de choisir la voie de la joie et des projets, Mirko quant à lui ne parvient pas à évacuer la douleur, les souvenirs terrifiants de l’épuration ethnique. Il tente d’apprivoiser la ville comme il le faisait dans son pays, en réalisant des graffiti dans les zones inhabitées, les espaces entre-deux, reflet de sa propre situation, entre deux mondes, mais jamais vraiment dans l’un ou l’autre.
Un magnifique roman, au ton très juste et très humain, entre espoir et tristesse, qui ne peut que faire écho à la situation de ces milliers de migrants malgré eux, qui cherchent juste une place, leur place.
https://familytripandplay.wordpress.com/2016/05/15/lecture-venus-dailleurs-de-paola-pigani/
livre facile à lire, traite des immigrés
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