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Philosophe allemand du xve siècle, Nicolas de Cues fut aussi un théologien, serviteur actif de l'Église catholique. Docteur en droit, ayant pris part au concile de Bâle, il devint légat, cardinal, évêque et vicaire général de Rome. Ce sont ses actes et écrits ecclésiologiques, datant essentiellement de 1432 à 1442, qui le firent connaître.
Pourtant, mis à part La Concordance catholique (1433-34), ceux-ci sont restés largement méconnus. La plupart ne sont pas même intégrés à l'édition scientifique de Heidelberg (1932-2011). Cette anthologie d'une dizaine de textes comble cette lacune. Ils sont caractéristiques de la volonté de Nicolas de Cues de promouvoir la nécessaire réforme de l'Église, dans l'unité, à une époque marquée par la déchirure : grand schisme d'Occident, schisme de Trèves, conflit avec les Hussites, conflit entre l'assemblée conciliaire et le pape Eugène IV, nouveau schisme d'Occident avec l'élection de Félix V...
L'ecclésiologie cusaine s'est élaborée au contact de cette menace constante, et pour y répondre. En historien, en juriste et en politique, Nicolas de Cues défend que rien ne peut être préféré à l ´unité de l'Église, qui en est l'essence même. Ce doit être le critère de toutes les décisions. C'est elle qui nécessite toute réforme. Elle constitue certes une donnée religieuse et oecuménique, mais elle est aussi un problème politique, dont l'empereur chrétien est responsable. Et si, à l'époque de La Concordance catholique, le pontife romain ne paraît plus indispensable pour la garantir - l'empereur ou le concile pouvant également la défendre -, il n'en sera bientôt plus de même : l'empereur Sigismond meurt en 1437, le concile de Bâle se discrédite... Dès lors, le pontife romain devient à nouveau le seul centre d'unité possible.
Héritier de nombreuses traditions chrétiennes, Nicolas de Cues convoque alors, sans vaine archéologie, les mêmes références pour défendre des positions différentes, en apparence seulement contradictoires. S'attachant aussi bien aux conciles du IVe au IXe siècle qu'à la science canonique de la fin du Moyen Âge, aussi volontiers à Cyprien et au Pseudo-Denys qu'à Léon IX et à Zabarella, il promeut une Église imprégnée de concordance entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux, où le pape et les évêques porteraient la responsabilité de l'unité et de la réforme.
Le traducteur, le P. Hubert Vallet, est ingénieur (ESTP) et docteur en théologie de l'Institut catholique de Paris, où il a soutenu une thèse sur l'ecclésiologie cusaine. Après avoir été enseignant à l'École cathédrale de Paris et recteur du Sacré-Coeur de Montmartre, il est aujourd'hui, à Nantes, curé de la paroisse Saint-Jean-Paul-II et enseignant en ecclésiologie au Séminaire Saint-Jean.
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