"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Émaillant sa narration de poésie et d'amour, Xavier Pépillou évoque son histoire de vie, depuis sa naissance dans le Lot-et-Garonne.
L'intrigue est tendue. Les lectrices appréhendent avec stupeur ce qui fait courir les garçons tandis que ceux-ci se sentent mis à nu.
Un roman original et croustillant à savourer sans modération.
Livre à la fois musical, poétique, encyclopédique et très ancré dans l’évolution historico-sociologique du sexisme ambiant, « Une vie de garçon » (Poussière de Lune, 2018) de Olivier Papleux est détonant à plus d’un titre.
Même si les sensibilités évoluent, le fait, pour un garçon, d’aborder la recherche de sa féminité à travers ses expériences amoureuses – et surtout sexuelles – ne va pas encore forcément de soi.
Xavier, personnage qu’on pourrait croire central dans ce roman, retrace sa lente et longue maturation qui, à travers les différentes étapes, passations de son moi, le mènera à une sexualité adulte et épanouie. Le récit est émaillé de références musicales, classiques marquant chaque nouveau chapitre, extraits de chansons et poésies dans le corps du texte. Plaçant son récit dans les années post soixante-huitardes, l’auteur nous rappelle des noms, des faits divers, des positions politiques qui marquent le temps servant de jauge à la lente transformation des pensées sexuées de la population, mâle essentiellement, et des oppositions qui pouvaient, à ces propos, envenimer le conflit des générations voire l’épanouissement personnel des individus, enfants, adolescents et même adultes.
Cette quête, le double de Xavier, sarcastique, cynique parfois, ne manquera pas de la moquer en soulignant gauloisement qu’il « ne pense qu’à ça ! ». Et au cœur du récit, le personnage central est bien la féminité, ses richesses et le respect qui lui est dû. Richesse que seule la femme possède, peut offrir et partager, transformant l’homme masculin, macho et égoïste en amant respectueux de sa compagne, égale bien que différente.
Toutes ces approches qui marquent l’évolution - encore bien trop lente, d’accord - des sociétés et de l’homme, Olivier Papleux les appuie et en souligne la force en citant la recherche historique, préhistorique mêmes et la lente construction de la psychologie humaine à travers les travaux de nombreux psychologues, psychiatres et philosophes qu’une seule encyclopédie des Sciences de l’Education pourrait seule difficilement contenir.
Ajoutez, à cette palette de références musicales, poétiques, psychologique et historiques, l’humour de l’auteur et sa façon d’écrire qui s’appuie sur des textes, fragments de dialogues ou fables connus et vous comprendrez le plaisir léger que le lecteur peut prendre à la lecture de ce roman.
Pour moi, un seul bémol. Peut-être qu’à force de vouloir trop en faire, l’avalanche de références tous azimuts et la répétition, à chaque étape, de l’obsession sexuelle du héros (et de son double) fatiguent le lecteur mâle que je suis. Je n’ai pu m’empêcher de me dire plus d’une fois qu’il n’était pas nécessaire de vivre cette vie de garçon décrite par l’auteur pour aboutir à sa conclusion et la partager. Sans tous ces détours, je pense qu’il est assez simple et possible à l’homme de découvrir la part de féminité qu’il a en lui et qui l’équilibre, s’il en prend conscience, lui permettant de penser sa relation à l’autre dans un bien plus que « ça » !
Il n’empêche, ce livre est la réponse issue d’une prise de conscience. Il était bon de la partager.
« Dans les histoires de princesse, le héros qui sauve la jeune fille captive est en réalité celui qui libère sa propre féminité, lui permettant de recouvrer l’unité de son être. Fatigué et fiévreux, je me lance ce défi de conscientiser notre société, de lui donner l’envie de contaminer autant les adeptes de la terreur que les marchands d’armes. Puisse chaque homme furieux renier la violence qui est en lui. Puisse chaque garçon désabusé délaisser son égoïsme, pour s’ouvrir le cœur sacré, à cette part de la Déesse-mère lascive et bienveillante, qu’il recèle en lui. »
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