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Un éclairage oblique, rasant, porté sur l'enfant Genet, gosse de l'Assistance, "petit Paris" placé chez des villageois d'Alligny-en-Morvan.
L'auteur traque l'ombre du poète dans la vieille bâtisse où celui-ci passa son enfance. Dans les herbes des prairies qu'il foule à son tour, il en révèle l'empreinte. Il réveille les souvenirs des vieux du village et raconte non seulement l'enfant, mais le vieil homme revenu, brièvement, peu avant sa mort.
" Sonnent 6 heures en ce milieu d'août 1924.
Il écrit son roman pour les vaches, les champignons, l'herbe, les arbres, il est l'idiot du village, il parle aux poissons, aux sources, aux vipères, au ciel et ou silence."
C'est en voulant approfondir, l'histoire du Morvan, laiterie de Paris, lieu d'accueil des orphelins de la République, que je suis venue à ce livre.
Finalement, de cet aspect, je n'ai pas découvert beaucoup de choses : que Genet est arrivé bébé à sept mois confié à sa famille adoptive et qu'il en est retiré à 13 ans et 10 mois pour partir étudier la typographie.
C'est alors qu'il fugue.
Revenons sur l'enfance de Genet telle qu'elle est contée par monsieur Renault.
Une enfance solitaire, rêveuse, semblable à bien d'autres enfances.
Un petiot sensible, fragile, souvent accroché aux jupes de sa mère.
Un enfant que le départ des hommes laisse seul parmi les femmes de la maisonnée.
Les rumeurs l'ont atteint : il est un enfant trouvé, sa maison n'est pas la sienne ; ces mots ouvrent un grand vide en lui, il se sent différent.
La nature est son refuge, ils s'inventent des vies imaginaires avec les enfants du voisinage.
En classe, il est brillant mais , vu son statut de pupille de l'état, il se voit refuser l'accès au cours complémentaire ; l'injustice le blesse, alors que ses notes brillantes lui permettent d'éviter la vie de domestique ou de valet de ferme, il pourra accéder au centre d'apprentissage de l'Assistance publique. Il faut attendre ses 13 ans révolus… il souffre de ne plus avoir accès à l'école et se procure des livres. Il lit, il écrit dans la solitude, il brûle ses premiers écrits.
J'ai apprécié ce récit, les descriptions de cette nature, de la communion entre l'enfant et son environnement.
J'ai souri à l'évocation de cette enfance un peu sauvageonne.
Les dernières pages portent le sceau de la rupture, on sait ce qu'il advint après et l'on frémit à ce qu'a pu éprouver l'enfant qui se sent une seconde fois abandonné, qui se sent trahi par la nation qui proclame Liberté, égalité, fraternité.
Ce livre donne l'envie de lire ou relire Jean Genet en faisant fi des jugements qui ont pu être portés sur son oeuvre, sa personne.
Ouvrir ses livres comme on part à la rencontre d'une sensibilité et la ressentir en partage.
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Le Morvan, comme d'autres régions rurales, ont recueilli beaucoup d'enfants abandonnés. La vie n'y était pas drôle pour bcp d'entre eux. Découvrir l'origine de la rupture et de son nouveau chemin peut-être intéressant. Oui, il faudrait que je fasse fi, comme tu l'écris, non pas des jugements des autres, mais de ma propre réticence