Membre du jury du Prix Orange du Livre 2021, la romancière vous recommande 10 lectures essentielles
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Membre du jury du Prix Orange du Livre 2021, la romancière vous recommande 10 lectures essentielles
Le nouveau roman de Florence Seyvos est une lecture d'une intensité rare
Voilà un livre que j’avais envie de lire depuis longtemps déjà. Inséré dans ma pile après avoir lu et entendu quelques critiques élogieuses ou perplexes, il me tardait de partir à l’affût de cette étrange bête aux aguets.
C’est donc chez Anna que j’ai tenté mon observation. Cette adolescente, livrée aux lecteurs par le truchement d’une écriture aussi fluide qu’énigmatique, n’en finit pas de se poser des questions et le lecteur bien davantage encore.
Dans l’enchaînement des mots, groupés en courtes phrases et en paragraphes très courts, l’autrice nous propose d’observer une adolescente mal dans sa peau, rongée par la peur de ce qu’elle ressent, de ce qu’elle entend, de ce qu’elle vit au plus profond d’elle-même. Elle se transforme, mais en quoi ?
Son entourage apparaît peu structurant. Rongée par les silences, les non-dits qui voltigent autour d’elle, sur quoi s’appuyer ? Sur les paroles ? Celles qu’elle reçoit, celles qu’elle s’invente, celles qu’elle entend ou prononce dans les communications télépathiques qu’elle est persuadée d’expérimenter ? Et comme garde-fou, elle bénéficie au mieux de parents divorcés, un père qu’elle aimait enfant, qu’elle ne supporte plus quand, adolescente, elle croit lire dans son regard que sa fille lui fait horreur. Une mère qui se dit à son écoute mais qui décide de tout en fonction de ses propres terreurs et maintient Anna dans un carcan où la jeune fille ne peut qu’angoisser ou s’évader dans un monde onirique qu’elle s’est fabriqué, à moins que ce ne soient les pilules, une blanche et une bleue, que sa mère lui fait prendre et avec lesquelles la fille triche par bravade, par volonté d’expérimentation ou par soif de comprendre, de se comprendre!
Pour le lecteur, l’histoire se lit facilement, sans heurt, avec plaisir parfois mais découvrir, sans y être préparé, ces facettes de la vie d’Anna aussi banales que fantasmagoriques ne peut que soulever de multiples questions. Qu’est-ce qui est vrai, vraisemblable ou complètement fou et irréel ? Comment faut-il interpréter ces images d’une adolescente en quête d’elle-même ? Peut-on accorder du crédit à une autrice qui déstructure sans cesse le réel pour nous ouvrir à ce que vit la jeune fille ?
Florence Seyos, ne donnera aucune réponse précise à ces légitimes interrogations. Se poser la question n’est pas toujours déjà y répondre ! Au lecteur de prolonger sa lecture. Il refermera le livre, le laissera – ou non – décanter en lui et se sentira nourri -ou pas – par cette approche de l’infinie solitude et des peurs que peut vivre une adolescence en recherche.
Après, il aimera – ou pas – ce récit qui lui aura offert un enrichissement de sa recherche de compréhension de l’autre ou l’aura plongé dans une perplexité abyssale voire dans un rejet total. Quoi qu’il en soit, ‘Une bête aux aguets’ ne l’aura pas laissé indifférent.
Pour ce qui me concerne, j’ai aimé me plonger en questionnement et me sentir provoqué à toujours chercher à mieux comprendre les non-dits qui structurent l’autre.
Ana vit seule avec sa mère. On la suit dans les méandres de sa vie, d'abord petite fille puis adolescente prisonnière d'elle-même et d'un traitement aux allures de paradis artificiels dont on ignore la véritable origine.
Toute la force du roman est dans cette quête de réponses. Ce flottement présent page après page pour tenter de qualifier ce qui n'est jamais nommé, comprendre ce qui n'est jamais compris.
Qui est vraiment Ana, si ce n'est la petite fille qui« entend des voix, aperçoit des lumières derrière les rideaux, surprend des ombres dans le couloir » ?
C'est un hui-clos entre elle et le reste du monde.
Un livre empreint d'étrangeté et de mystère, parfois même à la lisière du fantastique.
Cette dissonance entre Ana et le monde égrène les années entre enfance et adolescence et vise à en exposer les moments de doutes et de peur.
Ceux-là mêmes que Florence Deyvos distille avec perversité et une écriture hypnotique.
C'est un voyage onirique qui jamais ne s'étouffe mais que je déconseille aux lecteurs les plus terre à terre. Il est recommandé aux autres et invite à une relecture pour s'en imprégner davantage.
Anna 12 ans guérit difficilement d'une maladie qui laisse des séquelles neurologiques graves. Un univers différent l'accompagne désormais, elle entend des voix, imagine des situations irrationnelles pour le commun des mortels, et ne doit sa survie qu'à l'absorption de pilules blanches et bleues. Si on parvient à se laisser emporter par la belle écriture qui décrit un fantastique spécifique accompagnant inévitablement la vie d'un malade mental, on pourra peut-être apprécier ce roman !
Tombée gravement malade à douze ans, Anna ne doit la vie sauve qu’au mystérieux traitement administré par un ami de sa mère, un certain Georg. Guérie mais transformée, elle se retrouve aujourd’hui la proie de curieux troubles : hallucinations visuelles et auditives, mais aussi, étranges et inquiétantes pulsions lorsqu’elle s’aventure à interrompre la prise des médicaments fournis par Georg. Peu à peu, la peur envahit la jeune fille : de quelle dangereuse maladie souffre-t-elle ? Quelle espèce de créature est-elle donc en train de devenir ?
Une seule certitude surnage dans ma perplexité : ce livre déconcertant tient son lecteur d’un bout à l’autre par la curiosité et cette brève histoire servie par une écriture efficace et fluide se lit d’une traite sans déplaisir aucun. S’alignent ensuite une série de points d’interrogation sans réponse. Anna n’est-elle qu’une adolescente en souffrance, est-elle manipulée par son entourage ou encore atteinte d’une maladie mentale ? S’agit-il en définitive d’un conte fantastique ? Ambigu à souhait, le texte ne lève jamais le doute. Au final, je me suis sentie autant intriguée que frustrée par le caractère insaisissable du personnage d’Anna et par l’aspect énigmatique de cette histoire ouverte à toutes les hypothèses.
Ce livre empreint d’une trouble étrangeté offre au global une lecture plutôt envoûtante. L’on s’y retrouve plongé dans une atmosphère dérangeante, où la métamorphose d’une adolescente l’amène à la frontière de la folie et du surnaturel. La réalité en sort tellement distordue que, tout comme Anna, le lecteur n’aura au final que ses doutes auxquels se raccrocher.
Un roman court et intriguant sur le sujet de la schizophrénie. Un sujet singulier qui n’attirera pas tous les lecteurs au premier abord mais l’écriture de Florence Seyvos vous plongera sans nul doute dans l’univers mystérieux d’Anna. Et comme moi, il vous sera impossible de lâcher le roman, de laisser Anna en proie à ses doutes et aux aguets de cette bête.
Au début du roman, elle a 12 ans. On la découvre fiévreuse, atteinte de la rougeole. Sa mère appelle un médecin qui lui prescrit des médicaments qu’elle devra prendre toute sa vie. Elle ne doit pas oublier de prendre régulièrement ses pilules blanches et bleues. Elle veut comprendre à quoi servent ces pilules et va en prendre de moins en moins pour en connaître les effets. On la voit grandir, devenir adolescente.
Anna vit donc dans la peur, la solitude et l’incompréhension. C’est une expérience incroyable que nous offre Florence Seyvos à travers ce roman : essayer de comprendre ce que peuvent ressentir les personnes atteintes de maladies psychiatriques.
L’écriture est magnifique. J’ai noté depuis un moment dans ma liste de livres à lire l’un de ses précédents romans, « le garçon incassable ». Du coup j’ai très envie de le lire et de me replonger dans son écriture.
Un roman entre deux eaux troubles, au parfum d’éther. Ce n’est pas faute d’avoir laissé planer le mystère, d’accepter l’irrationnel qui, à chaque instant, peut faire basculer le récit dans le fantastique. La langue est belle, le rythme est lent et le silence, omniprésent. Cela suffit-il à sauver ce roman ? Non. Anna, l’héroïne, est à côté de ses pompes et on a l’impression qu’elle demande au lecteur de l’aider à les rechausser. Quant aux pilules bleu et blanche qu’elle avale pour rester debout, la symbolique a dû m’échapper.
Ce livre m’a fait l’effet d’une fille, belle et taiseuse, que tout le monde admire dans une soirée sans jamais l’avoir entendue parler, alors qu’elle n’est que vide et présomption. Hermétique. « Elle est d’une autre planète » vous dit-on, ou « tu ne peux pas comprendre ». Bah non, désolée.
Un extrait : « Tout à coup j’ai eu une conscience très aiguë de tout ce qui existait atour de moi. Comme si chaque particule d’air ou de matière dans la pièce me rendait personnellement des comptes ». À cette phrase, vous mesurez l’empathie de la dame. Florence Seyvos est dans son trip et ne vous laisse aucune chance d’y participer. Dans le genre maladie mentale rampante, énigme psychiatrique et autre phénomène inexpliqué, j’ai lu beaucoup plus convaincant. Je passe, sans dissuader personne de découvrir cette prose singulière.
Bilan :
Lorsque le livre commence, il est déjà trop tard pour Anna. Effrayée par une poussée de fièvre, sa mère fait appel à l'intriguant Georg, et nous voilà parti pour une histoire de possession/dépossession très bien écrite.
Anna devient dépendante à ses cachets, blancs et bleus. Commence pour elle le début de ses angoisses. Est-ce de la schizophrénie ? une curieuse sensation de disposer d'un corps et d'un esprit indépendant.
Sa mère, son père, son amie, son amoureux et jusqu'au mystérieux Georg, autant de personnes avec lesquelles les interactions témoignent de son incapacité à gérer sa nouvelle personnalité. Dédoublement de personnalité, délires hallucinatoires? On souffre avec Anna de son incapacité à vivre sans sa médication car ses essais se révèlent tous infructueux et ses troubles font craindre une issue dramatique pour l'héroïne.
L'histoire se termine abruptement, sans que l'on sache ce qu'il adviendra de la santé mentale de la narratrice.
Par ses côtés hallucinatoires, ce roman m'a parfois évoqué "Le Horla" de Maupassant. Roman dense puisqu'il fait à peine plus de cent pages, il est remarquable par la qualité de sa description quasi clinique de l'évolution de la psyché d'une jeune adolescente dont on pressent que la vie est durablement altérée.
Note sur 30. Critères : originalité du sujet, qualité de l'écriture, plaisir de lecture seront des éléments pris en compte.
Note finale : 21
Auteure que j avais déjà remarquée par son livre "Le Garçon incassable" par un univers ; à la fois sombre, irréel et sensible, qui lui est spécifique. Je voulais ainsi savoir si elle poursuivait cette veine littéraire addictive pour le lecteur.
Et bien je me suis plongé dans ce roman avec délectation, touché par le mystère, les non-dits, le caractère irréel d'Anna, la narratrice et le personnage principal des 139 pages qui constituent ce livre. Alternant douceur, douleurs, mystères et sensibilité par touches concises, Florence Seyos nous fait aimé cette adolescente étonnante et différente, ses relations parfois difficiles avec son entourage, sa maman et le mystérieux Georg...
Un bijou ciselé, une nouvelle belle oeuvre d'évasion et une galerie des portraits d'êtres d'exception qui se complète.
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