« On a bu. C'était plaisant, tout était plaisant. On a ri. On a parlé. De quoi ? De tout, de rien. De la fille qui chante Zerline. De ma robe neuve. Anne passe la main sur sa cuisse et lisse le tissu bleu. Du dîner après. Un rite entre nous, je ne sais jamais dans quel restaurant... Puis je suis partie aux toilettes, il y avait une queue interminable et quand je suis revenue... »Anne se tait, le flic la regarde, les yeux flous derrière ses lunettes carrées. Myope lui aussi.Elle s'éclaircit la voix. « Je l'ai cherché partout. Au foyer, dans les couloirs, dans les escaliers...»Il faut très peu de temps pour qu'une vie explose. À moins que cela prenne vingt-cinq ans. Ce soir-là devait être une fête pour le couple parfait que forment Anne et Christian ; il se termine dans un commissariat. Entre enquête policière et radiographie conjugale, le roman d'une femme bouleversée qui n'a d'autre choix que de renaître à elle-même. Chartiste, franco-danoise, Nic Diament a exercé le métier de bibliothécaire notamment à la BPI du centre Pompidou et à la Bnf où elle a dirigé le Centre national de la littérature pour la jeunesse. Elle a publié un Dictionnaire des écrivains français pour la jeunesse (École des loisirs, Paris, 1993) qui fait autorité. Ce livre est son premier roman publié.
Quel bonheur de lecture que ce livre ! Un bonheur qui nous gagne dès ce premier chapitre où Nic Diament nous immerge d’office dans le vif de son sujet, avec cette scène dans un commissariat où Anne vient déclarer la disparition de son mari, Pierre. « Un homme disparaît ». Ce pourrait être un titre, Hitchcock nous avait fait le coup avec une femme. Enquête policière donc ? Sans doute, et rondement menée avec le suspense, les attentes déçues et les surprises inhérentes au genre. Mais surtout, et c’est pour moi le noyau central de ce livre, cet homme qui disparaît est-t-il jamais apparu, du moins tel qu’il est réellement ? Qui était vraiment ce Pierre envolé dont Anne se lance à la recherche ? Car c’est au fond la question grave, insidieuse et brûlante brûlante posée par Nic Diament et qui irradie sourdement tout son livre : que savons nous des êtres qui nous sont le plus proches et dont nous croyons tout connaître ?
Sujet grave, superbement servi par une écriture dont la qualité est pour beaucoup dans le plaisir à lire Un seul être : qu’elle soit ironique ou grave, lyrique ou factuelle, Nic Diament, avec une surprenante virtuosité, possède une façon unique et fluide de casser les codes des phrases, de les rompre, de les étrangler ou de les étirer, de mêler langage parlé et narration classique, de passer sans liaison du langage intérieur à la description d’un évènement. Oui, un vrai bonheur, alors que tant d’auteurs d’aujourd’hui oublient que la valeur d’un livre vient d’abord de son écriture.
Addictif. J’avais du mal à lâcher ce livre pour m'endormir ou reprendre quelque travail délaissé pour cette bouchée quotidienne de lecture friandise.
Un seul être est vraiment une histoire intéressante. Au passage bien sûr, partout on complète les citations poétiques dont le livre est parsemé.L’histoire est prenante, le suspens permanent, entre le genre (cela va-t-il être une intrigue policière ?), l’identité de l’autre femme (et on se demande le rôle que Patricia a joué dans l’affaire), et enfin la présupposition qu’il va y avoir une relation amoureuse entre Anne et le consul…
Il y a des surprises, très bien ménagées, d’abord parce qu'Anne est installée dans un tel confort affectif avec un homme qu’elle aime et semble l’aimer, qu’on ne peut guère penser qu’à un meurtre, à une histoire policière…
Et puis les deux accidents, où à chaque fois le personnage est donné pour mort, accidents qui arrivent souvent à des moments de la vie où l’on « tombe sur une pierre », pense-t-on, à des moments où le fleuve tranquille de la vie se détourne soudain, rencontre un obstacle insoupçonné.
Le personnage de Patricia est ambigu à souhait, et l’amitié n’est pas forcément un long fleuve tranquille, non, il y a de l’agacement, des travers que l’on perçoit tardivement parfois, et l’amitié qui n’est que familiarité imposée (l’ami ( e ) d’enfance) en est-elle une puisque la familiarité, justement, nous a dispensé (e ) du chemin vers l’autre, de sa découverte ?
Tout est bien mené dans l’histoire, tout est vraisemblable. Et la chute aussi, à laquelle on n'aurait jamais pensé.
Lorsque j'ai commencé ma lecture, j'ai failli rater ma station et je n'avais de cesse de continuer là lire, de savoir ce qui était arrivé, ce qui allait se passer.
Ce livre m'a beaucoup plu. Le style est alerte. Les personnages ont de l'épaisseur et sont très justes.
L'auteur signe là son premier roman. J'espère qu'il y en aura d'autres.
Beau livre que j'ai lu avec appétit et désir à chaque page d'en savoir un peu plus sur le mystère qui nous tient en haleine; Nic Diament s'exprime avec une clarté sans faille, analyse les sentiments et les émotions qui habitent son personnage dans un langage rigoureux quelles que soient les fluctuations d'humeur de son héroïne. J'ai plongé dans ses affres et interrogations; imaginé des explications; je me suis fait mon propre roman avant d'arriver à la solution finale.C'est dire comme j'ai été happée par l'intrigue.
Le style est concis; la plume alerte de N.Diament nous emmène dans des émotions contraires avec humour souvent malgré la douleur, les questionnements anxieux du personnage, ses réflexions sur le couple, la vie au quotidien et les certitudes qui sont mises à mal.
Beau livre qui peut entraîner le lecteur sur des réflexions douce-amères de son propre vécu, sur les dénis qui peuvent nous aveugler. Je recommande vivement ce livre qui se lit comme un polar passionnant.
Belle découverte que ce roman contemporain, à l'écriture vive et acérée, portrait sans concession d'un couple de la bourgeoisie ordinaire, un couple d'aujourd'hui, mais surtout portrait d'une femme, la cinquantaine, qui voit son monde partir à la dérive et qui se bat avec ses armes pour émerger plus forte. Une construction efficace avec du suspens, des mésaventures, des voyages, des fausses pistes et une galerie de personnages à la personnalité bien trempée. Tout se joue ici dans la relations entre les êtres, relations qui évoluent au fil du roman comme un cheminement révélateur des fragilités de nos amours, de nos amitiés...
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