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Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique consacrée au quatrième et dernier tome d'Un pont entre les étoiles que je me suis empressée de dévorer à la suite du troisième comme je l'avais annoncé (pour une fois-!). Et je ne vous cache pas que cet ultime opus me laisse un goût légèrement amer en bouche...
Concernant le contenu tant scénaristique que graphique de ce tome en soi, je n'épiloguerai pas plus avant car c'est tout à fait à la hauteur de ce que Kyukkyupon nous a proposé auparavant avec les trois précédents tomes : les illustrations sont comme toujours de toute beauté et je me suis diantrement amusée à scruter la moindre petite case constituant cette parution à la loupe tant Kyukkyupon possède l'art et la manière de remplir le plus petit recoin de chacune de ses planches de détails absolument somptueux et plus éclairants et percutants encore que la plus grandiloquente des explications.
Quant à l'histoire en elle-même, elle m'a fait vivre un véritable ascenseur émotionnel, me faisant passer de la joie la plus immense, de l'excitation la plus euphorisante à une tristesse sans nom au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture des divers chapitres qui composent ce manga. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce tome quatre m'aura retournée dans tous les sens et donné bien des fois l'envie de m'arracher les cheveux et de pleurer toutes les larmes de mon corps tant le désarroi et le chagrin profond exprimé par les personnages me mettait moi-même dans tous mes états.
Ce qui m'a d'autant plus accablée, c'est le fait que la mangaka se focalise ici tout particulièrement sur la question du nationalisme et notamment ce que l'on est prêt à faire pour défendre l'honneur de sa patrie. Nous narrant l'histoire du point de vue d'une Japonaise depuis le début, Kyukkyupon nous dresse ici à la fois un portrait très concis et complet du peuple nippon en temps de guerre, et plus particulièrement de Seconde Guerre mondiale. Comme je l'avais appris au cours d'autres lectures ou visionnages, les civils japonais considéraient la possibilité d'une défaite de leur Empire face aux Alliés (dont la Chine - Shanghai incluse - faisait indirectement partie en tant que pays pro-communiste et surtout anti-japonais) comme un échec pur et simple, presque comme une trahison envers la mère-patrie pour ne pas s'être suffisamment investi dans l'effort de guerre, que ce soit en partant directement au front ou en prenant soin de son foyer et en donnant naissance à de robustes futurs citoyens nippons pour les femmes par exemple.
Pourquoi cet aspect pédagogique de l'intrigue m'a-t-il tout spécialement affligée ? Tout simplement parce qu'il m'a permis de prendre une fois de plus conscience, comme si cela n'était pas déjà assez évident comme cela, que la guerre et surtout ses conséquences catastrophiques est un authentique fléau qui nous empêche de voir clairement et de suivre la voix de notre coeur et de notre conscience. Haru comme Xing vont chèrement l'apprendre au fil du récit. Soucieux tous les deux de rester fidèles aux êtres qui leur sont chers, la guerre et ses ravages multiples va en outre leur enseigner que l'Amour, le seul, l'unique, n'a pas de frontière et de nationnalité. Il est, un point c'est tout. Peu importe les différences socio-professionnelles, ethniques, religieuses, absolument rien ne l'arrête si on le laisse nous guider. Mais à la guerre, c'est la haine la maîtresse du jeu et à bien des moments, j'ai cru que mes protagonistes chéris avaient enfin cédé à son appel de sirène et que la lumière de l'espoir s'était définitivement éteinte pour eux.
Fort heureusement, Kyukkyupon m'a détrompée de la plus magnifique, spectaculaire des manières. Alors, qu'est-ce qui m'a in fine gênée au point que ce tome final, qui aurait dû être synonyme de l'Apothéose la plus magistrale à mes yeux, m'ait pour ainsi dire séduit moins que les autres ? Cela se résume en deux tout petits mots : sa fin. Disons simplement que la posture dans laquelle se tiennent les jeunes adultes Haru et Xing sur la couverture m'avait laissé suggérer un dénouement bien plus théâtral, romanesque, larmoyant que ce qu'il m'a été donné de lire au bout du compte. Les quatre toutes dernières pages auront été celle à l'origine de mon incompréhension et de ma frustration la plus totale. En y réfléchissant à deux fois, j'ai réalisé que la conclusion que Kyukkyupon a donné à sa saga est en réalité extrêmement ouverte, laissant l'opportunité à tout un champ des possibles de se concrétiser. Tout ou presque est imaginable avec une fin pareille ! Et c'est bien là ce qui m'a chafouinée. Avec Un pont entre les étoiles, j'escomptais une fin beaucoup plus arrêtée, nette et précise, un final ébourrifant avec feux d'artifices et papillons dans le ventre qui m'aurait pour le coup pleinement satisfaite et rassurée quant au destin de mon couple favori ensemble. Ici, pas de grandes déclarations enflammées, mais un silence et une parcimonie d'or et un soupçon éternel de mystère dans le coeur des Hommes, encore et toujours. Kyukkyupon est résolument restée fidèle à son mode opératoire jusqu'au bout et cela l'honore. De plus, la toute dernière page représentant le bonus de l'ouvrage m'a rappelé que la figure d'Haru s'inspirait de la véritable grand-mère de Kyukkyupon. Oui, je l'avais oublié tant j'avais été emportée par cette intrigue purement et simplement transcendante et à la saveur d'un rêve et d'un cauchemar mêlés. Or, il s'agit de l'existence tumultueuse d'une véritable personne de chair et d'os et non d'une époustouflante mais simple fantaisie qui doit assouvrir les désirs de son lecteur. Ce que j'entends par là, c'est que peut-être Kyukkyupon avait d'autres souhaits pour Haru et Xing tout comme moi mais ces personnages ne sont que les avatars d'êtres humains tout ce qu'il y a de plus réels qui ne lui appartiennent pas. Autrement dit, tant que l'histoire a été contée dans un souci de véracité absolue et ce jusqu'au bout du bout, c'est tout ce qui m'importe, même si, encore une fois, ce n'était pas tout à fait ce que j'attendais... Il me faut cependant m'incliner face à la vénérable grand-mère de la mangaka qui a accepté de nous parler de son bouleversant vécu. Arigato gozaimasu, obaasan.
Pour conclure, je dirais que ce tome quatre d'Un pont entre les étoiles aura su moins me convaincre que ses prédécesseurs mais la saga dans son ensemble n'en reste pas moins une lecture nécessaire, extrêmement instructive sur les relations entre Japonais et Chinois et sur bien des choses de la vie en général en outre, à faire ! Pour ma part, je la garderai dans mon cœur pour toujours et à jamais.
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