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Une trêve troublée s'est installée entre les thanes des lignées du Vrai Sang. À présent qu'un nouvel hiver s'annonce, les armées de la Route Noire ont repris le chemin du sud, quittant les terres où elles furent exilées, au-delà du Val des Pierres. Pour certains, la guerre n'apportera qu'une mort rapide et violente. D'autres ne connaîtront jamais le tumulte des épées qui s'entrechoquent, ni les champs jonchés de cadavres. Pour ceux-là, la guerre n'est qu'un excellent moyen de favoriser leurs ambitions. Qu'ils se hâtent, car bientôt les ténèbres qui descendent sur le monde les engloutiront, comme les autres. Tandis que la tempête des batailles fait rage, un homme s'engage sur un chemin solitaire, une voie qui éveillera un terrible pouvoir en lui. Son héritage sera un héritage de sang.
Premier roman de Brian Ruckley (il ne s’était illustré au Royaume-Uni qu’à travers quelques nouvelles avant ça), Un Hiver de Sang est le volume 1 de sa trilogie Un Monde sans Dieux. Il m’a de suite attiré par sa couverture et son synopsis ^^ Synopsis qui laisse imaginer de la fantasy sombre, relativement réaliste (entendre par là qu’il ne laisse pas envisager de la déferlante de pouvoirs magiques) et mature, remplie de complots, trahisons, et autres jeux politiques…
Et c’est exactement ce qui nous est offert.
Brian Ruckley a écrit un récit très dense, étoffé, assez complexe à suivre au niveau des personnages et des lieux. La carte, la chronologie, et le lexique des personnages importants sont autant d’annexes intéressantes et utiles pour se repérer au début.
L’auteur prend, dans les premières pages, le soin de poser son univers (expliquant ainsi le titre Un Monde sans Dieux de la trilogie), ainsi que les évènements du passé qui ont mené à ce qu’on va lire. On fait également connaissance avec les principaux éléments des trois grandes factions (les lignées du Vrai Sang, les lignées de la Route Noire, Aeglyss et les Harfangs), avant d’arriver au Solstice d’Hiver, point de départ de l’intrigue (d’où le titre original Winterbirth de ce tome 1).
Et une fois qu’on est là, on ne lâche plus.
Principalement grâce aux nuances apportées aux différents personnages. On pourra regretter quelques archétypes dans les psychologies (du moins au début), et peu d’originalité dans les races (les noms, très originaux, cachant finalement Elfes/Elfes Noirs, Humains, Lycanthrope…) mais cela passe vite au second plan derrière le fait que ni héros ni méchants ne se détachent.
Chaque personnage, chaque faction a ses propres intérêts, ses propres ambitions, ses propres raisons de se battre.
Aucun parti pris, ici, et chacun trouvera un personnage à qui s’identifier. On s’attache particulièrement à Aeglyss, dont le statut de véritable ordure disparaît rapidement dès que l’on commence à connaître son histoire.
L’intrigue n’est pas particulièrement originale, mais remplit parfaitement son rôle de volume 1 en posant les bases d’un univers intéressant et prenant, pour un moment d’évasion réussi.
Cet univers s’étoffe d’ailleurs avec les introductions de chacun des cinq actes, issus d’ouvrages de contes et légendes du monde de la trilogie (ce qui n’est pas sans rappeler les moments où Tolkien énonce Tom Bombadil, des chants, ou des contes des Terres du Milieu dans Le Seigneur des Anneaux).
La plupart des demoiselles apprécieront aussi que les rôles féminins ne soient pas là pour faire joli (si ça arrive, c’est l’espace d’une ou deux scènes, et le personnage disparaît rapidement) ^^ Elles sont en effet importantes pour la guerre qui se profile, soit dans l’ombre, soit sur le champ de bataille.
Champ de bataille qui est loin de constituer l’essentiel du roman, même si quelques combats émaillent le récit. Brian Ruckley est assez doué pour faire passer la tension et les violences des combats.
Point qui m’amène directement à son écriture ^^
C’est fluide, facile à lire, les descriptions sont réussies sans être trop longues ou lourdes à digérer… Au final, les 600 pages du récit passent très vite et sans difficultés majeures. Les seuls petits soucis étant à mettre sans doute sur le compte de la traduction et de l’édition française, comme une série de mots sans espaces, un mot qui ne sert à rien, une orthographe de nom modifiée (à un moment, Anyara est devenue Anarya avant de reprendre son nom normal)… Mais ça reste heureusement extrêmement rare et absolument pas préjudiciable.
Nous avons donc là un scénario prenant et efficace, un univers intéressant, des personnages qui ne sont ni bons ni méchants, mais juste réalistes avec leurs ambitions et buts, une belle écriture… Une superbe mise en place pour les évènements à venir.
A éviter toutefois si on débute vraiment dans le genre, on pourrait vite se retrouver noyé sous les informations à assimiler
Au final, Un Hiver de Sang est un très bon roman de fantasy, un vrai coup de cœur pour moi, et je place déjà Brian Ruckley comme un futur auteur incontournable du genre =)
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