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Une lecture forte et addictive [...]. Page des libraires Ce nouveau roman confirme le talent de Victoria Mas. Lire-Magazine littéraireUne prophétie. Une île du Finistère Nord. Les visions d'un adolescent fragile. Et, au-delà de tout, jusqu'à la folie, le désir de croire en l'invisible. Soeur Anne, religieuse chez les Filles de la Charité, reçoit d'une de ses condisciples une prophétie : la Vierge va lui apparaître en Bretagne. Envoyée en mission sur une île du Finistère Nord balayée par les vents, elle y apprend qu'un adolescent prétend avoir eu une vision. Mais lorsqu'il dit « je vois », les autres entendent : « J'ai vu la Vierge. » Face à cet événement que nul ne peut prouver, c'est toute une région qui s'en trouve bouleversée. Les relations entre les êtres sont modifiées et chacun est contraint de revoir profondément son rapport au monde, tandis que sur l'île, les tempêtes, les marées, la végétation brûlée par le sel et le soleil semblent annoncer un drame inévitable. Révélée par Le Bal des folles, couronné par le prix Stanislas et le prix Renaudot des lycéens, traduit en 25 langues, adapté au cinéma et en bande dessinée, Victoria Mas signe avec Un miracle son second roman.
Un roman que j'avais découvert lors de la rentrée littéraire 2022 avec les ex ambassadeurs et Ambassadrices de Culturalivres lors des comités de lectures j'en ai retrouvé plusieurs sur ce nouveaux sites et pour les autres j'espère pouvoir a nouveau échanger avec vous.
Un miracle de Victoria Mas, lu par Julie Pouillon, Audiolib, 2022 (1ère édition : Albin Michel, 2022)
J’avais particulièrement apprécié le premier roman de Victoria Mas, Le Bal des folles pour son ambiance, son écriture, sa façon de traiter un sujet difficile, celui de l’aliénation…
Alors, ce deuxième roman qui parle de désir de croire à l’invisible m’intriguait et m’attirait en même temps.
Un lieu propice aux divagations de l’esprit : l'île de Batz, au large de Roscoff, dans le Finistère Nord, balayée par les vents et les embruns, personnage à part entière de l’histoire.
Une unité de vie insulaire, séparée du monde, avec ses propres codes et valeurs.
Un endroit où les tempêtes, les marées, la végétation brûlée par le sel et le soleil semblent annoncer un drame inévitable.
Des personnages complexes, torturés…
Une religieuse exaltée, persuadée qu’elle aura une vision, prophétisée par une sœur visionnaire ; elle n’a pas vraiment écouté car la prophétie énonçait le lieu, pas la bénéficiaire… Dans le récit du songe prophétique, péchant par orgueil, elle n’a vu que son propre souhait, son besoin d’être élue.
Des cathos-catés, pratiquants certes, mais de là à affirmer que leur foi est sincère…
Un fils mal aimé, sensible ; il observe le ciel à travers sa lunette astronomique pour comprendre le monde…
Un père autoritaire, intolérant, plus intégriste qu’intègre…
Une fillette asthmatique…
Une aubergiste à la piété touchante…
Un adolescent piégé dans l’absence de sa mère, perdu dans un deuil impossible…
Des bretons sensibles à la nature de leur ile.
Quand le jeune paumé dis « je vois … » et lâche prise, les autres ajoutent « la vierge » !
Face à cet événement, créé de toutes pièces, fantasmé, amplifié, que nul ne peut pourtant prouver, c'est toute une région qui se trouve bouleversée. Les relations entre les êtres sont modifiées et chacun est contraint de revoir profondément ses attentes, son rapport au monde, au sacré, à la foi.
Victoria Mas décrit une dramatique montée en puissance. Son écriture est précise, poétique, immersive.
Dans le langage familier, « voir la vierge » veut dire rêver, se faire des illusions…
Un miracle, vous dites, mais l’asthme connaît des périodes de rémission, faisant parfois oublier la maladie…
Peut-on encore croire aux apparitions de la vierge et aux miracles de nos jours ? L’homme contemporain s’est émancipé du divin et désacralisant à tout va, en s’ancrant dans le réel.
Une lecture audio très prenante, admirablement servie par la voix de la narratrice.
Drôle de roman, étrange ambiance…
Une lecture qui m’a laissée perplexe et un peu secouée.
#lesglosesdelapiratedespal
Quand Anne, religieuse, reçoit une prophétie dans laquelle la Vierge lui apparaîtrait en Bretagne, elle en est galvanisée d'impatience. Lors de sa nouvelle affectation, l'événement ne répond pas à ses attentes, créant finalement une horde inattendue de bouleversements...
Victoria Mas nous offre ici un huis clos dans une ambiance sourde et pesante. Les décors et la mise en place des personnages participent à notre vigilance, ignorant encore où l'auteure veut nous emmener. Les hommes ici sont mis à l'épreuve pour révéler leur nature profonde.
On parle ici de la façon dont la foi peut porter, ou tout aussi bien intensifier encore, les fragilités. Le drame est latent, avec des problématiques effleurées qui, on s'en doute, vont tôt ou tard nous exploser au visage. La sidération est virale, le mirage gonfle les interprétations et avec lui les prémices d'un dérèglement.
J'ai été émue par les différences, bouleversée par la bienveillance et la clairvoyance de Madenn. Le bien et le mal s'affrontent entre écueil, culpabilité et grand pardon. Si le rythme est lent, tout s'accélère dans la dernière partie qui nous précipite entre enfer et damnation.
Qu'en est-il de l'offense ? Qu'en est-il de la prédiction ?
❝Le miracle est l’enfant chéri de la foi.❞
Goethe
❝Dès lors qu'on ne doute plus... c'est là que surviennent les miracles.❞
Avec Un miracle, Victoria Mas revient à l’écriture après Le Bal des folles qui à l’automne 2019 ne m’avait qu’à demi convaincue en dépit de son succès retentissant. En ne me joignant pas au concert de louanges, je m’étais dit que je n’avais peut-être pas su voir ce que tous voyaient, que je me montrais bien tatillonne et peu indulgente pour ce qui était un premier roman. Au vrai, si ce deuxième roman n’avait pas intégré la sélection 2023 des 68 premières fois, je ne me serais pas fait une priorité de le lire.
Paris, rue du Bac. La nuit de ce 18 juillet 1830 est bleutée et le couvent des Filles de la charité dort encore quand Sœur Catherine Labouré va par les couloirs à la suite d’un enfant de lumière venu la réveiller.
❝— Levez-vous et venez à la chapelle, la Sainte Vierge vous attend.❞
Paris, rue du Bac. De nos jours. Sœur Anne est entrée au couvent des Filles de la charité comme elle entrait dans l’adolescence. Elle est venue là ❝trouver en la Vierge ce que ses deux parents lui avaient refusé, à savoir une présence, mais aussi et surtout la chasteté❞. Quand Sœur Rose, plus âgée, reçoit une prophétie qui lui annonce une apparition mariale en Bretagne, Sœur Anne se fait une joie d’aller en mission à Roscoff auprès de Sœur Delphine et de Père Erwann.
Tout le roman est nimbé d’une coloration qui hésite, mi mystique, mi religieuse. En choisissant la Bretagne et plus précisément l’île de Batz, commune insulaire située à un quart d’heure de bateau de Roscoff dans le nord du Finistère, Victoria Mas ancre son récit dans une terre étrange, veinée de chemins de ronde et de sentes sur lesquels les nuages se penchent et la pluie galope, bordée de rivages blancs râpés par des vents irascibles, hérissée de landes et de rochers où se tapissent sortilèges, légendes et mystères. La Bretagne toujours changeante est le lieu où l’imaginaire et le réel se côtoient et parfois se confondent. Là vivent des Bretons qui ont encore un sens aigu du sacré, ❝[qui] ne défient pas la nature, [mais] lui obéissent❞. Là vit, entre terre, mer et ciel, une petite communauté que j’ai eu la surprise de découvrir paradoxalement peu soudée. Il y a Madenn qui tient le bar restaurant ; Hugo, l’adolescent passionné d’astronomie méprisé par un père à la ferveur catholique suspecte, qu’il ne comprend pas ; Julia, sa soeur souffreteuse car asthmatique ; Isaac, adolescent lui aussi, qui ne se remet pas de la mort prématurée de sa mère et parcourt la lande par tous les temps sous l’œil protecteur de Madenn. Isaac, que l’Ancien Testament appelle l’Enfant du miracle, est bien celui par qui un miracle va se produire sur l’île, au grand dam de Sœur Anne qui croyait être l’élue.
Un miracle n’échappe hélas ni aux images stéréotypées ni aux lieux communs. Tous les personnages sont artificiels, réduits à quelques traits simplistes et figés. Enfermés dans une seule dimension, ils ont peu d’interactivités, comme s’ils avaient été posés là, au fil de l’écriture, sans qu’aucune préparation n’ait été pensée en amont pour tisser leurs liens et les faire habiter l’histoire. En outre, si la carte postale bretonne est belle sous ses ciels chiffonnés à la Boudin, elle reste une image de papier glacé, usée d’avoir été souvent vue.
Non, là où est l’intérêt, c’est dans ce que le roman dit de la relation que chacun entretient avec le ciel. Si tous lèvent les yeux vers lui, chacun a ses raisons de le faire, qu’on le regarde en scientifique comme Hugo avec sa lunette astronomique, ou parce qu’on a été illuminé par une vision comme Isaac, ou parce qu’on espère y trouver une réponse qui se dérobe.
Un miracle offre de réfléchir entre autres sur :
✦ la ferveur populaire et ses dérives où ce qui est cartésien n’a guère sa place dès lors que tout le monde se presse d’interpréter un ❝Je vois, papa❞ qui pourtant ne révèle ni qui ni quoi ;
✦ ❝[cette] lutte sans vainqueur, deux paroles irréconciliables, la foi et le refus, l'élan vers l'invisible et l'ancrage dans le réel❞ ;
✦ ce qui est dit des hommes prompts à se muer en ❝Une meute, aboyant entre les tables, parlant du sacré alors qu'elle avait perdu toute humanité❞ ;
✦ la rancoeur jalouse qui ronge les meilleurs au nombre desquels la finalement bien peu charitable Sœur Anne, déconfite au-delà du raisonnable de n’avoir pas été choisie par la Vierge.
Comme l’était Le Bal des folles avant lui, Un miracle est lent, porté par une écriture apprêtée qu’alourdit un chapelet de virgules et d’anaphores. Est-ce pour rédimer une histoire assez creuse et banale que la fin se veut saisissante, prenant le risque de n’être pas du tout crédible en plus de donner l’impression que Victoria Mas, après avoir exagérément pris son temps, cherche comment poser au plus vite le point final ?
Une déception.
https://www.calliope-petrichor.fr/2023/04/25/un-miracle-victoria-mas-albin-michel/
Je viens de terminer la lecture de "Miracle". Les descriptions de ce bout de Bretagne sont excessivement poétiques, notamment celles des couleurs du ciel : on pourrait le peindre. L'histoire n'a pas de temporalité : elle pourrait aussi bien se dérouler aujourd'hui qu'au temps des apparitions mariales de la rue du Bac dont il est question dans le roman. Ce contexte hors du temps inscrit "Miracle" dans l'universalité, la vérité générale. Victoria Mas en fait l'occasion d'étudier les réactions humaines face au phénomène de l'apparition en dehors de tout prosélytisme. La foule est crédule, enthousiaste, mystique et, comme la mer, elle peut se déchaîner. Il y a aussi dans "Miracle" une très belle étude de personnages qui regardent le ciel : Isaac le voyant, Hugo qui observe le ciel à travers sa lunette. C'est un livre qui ne laisse pas insensible que l'on soit croyant ou non.
Sœur Anne ne voit rien venir sur la grève de ce coin perdu de Bretagne qu'elle a accepté de rejoindre dans l'unique but d'y voir la vierge. Sœur Anne appartient à la congrégation des filles de la charité rue du bac à Paris. Parce qu’elle a été bercée toute sa jeunesse par Catherine Labouret, sœur Anne sait tout des apparitions un siècle auparavant. Elle est sans aucun doute plus portée sur la croyance que le commun des mortels. C’est là que depuis ses treize ans elle a trouvé la sérénité et le calme. Là où Catherine avait eu ses apparitions et créé la médaille miraculeuse à la demande de la vierge. Mais un jour sœur Rose révèle qu’elle a fait un rêve, la vierge apparaîtra sur une île du côté de Roscoff. Alors celle qui n’a connu que l’abri de la congrégation n’hésite pas une seconde et accepte une mission dans cette Bretagne bercée d’Ankou, de fées et de croyances.
Arrivée tout au bout du Finistère Nord, elle travaille sans relâche et espère chaque jour que les prédictions vont se réaliser. C’est sa raison de vivre, d'espérer, de croire.
Sur l’île, Isaac vit avec son père Allan. Ce dernier survit depuis la mort de son épouse, et leur foyer est en décrépitude, la tristesse et des airs de fin du monde se sont installés dans leurs vies.
Hugo est le fils de Michel Bourdieu, venu sur l’île pour soigner sa fille Julia, asthmatique et fragile. Violent, autoritaire, il choisit ceux que son fils peut fréquenter et ce n’est certainement pas le fils d’Allan.
Mais un soir, Isaac est pétrifié, sur le promontoire face à la mer, il voit celle que personne ne voit, il entend, il écoute, il sait. Chaque soir, ce moment se répète, la population éblouie cherche à savoir, comprendre, accompagner le voyant.
Quand et comment se produira le miracle, nul ne le sait.
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2023/03/15/un-miracle-victoria-mas/
J'ai adoré ce roman très original énigmatique bravo à l'auteur
Je n’avais pas été franchement convaincue par « Le bal des folles », mais c’était tout de même un premier roman d’une lecture agréable. Du second roman de Victoria Mas, j’attendais davantage.
Dès les premières pages de « Un miracle », nous découvrons la genèse d’une sainte, il s’agit de Catherine Labouré . Novice chez les sœurs de la Charité, elle va connaitre à plusieurs reprises des apparitions mariales. Puis nous revenons à une époque plus contemporaine avec Sœur Anne, fille de la charité qui débarque sur l’île de Batz rejoindre une autre sœur à la mission locale. La foi chevillée au corps, la jeune sœur a la certitude de voir bientôt la vierge selon la prophétie d’une vieille religieuse.
Sur l’île, les habitants sont peu nombreux et se connaissent. Il y a Madenn, qui tient le café-restaurant et qui a un cœur d’or. Elle veille sur Isaac, jeune adolescent au visage d’ange mais à l’humeur sombre depuis la mort de sa mère. On croise aussi les Bourdieu, famille très pratiquante sous la férule du père. Le fils Hugo préfère les étoiles à la religion tandis que sa petite sœur Julia souffre d’asthme sévère.
Alors que sœur Anne attend l’avènement de la prophétie, ce sera Isaac le visionnaire d’une apparition. Il voit une femme et la nouvelle va se répandre parmi les habitants à la croyance catholique mâtinée d’idolâtrie et de superstitions.
Devant l’irrationnel, il y a cette ferveur immense chez les croyants, cette envie de croire au miracle et, en opposition, les sceptiques et ceux que l’apparition dérange dans leur doctrine.
Tout cela se déroule dans une île étroite, à l’écart du monde, une île bretonne où les légendes, les croyances de tout poil sont légion. Dans cette atmosphère sauvage, au bord d’un océan dont le flux et le reflux rythment la vie, on assiste au cheminement d’un drame.
Si l’histoire est contemporaine, il est difficile d’en situer l’époque exacte. Tandis que les sœurs portent encore le voile, le prête a abandonné la soutane pour un costume sobre avec une croix épinglée à son col. C’est entre 1962 et 1965, suite au concile de Vatican II, que les religieuse et les prêtres ont abandonné voile, habit monastique et soutane. Idem pour l’abandon de la messe en latin au profit du français. J’ai regretté le manque de précisions ainsi que la vision romanesque concernant la religion. Les sœurs de la charité dont la mission consiste à assister les malades, handicapés, orphelins, sont décrites comme des dames patronnesses et l’on tombe carrément dans la caricature avec le personnage de Michel Bourdieu, un catholique intégriste et autoritaire peu crédible.
J’ai aimé l’écriture poétique de Victoria Mas qui rend si bien l’atmosphère particulière d’une île bretonne bien que cela relève parfois davantage de l’exercice de style (la mer déchale souvent !) au risque d’étouffer toute émotion. Les nombreux personnages manquent de densité et on reste trop souvent en surface. Enfin, j’ai eu une grosse déception avec le dénouement qui nous fait basculer dans l’ambiance thriller.
Aux lecteurs intéressés par le thème des enfants témoins d’apparitions mariales, je conseille le beau roman de Marie Rouanet « Qu’a-t-on fait du petit Paul ? » qui s’inspire d’un fait réel.
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