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Le livre que Lorenzo Viani fait paraître en 1925 en Italie, chez le prestigieux éditeur milanais Treves, n'est ni un Baedeker du Paris artistique du début du XXe siècle, ni le journal que le jeune peintre aurait rédigé au cours de ses séjours dans la ville lumière. L'étiquette " roman " dédouane Un hiver à Paris de toute obligation d'exactitude factuelle. Lorenzo Viani fond en un seul les trois séjours qu'il a effectués à Paris de 1908 au début de 1912, malmène la chronologie, redessine la topographie parisienne, mais cela n'a guère d'importance. Le lecteur se rend compte rapidement que les véritables enjeux de cet étonnant roman autobiographique rédigé à la première personne se situent sur un autre plan.
Un hiver à Paris enchaîne librement les épisodes et les anecdotes sans se soucier de l'architecture de l'ensemble?; les différents chapitres ou parties n'ont pas de titres?; certaines pages semblent avoir été écrites par un peintre qui se promènerait au hasard dans Paris, carnet à la main, prêt à fixer par un croquis une scène ou un visage qui l'ont frappé. En réalité, malgré son apparence brouillonne, le livre est construit de sa façon aussi habile que tendancieuse. Il ne s'agit pas d'un Bildungsroman. Ni au plan artistique, ni au plan humain le héros n'évolue au fil du récit. Le séjour parisien est plutôt une épreuve à laquelle le protagoniste réussit à ne pas succomber. Une saison en enfer, car Paris est le lieu de la perte de soi. L'enjeu était la survie.
Un peu plus de cent ans après le départ de Viani de Paris, Un hiver à Paris franchit pour la première fois les Alpes. Les lecteurs découvriront cet étonnant roman picaresque où l'humour le dispute au macabre, le comique au dramatique. Ce roman pictural est un témoignage, atypique et partial à souhait, mais passionnant d'un bout à l'autre, sur les nombreuses servitudes et les quelques grandeurs d'un artiste italien à Paris au début du XXe siècle. Autodidacte, Lorenzo Viani l'est resté dans Un hiver à Paris. Truffée de forme dialectales, de termes techniques, de calques d'un français mal appris et mal restitué, de constructions improbables, sa langue, d'une force et d'une efficacité inouïes, lance au traducteur un défi que seule la science et la virtuosité de Gérard Genot pouvaient victorieusement relever.
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