"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À la Buvette du Piémont, un vieux journalier est attiré par un grand gars qui paraît affreusement triste ; il provoque ses confidences : Albin vient de la montagne, de Baumugnes. Trois ans auparavant, il était tombé amoureux fou d'une fille qui s'est laissé séduire par le Louis, « un type de Marseille, un jeune tout creux comme un mauvais radis». Le Louis ne lui avait pas caché que son intention était de mettre la fille sur le trottoir. Depuis, Albin est inconsolable, traînant de ferme en ferme, sans se résoudre à remonter à Baumugnes.Alors le vieux, qui n'est que bonté, décide d'aider Albin...
Rempli d'amour, de tendresse et de fraîcheur, Un de Baumugnes est le deuxième roman de la trilogie de Pan, les deux autres étant Colline et Regain.
Si vous avez aimé Regain, vous apprécierez Un de Baumugnes , le lecteur y retrouve les thèmes chers à Giono: la Provence, la ruralite, la nature, la vie des
travailleurs de la terre , paysans ou journaliers, l'amour.
Le récit est pétri d'humanité, réel et onirisme se confondent dans les dernières pages du livre.
Le texte est très visuel, l'auteur utilise une langue qui emprunte à l'oral, cette oralite se conjugue à de riches portraits et descriptions.
Giono a confiance dans l'homme, dans sa capacité à changer si les événements lui sont favorables. Cette empathie fait de cette histoire pleine de poésie un très beau récit.
Et l'histoire ?
Le narrateur c'est Amédée, un vieil ouvrier agricole de Provence, attentif aux autres.Dans un café, il recueille les confidences de Louis, journalier comme lui. Louis c'est celui de Baumugnes , terre des hommes simples, sains et justes.
Louis dit sa rencontre avec Angele, la fille de la ferme de la Douloire.Mais Albin, beau parleur, est parvenu à séduire Angele, il a fait avec elle comme si elle était une bête
et cela a marché. Albin le citadin, a vu l'or qu'Angele pourrait lui rapporter .
Louis s'en veut retourner à Baumugnes,son village fermé, reculé.. Mais Amédée, ému par cette histoire a un plan…
L’accordeur d’âmes.
Dans ce deuxième livre de la trilogie de Pan, la beauté réside dans l’emploi du Je.
Je, c’est Amédée, tout un vieux journalier qui loue ses bras aux fermes alentours. L’expression qui me vient dès les premières lignes le concernant : un accordeur d’âmes.
Comme les accordeurs de piano, Amédée lui sait écouter ceux qui en ont besoin, il est attentif et bienveillant, un sage qui n’hésite pas à trouver les mots qui réconfortent et à agir pour améliorer ce qui peut l’être.
Alors, après une dure journée de labeur, à la buvette il repère tout de suite l’âme en peine qui se nomme Albin, il est de Baumugnes, mais cela fait trois ans qu’il n’y est pas retourné.
Car un drame s’est noué un soir et lui a laissé un désespoir qu’il traine d’un endroit à l’autre.
Il était en compagnie de Louis, une petite frappe, quand ils ont vu passer une belle jeune fille Angèle. Louis a tout de suite vu le potentiel de la demoiselle, il l’a séduit et puis…
Angèle est la fille unique de Clarius et Philomène Barbaroux qui ont la ferme de la Douloire.
Amédée échafaude un plan, il envoie Albin dans une ferme de sa connaissance et lui promet de revenir vers lui dès qu’il en saura plus sur Angèle.
« Ne va pas tout de suite sur la route de ton pays. Écoute : les batailles avec les mauvaises choses, garçon ça dure toujours longtemps, mais, même quand on a touché des deux épaules, on ne doit pas dire : c’est fini. On se relève et on recommence ; à la fin, c’est le malheur qui reste dans la poussière. »
Lui se rend à la Douloire, s’il est mal accueilli par Clarius, il est adopté par Philomène, il va être chargé des gros travaux.
Il découvre que le couple n’est plus ce qu’il était. Peu à peu, il découvre qu’Angèle, fille « gâchée » est revenue à la ferme mais que les parents la cachent.
Reste à découvrir où est cachée Angèle.
Il rejoint Albin, comme promis.
Dans ce roman, Giono prend l’habit d’Amédée et donne une humanité qui s’est bâtie sur la terre, celle que l’on cultive, contemple, nourrit , qui nous a vue naître et nous verra mourir.
Un pan de vie qui s’inscrit dans le grand cercle de la vie.
Il raconte l’époque avec ses us et coutume, ses failles.
De la folie des gens de la terre à la sagesse.
Comme pour une récolte il faut du temps au temps, pour murir et s’épanouir.
Jean Giono y déploie tout son art de la métaphore au lyrisme et surtout des dialogues qui sonnent clairs et justes.
Un livre qui se lit avec les yeux mais aussi l’ouïe et tous les sens en éveil.
C’est un art rare.
Et j’ai adoré le dénouement qui lui aussi sonne comme le final d’une symphonie.
Un enchantement qui se renouvèle à chaque lecture. De l’émotion autant pour les personnages que pour cette Provence.
Traduire en mots le regard, une belle illustration :
« Je regardais, chaque midi, un petit épi de soleil qui, d’entre les rideaux, s’en venait farauder sur le nickel de la machine à coudre. »
Je crois fermement que le bonheur est niché là !
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/05/20/un-de-baumugnes-jean-giono/
j'aime l'écriture de Giono, tout simplement .
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