"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Roman sélectionné pour le prix Bureau des lecteurs Folio Policier 2022 Sierra Leone, 1992. La vie de Neal Yeboah, douze ans, bascule sans prévenir dans les horreurs de la guerre civile qui ensanglante son pays : enrôlé de force dans un groupe armé, il devient un enfant-soldat.
Genève, aujourd'hui. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse. L'homme avec qui elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palace genevois, un pic à glace planté dans l'oreille. Tanya comprendra très vite qu'elle a mis les pieds dans une affaire qui la dépasse...
Trente ans séparent ces deux histoires, pourtant, entre Freetown, Monrovia, Paris, Nice, Genève et Washington DC, le destin fracassé de Neal Yeboah va bouleverser la vie de bien des gens, celle de Tanya en particulier. C'est que le sang appelle le sang, et ceux qui l'ont fait couler en Afrique l'apprendront bientôt. À leurs dépens.
31.07.2022 #70eme
Dans le cadre du Bureau des Lecteurs Folio Policier RTL 2022, sixième lecture (sur 8) avec ce « Un coin de ciel brûlait » qui nous fait voyager entre la Sierra Leone vers 1992, la Suisse, le Royaume Uni, la France de nos jours….
A Koidu, capitale du nord de Sierra Leone, ils sont trois enfants Eden Korona, secrètement amoureuse de Neal Yeboah, fils de l’imprimeur et Saad Rabbari, dont le père est Directeur du mine de diamant pour le compte de la compagnie Beers, trois gamins de 12 ans qui vont croiser, beaucoup trop tôt pour leurs âges, les chemins des rebelles, voleurs, violeurs, tueurs du RUF qui vont définitivement changer leurs vies.
Un bond de 30 ans et nous voici de nos jours à suivre la journaliste d’investigation Tanya Rigal, qui a été contacté par l’américain Franck Metzinger que l’on vient de retrouver assassiné dans sa suite d’hôtel à Genève. L’enquête est confié, entre autres, à Amanda Sharp, de l’Ambassade américaine.
Enfin à Frankland au Royaume Uni, le Dr James Songbono vient postuler au poste de médecin de la prison principale.
L’auteur Laurent Guillaume va très habilement dérouler les histoires de ces six personnages, très opposés à la base, pour nous emmener petit à petit, avec beaucoup de scènes terribles de guerre, les petits soldats africains enrôlés de force, de trahison, de convoitise, d’intrigues diplomatiques avec un soupçon d’amour (quand même) sur un épilogue surprenant.
Un de mes préférés sur la sélection pour le moment….
Si je n’ai découvert sa plume qu’assez récemment – Je m’en souviens encore, c’était à l’occasion du Salon « Toulouse Polars du Sud » alors que venait de paraître « Là où vivent les loups » -, je me suis rattrapée depuis, et Laurent Guillaume n’a jamais cessé de me souffler comme le prouve encore ce titre si puissant tout comme sa couverture si évocatrice.
Sans prendre le temps ni la peine de nous ménager, l’auteur plante le décor au pic à glace pour mieux nous immerger au cœur d’une intrigue à deux temps aussi brutale que prenante, aussi poignante qu’instructive. Sans aucun doute fondé sur des faits d’une sinistre réalité qu’il était plus facile d’ignorer, Laurent Guillaume nous fait voyager sans passer par l’office du tourisme au profit d’un scénario nerveux mais surtout douloureusement crédible, démontrant qu’au-delà des intérêts politiques, ce sont souvent – toujours – les intérêts financiers qui mènent cette danse macabre.
Dans un monde où les diamants valent bien plus que des vies humaines, il devient dès lors atrocement aisé de « forger » des enfants soldats pour mener des combats aussi sauvages que gratuits… Mais même l’horreur a un prix que les plus cupides ont su trouver, ainsi qu’on va pouvoir le découvrir aux côtés de Neal comme de Tanya au fil de cette histoire menée tambour battant d’une plume fluide et percutante, d’un style nerveux et efficace dont je me dois absolument de vous livrer quelques extraits :
« A présent, le jeune homme était allongé sur le ventre sur deux tables d’écolier mises bout à bout dans le seul bâtiment en dur de toute la région, une école primaire bâtie dix ans plus tôt par une ONG suisse. Il y avait encore une banderole défraîchie qui clamait : « Eduquer, c’est croire à demain. » Mais demain avait déchanté. Plus aucun enfant n’apprenait ici. La guerre civile les avait renvoyés aux champs. Le soir, ils se terraient avec leurs parents dans leurs misérables cases de banco, espérant échapper aux rebelles, aux Kamajors, aux soldats des forces armées sierra-léonaises. A tout le monde en réalité. »
« Beaucoup avaient dû mourir depuis, les rebelles manquaient de tout – particulièrement de médicaments et de médecins -, mais pas d’armes. Ca, les diamants leur en fournissaient plus que nécessaire ».
« Ainsi on en est là, se dit-il, prêts à se massacrer entre nous pour quelques cailloux. La rébellion, toute cette merde n’est que l’excuse pour que certains puissent s’enrichir. »
« C’était impressionnant, dans l’obscurité on aurait dit qu’un coin du ciel brûlait ».
« – Nous ne pouvons pas tuer tous les gens qui représentent une gêne, Monsieur.
– Bien sûr que si, nous pouvons ! Pourquoi ne pourrions-nous pas ? Cette nation s’est même bâtie sur ce principe. »
En bref, un thriller géopolitique tout à la fois passionnant et révoltant, pourtant non dénué d’humanité mais à l’issue duquel on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.
(Chronique complète : https://deslivresetmoi7.fr/2021/09/chroniques-2021-un-coin-de-ciel-brulait-de-laurent-guillaume.html)
En 1992, arraché à sa famille par la guerre civile qui ravage la Sierra Leone, Neal Yeboah, douze ans, est enrôlé de force comme enfant-soldat. Trente ans plus tard, un homme est retrouvé assassiné dans un palace genevois. Il avait rendez-vous avec la journaliste d’investigation Tanya Rigal, qui, convoquée par la police judiciaire suisse, réalise qu’elle est sur une affaire énorme, intéressant jusqu’aux services secrets américains. Elle ne sait pas encore, que de l’Afrique à l’Europe et aux Etats-Unis, le sang n’a pas fini de couler…
En flic-auteur avisé, Laurent Guillaume nous entraîne dans une enquête énergique et pleine d’adrénaline, dont le style percutant et le rythme soutenu sont faits pour happer le lecteur de la première à la dernière page. Il nous livre donc un bon polar, captivant à souhait, mais pas seulement. Son livre est aussi une plongée, terrifiante il faut le dire, dans la guerre civile qui ravagea la Sierra Leone pendant toutes les années quatre-vingt-dix, décimant et déplaçant les populations dans un déchaînement de violences et d’atrocités, le tout avec le concours massif d’enfants-soldats, et pour enjeu principal, le contrôle des zones diamantifères. L’auteur enchâsse ainsi sa fiction dans une trame historique parfaitement authentique, parsemée de personnages réels, et, par d’incessants allers-retours entre l’Afrique et le reste du monde à trente ans d’intervalle, met efficacement en lumière le problème persistant des diamants de conflits, aussi appelés diamants de sang.
La narration, suffisamment réaliste pour bien faire prendre la mesure des atrocités commises, en même temps que l’ampleur des jeux de pouvoir économique et politique qu‘alimente la contrebande de diamants, a de quoi faire froid dans le dos. En plus d’aider à armer les rébellions et d’entretenir l’instabilité en Afrique, les diamants de sang continuent aujourd’hui à financer des régimes totalitaires. Al-Qaïda aussi en a tiré une partie de sa fortune...
Loin du simple divertissement, ce polar palpitant est aussi l’occasion de découvrir le rôle des diamants dans les conflits africains. Avant d’être montés en bijoux, ce sont parfois de véritables rivières de sang qu’ils ont déjà fait couler…
Voici un roman dur et poignant qui à pour sujet principal le sang des diamants, les guerres civiles et les atteintes aux droits humains. Un récit difficile, sanglant, barbare et immersif au plein coeur de la guerre civile africaine.
Une histoire qui met en avant l'amitié, l'amour et la fraternité dans un monde de conflits politique et économiques, d'horreur inhumaines et de barbarie au Sierra Leone avec des enfants-soldats enrôlés malgré eux dans un destin funèbre.
Une lecture choc, qui ne vous laissera pas indemne. Ames sensibles s'abstenir.
https://www.purple-rain.fr/2021/08/livre-un-coin-de-ciel-brulait-laurent-guillaume.html
Ce polar sera votre votre prochaine lecture coup de poing !
Ancien capitaine de police, aujourd’hui consultant pour de grandes organisations internationales, Laurent Guillaume est l’auteur de plusieurs romans remarqués, dont Mako, Black cocaïne (en cours d’adaptation pour la télévision) et Là où vivent les loups. Il écrit aussi pour la télévision. » Un coin de ciel brûlait « est son nouveau roman, publié en juin 2021 aux éditions Michel Lafon, dans la collection Thriller.
Mars 1992 . Sierra Leone
Au moment de rejoindre ses amis Mina et Saad, le jeune Neal ne se doute pas un seul instant que sa vie va basculer dans l’horreur, lui, l’ado rêveur qui aimait les livres plus que le football. Recruté de force par les rebelles de la RUF, Neal va devenir un enfant-soldat, spectateur puis acteur des pires atrocités.
p. 87 : » Plus tard, Neal ne garderait que peu de souvenirs de cette expédition dans la jungle, juste une impression de cauchemar éveillé, de rêve brumeux. «
Trois décennies plus tard, la très prometteuse et ambitieuse journaliste Tanya Rigal reçoit un étrange appel d’un type prétendant s’appeler Metzinger et censé être un ancien membre des Affaires étrangères américaines. Il prétend avoir des informations à révéler, des choses graves relatives à une sorte de complot international. Alors que ce dernier lui donne rendez-vous dans un hôtel à Genève, il est retrouvé mort, un pic de glace enfoncé dans l’oreille. En analysant les caméras de surveillance de l’hôtel, le meurtrier ne semble pas soucieux de préserver son identité…
p. 86 : » Son regard ténébreux lui était destiné. Elle n’avait aucun élément pour le prouver, mais tout au fond d’elle, elle savait que le tueur lui adressait un message silencieux. «
Quel lien unit ces deux histoires ? Quelle découverte la journaliste va-t-elle mettre au grand jour ?
p. 298 : » – Donc, en Afrique de l’Ouest, il s’est passé quelque chose qui lie tous nos protagonistes, quelque chose de bien dégueulasse pour susciter un tel désir de vengeance chez notre tueur au pic à glace. Maintenant, il faut trouver quoi. «
Laurent Guillaume décrit la barbarie des hommes, dont la motivation n’a pas de limites lorsqu’il s’agit de pouvoir et d’argent. Au cœur des guerres civiles de l’Afrique de l’Ouest, dans un pays méconnu, l’auteur y puise son inspiration pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. Riche de son expérience, il nous tient en haleine grâce à ce subtil mélange de la fiction et de ses connaissances du terrain international. C’est passionnant, brutal et terriblement addictif. Ce page-turner vous tiendra en haleine tout au long de ses 500 pages !
https://missbook85.wordpress.com/2021/08/04/un-coin-de-ciel-brulait/
Laurent Guillaume fait partie de ces auteurs qui ne m’ont jamais déçu. A chaque nouveau roman, je me réjouis de découvrir ce qu’il nous a réservé.
Comme à son habitude, dans « Un coin de ciel brûlait », l’auteur nous fait voyager. On sent une nouvelle fois tout le travail qui se cache derrière ce texte. Il prend le temps de modeler son univers et son histoire. Son expérience de cette partie du monde et sa connaissance des conflits lui permettent de nous décrire à merveille le décor et surtout l’ambiance locale.
L’écrivain nous invite en pleine immersion dans l’Afrique des années 90. On découvre la corruption, les abus de pouvoir et la folie qui régnaient dans ces régions du globe. Ces comportements déviants engendraient une violence quasi omniprésente. Les habitants de ces terres vivaient dans la crainte perpétuelle d’être sauvagement attaqués. Avec sa plume toujours affutée, l’auteur retranscrit avec brio la bestialité de certains peuples et la détresse des habitants. On est au cœur des terribles guerres civiles africaines, amplifiées par les interventions cupides des occidentaux qui désirent s’approprier leurs richesses.
Grâce à une intrigue qui alterne entre passé et présent, le lecteur est happé par cette histoire de vengeance, déconseillée aux âmes sensibles. Le rythme est soutenu et on ne s’ennuie jamais. J’ai dévoré les cinq cents pages avec délectation, entraîné par le scénario qui m’a gardé sous tension jusqu’à la fin.
Aussi efficace sur le fond que sur la forme, ce roman noir est dépaysant, brutal et instructif. Je trouve que Laurent Guillaume n’est pas assez reconnu pour son talent, pourtant évident. J’espère qu’avec cette modeste chronique, je vous donnerai l’idée de tenter l’expérience et ainsi de remédier à cette anomalie. Lisez celui-ci ou un autre, je vous garantis que vous ne le regretterez pas !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2021/07/15/672-laurent-guillaume-un-coin-de-ciel-brulait/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !
Merci k79 pour cette belle chronique qui donne envie de découvrir ce roman. Belles lectures. Prenez soin de vous