"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cette année-là, j'avais vingt-deux ans et j'allais, au même moment, rencontrer l'insaisissable Paul Darrigrand et flirter dangereusement avec la mort, sans que ces deux événements aient de rapport entre eux.
D'un côté, le plaisir et l'insouciance ; de l'autre, la souffrance et l'inquiétude. Le corps qui exulte et le corps meurtri.
Aujourd'hui, je me demande si, au fond, tout n'était pas lié.
Après Arrête avec tes mensonges, roman pudique, qui met au jour l'éveil homoxesuel de l'auteur, Un certain Paul Darrigrand est le deuxième volet de la trilogie autobiographique de Philippe Besson, que Dîner à Montréal clôturera. Dans celui-ci il retourne donc sur les traces d'une jeunesse hantée par la mort et les liaisons dangereuses et nous entraîne sur les chemins de sa vie d'étudiant où réalité et fiction s'entremêlent.
S'apprêtant à déménager, Philippe Besson qui s'exprime à la première personne, fait le tri dans ses affaires et tombe sur une vieille photo de jeunesse prise entre le 17 et le 21 décembre 1988, sur l'île de Ré. Ce cliché, où ils sont deux, Paul, 24 ans et lui, Philippe, 21 ans ; prouve que leur relation a bien existé.
L'auteur se remémore sa première rencontre avec Paul, lors de la rentrée universitaire à Bordeaux où ils se bousculent en se croisant, chacun tentant de rejoindre son cours : "Donc, c'est juste cela, notre premier contact : une légère bousculade, une oeillade sombre, un frôlement, et puis un effacement. C'est sans importance. Enfin, c'est ce que je crois."
Un amour impossible va naître compliqué par la maladie. Philippe va être affecté par une anémie et des défenses immunitaires qui s'effondrent. Comment ne pas penser alors au sida et à la peur qu'il engendre.
Son amie Catherine lui fera prendre conscience qu'il souffre d’une affection qui a sans doute quelque chose à voir avec cet amour impossible et compliqué, même si le lien n’est pas avéré.
L'écrivain profite de cet épisode pour nous révéler qu'en 2001, dans un livre intitulé Son frère, il avait fait un pur roman à partir d'une réalité vécue dans sa jeunesse dans lequel son frère aîné lui annonce qu'il souffre d'une thrombopénie et où il s'était donné le rôle du bien-portant. Le lecteur était convaincu qu'il s'agissait d'un récit autobiographique ! Il nous dévoile ainsi le vrai et le romanesque de cet autre roman et nous montre ici, l'envers du décor : la réalité derrière la fiction. Il n'oublie pas également de rappeler l'actualité de ces années 88 - 89. Il évoque ce 21 décembre 88 date de l'explosion du Boeing 747 au-dessus de Lockerbie, ce 5 juin 89, à Roland-Garros où Michael Chang s'imposa face à Lendl et n'oublie pas de relater que presque au même moment, à Pékin, sur la place Tiananmen, un homme seul, sans arme, se tient debout devant une colonne de chars, l'empêchant d'avancer...
Philippe Besson par des mots bien choisis nous offre une autofiction toute en délicatesse, pleine de sincérité, avec ses souvenirs intimes particulièrement émouvants et si bien traduits qui lui reviennent en mémoire. Comme pour Arrête avec tes mensonges, j'ai été conquise par cette écriture concise, juste et pleine de subtilités qui traduit si bien l'envie, le désir, l'absence et la mélancolie.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J’aime beaucoup la sincérité de ce livre la recherche du mot parfait. Le style court efficace.
Ca y est ! je sais comment diminuer ma peine à la fin d’un roman qui a été mon meilleur ami quelques heures,
une journée... :
il faut avoir rencontré l’auteur avant!! Philippe Besson à la Fnac de Nice le 7 mars 2019 pour la sortie de “Un certain Paul Darrigrand”
quel homme sympathique! souriant, drôle alors je suis rassurée, je le sais, je l’ai vu, il va bien!!! même si “oui on ne peut pas empêcher une certaine mélancolie...”
Alors je vous rapporte ici quelques phrases de ce joli échange avec le public : “je n’écris que sur ça, l’absence le manque... les oublier et ils meurent une 2ème fois donc j’écris pour qu’on ne les oublie pas”
Je n’ai pas lu son livre,
je ne connais pas du tout cet écrivain mais il a piqué ma curiosité ce jour là
et il a l’air tellement sympa que oui je vais rester l’écouter, -je suis ravie d’être là- et j’ai très envie le lire !
Gravement malade à 22 ans “vous avez une anomalie dans le sang” il est toujours là, 30 ans plus tard, allégé de sa rate... “Ce qui est étrange c’est que j’étais très amoureux et mon corps lui était dans la souffrance “ “‘m’enfin je suis lucide :
“on va vers le gens pour une raison et on reste avec les gens pour d’autres raisons”
la difficulté ? il n’est pas disponible (marié)
“c’était un funambule !
“ce qui est intéressant chez les autres c’est ce qu’ils taisent”
de l’humour? oui !
quand il a lu Herve Guibert il s’est dit “tiens c’est amusant il a écrit sur moi alors qu’il ne me connaît pas!”
il cite Prevert, en public ce jour là et dans son livre : “c’était un cinéaste aussi
“.....pour moi un nageur est un futur noyé”
car oui, un noyé “ca fait” un livre ou un film, pas un nageur !” il est tres attaché aux détails:
il s’en souvient tres bien mais n’a aucun souvenir du contexte général...
il raconte l’histoire par le détail “c’est ce qu’il y a dans les non-dits que la personne se révèle :
un raclement de gorge au mauvais moment, dit tout de son embarras à lui”
Mot de la fin car Instagram me limite :
“oui ça n’a pas été facile pour moi que personne ne meurt à la fin ! “LOLL alors oui, c’était une belle rencontre!
et c’est un magnifique roman!!!
encore merci pour la gentille dédicace
@philippebessonauteur
Toujours aussi touchant, drôle, attachant,
il écrit comme il parle je le sais puisque j’ai eu la chance de le rencontrer 2 fois en 2 mois,
pas du tout avare de bons mots en conférences, débats et dédicaces
Allez, je reouvre mon livre,
tchintchin, bonne lecture à vous!!
retrouvez notre rencontre sur le festival du livre à Nice en juin 2019
EMMANUELLEM06
@philippebessonauteur #philippeBesson
Comme pour les romans de Delphine de Vigan, quand j'attaque un roman de Philippe Besson, j'aime avoir plusieurs heures devant moi, pour le lire d'une traite, c'est comme un rendez-vous, un moment entre parenthèses. Là encore, je n'ai pas dérogé à la règle et ce fut un pur bonheur. Ce roman est comme le précédent, d'une rare intensité, qu'on ne peut lâcher.
Une photo retrouvée, des années plus tard lors d'un déménagement, fait resurgir le passé et le souvenir d'une relation amoureuse, et d'un épisode occulté de sa mémoire. Philippe Besson a 20 ans , il est étudiant à Bordeaux, lorsqu'il rencontre Paul Darrigrand. Cette histoire d'amour cachée fait forcément écho au précédent roman de Philippe Besson, « Arrête avec tes mensonges » et son histoire d'amour adolescente et secrète avec Thomas Andrieu. Il s'agit là encore une fois d'un désir, d'une attirance, d'un amour fort et inévitable avec un homme qui n'assume pas son homosexualité et qui ne veut pas « que ça se sache » mais aussi d'une relation perverse, « un poison lent ». « À croire qu'on ne peut pas m'aimer au grand jour », s'interroge l'auteur. Qui présume que cela signifie forcément quelque chose. « Être une récréation quand on voudrait être une histoire. » Ce roman, comme le précédent, éclaire toute l'oeuvre de Philippe Besson, comme s'il levait le voile sur tout ce qui a fait la substantifique moelle de ses précédents romans. « Aujourd'hui voilà je vous montre l'envers du décor. » La réalité derrière la fiction. On retrouve la façon unique qu'a Philippe Besson de sonder les relations humaines et amoureuses. Après avoir romancé sa vie, Philippe Besson nous la livre par bribes, à nu, sans aucune impudeur néanmoins. Lui qui parle beaucoup d'intimité, ne serait-il pas en train de nous embarquer nous lecteurs, dans une relation intime avec lui, « infiniment plus dangereuse » mais aussi infiniment plus enrichissante et passionnante ? Mais ce roman, ce n'est pas seulement un roman d'amour car il il y fait un parallèle avec la maladie du sang dont il est victime après le départ de Paul Darrigrand pour Paris. « Je suis tombé malade après être tombé amoureux. » il s'interroge sur sa maladie qui dit quelque chose. « Ces deux événements n'étaient pas juxtaposés, ils étaient liés. » Ce roman est construit de façon non linéaire, plein de digressions, comme peut l'être la pensée.
Dans la lignée de "Arrête avec tes mensonges", Philippe Besson poursuit le récit des amours de sa jeunesse. La plume de Philippe Besson est toujours aussi fluide avec des mots pour faire surgir les pensées de son narrateur, ses émotions, ses envies, sa fragilité.
L'histoire est celle d'un amour contrarié, fait de moments furtifs ou volés. La passion est mise en avant avec une issue qui semble se dessiner au fil des pages. Paul Darrigrand sera et restera un amour de jeunesse avec la nostalgie qui avec l'idée aussi que tous les amours de jeunesse construisent l'individu que nous sommes.
En lisant avant "Arrête avec tes mensonges", autre amour de jeunesse, mais un peu plus tôt dans la vie de l'auteur, on peut avoir une impression de déjà-vu et une fin assez similaire. Le thème risque un peu de s'épuiser à force.
Philippe Besson prolonge "Arrête avec les mensonges", son précédent roman, qui évoquait les amours adolescentes, avec ses années d'étudiant en droit à Bordeaux et un nouveau grand amour.
Le déclencheur de ses souvenirs est une photo prise sur l'île de Ré, en 1988, où il est à côté de Paul, également étudiant en droit, marié. Les souvenirs de cette période remontent à la surface, période marquée par l'amour de l'auteur pour Paul ainsi que par sa maladie sanguine dont il réchappe de peu.
On retrouve les thèmes de l'amour caché, du sentiment d'infériorité de l'auteur qui ne se trouve pas beau, pas assez brillant, de l'amour impossible, de la culpabilité. La relation de Paul et Philippe est fondée sur les non-dits qui la faussent d'entrée de jeu.
Le roman est parsemé d'évènements qui ont marqué les années 1988 et 1989 comme si Philippe Besson reliait son histoire d'amour à l'histoire du monde, comme s'il avait besoin de ses repères pour convoquer les souvenirs, pour qu'ils ne s'effacent jamais.
Particulièrement présente cette fois, l'écriture et la frustration de ne pas pouvoir trouver les mots pour transcrire un regard, un sourire. De nombreuses références à ses romans précédents, qui n'apportent pas grand chose, alourdissent la lecture et interrompent la magie, l'émotion.
Même si j'ai eu une impression de déjà-vu (Paul Darrigrand renvoie à Thomas Andrieu d' "Arrête avec les mensonges"), la plume toute en sensibilité, en douceur, en pudeur de l'auteur, m'a à nouveau séduite.
J'attends maintenant de lire "Dîner à Montréal" en espérant que Philippe Besson saura se renouveler.
C'est par ce roman que je découvre Philippe Besson, dont j'avais beaucoup entendu parlé. J'ai aimé son style, la concision des mots, des descriptions. On va droit au but. L'histoire est émouvante, sensible, sincère mais j'ai pas eu de "coup de cœur" pour ce roman. Je suis curieuse d'en découvrir d'autres pour mieux comprendre l'auteur.
« Un certain Paul Darrigrand » est mon premier Philippe Besson et je comprends mieux pourquoi certains attendent avec impatience les romans de cet auteur! Dans ce roman, Philippe Besson se raconte, raconte ses amours, ses amitiés, ses études et sa maladie. Philippe se souvient de l’année de ses 22 ans à partir d’une photo qu’il retrouve, une photo prise au mois de décembre à l’île de Ré, là où tout a commencé avec Philippe, où leur histoire est devenue concrète. L’auteur se dévoile et permet à son lecteur d’entrer dans son intimité, il crée une proximité dans son écriture avec ses mots. Son écriture est fluide, puissante, elle permet de faire passer les émotions, ses émotions. Rien n’est surjoué, c’est juste, Philippe ne tombe pas dans le dramatique. Il parle de son amant, Paul, sans le juger, sans la faire passer pour le méchant dans l’histoire. Il se livre comme il le ressent, comme il a vécu cette histoire d’amour, cette histoire secrète. Puis vient sa maladie, maladie qui tarde à avoir un nom. Bien sur, comme beaucoup, comme lui, j’ai pensé au sida, sida qui le touche particulièrement vu que certaines de ses connaissances en sont mortes. Philippe n’a pas le sida mais il a une aussi grave maladie qui peut lui être fatale. Il va se soigner, se battre, combattre et c’est jamais dramatique, c’est la vie, c’est sa vie.
Dans « Un certain Paul Darrigrand », il y a de l’amitié, du secret, de la joie, des peines, de l’espoir, des souvenirs et surtout de l’amour. Philippe Besson parle de la vie étudiante, des retours chez les parents le week-end, des soirées au bar avec les amis, des études et des examens, de l’homosexualité, des choix à faire, de la maladie, tout ce qui fait une vie en fait! Philippe tombe amoureux et tombe malade: est-ce que cela est lié? Philippe se pose cette question comme son lecteur et ce même verbe pour deux actions bien différentes, à méditer!
« Un certain Paul Darrigrand » est une super découverte. J’ai pris un grand plaisir à lire du Philippe Besson, à découvrir sa plume, ses mots, son histoire, son amour. Il m’a emportée avec lui, et il a su me conter son récit dans le creux de mon oreille!! « Un certain Paul Darrigrand » est mon premier roman de Philippe Besson et sera certainement pas le dernier!
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