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Mars 1939. Cerbère, à la frontière entre la France et l'Espagne. Les trains ne circulent plus. Les transbordeuses - les «orangères» - ne chargent plus les oranges qui pourrissent sur place. Sur la corniche, un hôtel, «le phallus de l'arrogance et de l'argent», est abandonné. Seuls trois hommes hantent les lieux:José de Villalobos, «peintre officiel», cherche la beauté pour sa grande fresque. Il croit l'avoir trouvée chez Montse, une orangère fière et farouche, qui fait passer des armes aux derniers résistants républicains. Carles Bartomeu Altaió a survécu à la défaite de la Catalogne face aux troupes franquistes. Il est épuisé.Walter Bermann est arrivé à l'hôtel tenant serré entre ses mains un manuscrit. Un «antidote à la folie des hommes», dont Staline veut se saisir, à tout prix.Carles donnera la vie en cuisinant, José traquera la beauté avec une ferveur folle, Walter, accro à la morphine, sombrera peu à peu:trop juif, trop allemand, trop communiste, trop dissident... Où trouver la beauté? Chez Montse, la résistante? Dans la mort ou dans la vie?Une fable tragi-comique, signée par Thomas Azuélos (La ZAD, Le Fantôme arménien) en tant qu'auteur complet.
1939 Cerbère, la frontière entre la France et l’Espagne. Des tonnes d’oranges pourrissent dans les wagons d’un train de marchandise.
L’explication à cela, une raison technique. L’écartement des essieux entre les chemins de fer espagnols et français est différents. Les trains d’un pays ne peuvent pas circuler sur les rails de l’autre et vice versa.
En cas d’échanges commerciaux entre les deux pays, les marchandises doivent être, sur le même quai, transférées d’un train à un autre. Cela se fait en gare de Cerbère.
Et quelle population précaire et corvéable à merci se charge de cette tâche harassante ? Les femmes ! Mais celles-ci ont cessé le travail.
Parmi elles se trouvent Montserrat, Llucia, la Mousseigne, des femmes belles, fortes et surtout très déterminées.
Il faut dire que la fin de la Guerre d’Espagne a changé la physionomie du village. Les Républicains espagnols affluent pour passer la frontière, c’est le début d’un long exil pour eux.
Les portes se ferment. Franco est au pouvoir et les conséquences vont dorénavant se faire sentir en France.
Le Grand Hôtel s’est vidé de ses touristes. Seul y a élu domicile le peintre José Luis Villalobos, qui a entrepris de peindre une fresque sur un des murs pour y représenter la beauté d'un monde qui court à sa destruction.
Sa solitude est brisée par un homme tombé face contre terre, épuisé par sa trop longue marche.
Carles Bartomeu Altaio, après avoir subi la défaite des Catalans face aux troupes du Caudillo, a décidé lui aussi de fuir le régime franquiste.
Mais il n’est pas le seul à chercher un refuge. Walter Berman est un anarchiste juif allemand. Et lui ce sont Hitler et Staline qu’il est obligé de fuir.
Un village frontière, un hôtel de luxe, des femmes, des hommes, des réfugiés qui affluent alors que la guerre va bientôt envahir l’Europe.
Le regard, les mots et les dessins de Thomas Azuelos nous entraînent dans Toute cette beauté du monde, alors que le monde s’écroule.
Des hommes et des femmes prêts à tout pour résister, quitte à fuir pour sauver leur vie et celle des autres.
Un album fort de sens qui ne peut que nous inciter à réfléchir sur la nature même de l’Homme et celle de ses combats.
Les Républicains espagnols fuient leur pays soumis par Franco. Certains tentent de passer la frontière par le rail et Cerbère, juste après la frontière, est leur premier point de chute.
On y trouve Montserrat, une orangère - ouvrière des oranges -, lumineuse jeune femme à la tête de la révolte des ouvrières et impliquée dans des missions de résistance. Et José, un peintre alcoolique à la recherche de la beauté, égaré dans le grand hôtel local qui semble servir de refuge aux fuyards républicains.
Carles est l'un d'eux. A son tour, il va recueillir Walter, philosophe sous morphine, et sa sacoche précieuse. Ces personnages se croisent, s'évitent, que cachent-ils ? Quel rôle jouent-ils ? Chacun pose un regard sur le conflit qui approche, sur les hommes et leur tendance à la guerre... Que va t-il rester ? Où est la beauté du monde ?
Dès les premières pages, j'ai été comme envoûté par le dessin de Thomas Azuélos. Un personnage féminin qui irradie, qui aimante le lecteur, un dessin sobre, où le noir est omniprésent, le vert et le jaune étant les seules couleurs vraiment visibles.
Un peu dérouté par la dernière partie - mais qui m'a permis d'en savoir plus sur la présence russe en Espagne à cette époque - je reste sous le charme de Montse et d'un univers graphique qui monte en intensité, comme l'orage qui annonce l'inévitable.
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