Bakhita s'annonce comme l'un des grands livres de cette rentrée, et si on suivait les conseils de lecture de Véronique Olmi ?
Titus a quitté Bérénice. Malgré tout son amour pour elle, il ne peut se résoudre à se séparer de sa femme, Roma. Anéantie par cette rupture, Bérénice va se plonger corps et âme dans la lecture de l'oeuvre de Racine. Fascinée par le don du dramaturge pour écrire la douleur amoureuse, Bérénice se demande comment un homme comme lui a pu écrire une histoire comme ça . Toute la vie de Racine nous est alors contée, de son enfance janséniste dans l'abbaye de Port-Royal au faste de Versailles.
Prenant comme prétexte de départ la rupture contemporaine de deux protagonistes hautement symboliques, Nathalie Azoulai livre un récit fascinant sur la vie du plus grand dramaturge français. En redonnant vie à Racine, ce sont ses contradictions qui sont mises en lumière, et notamment celle, fondamentale, entre la rigueur religieuse de son éducation et son dévouement absolu pour le roi, son attrait pour le monde. Et, comme fil conducteur, un hommage brillant à la langue française.
Bakhita s'annonce comme l'un des grands livres de cette rentrée, et si on suivait les conseils de lecture de Véronique Olmi ?
Parce qu’on peut TOUS se souhaiter beaucoup d’amour en ce 14 Février !
Après la mise en condition par la lecture de Bérénice de Racine, poursuivre avec la biographie singulière de Nathalie Azoulay sur le dramaturge du grand siècle (qui a vu se côtoyer Corneille, Molière, La Fontaine et Racine … sans compter quelques autres) est un vrai moment de plaisir de lecture.
Azoulay part de la séparation d’un couple contemporain (accessoirement aux noms de la tragédie) pour, tout à la fois, montrer la permanence des tensions sentimentales et du triangle amoureux, mais aussi délivrer l’enquête de (la) Bérénice (d’aujourd’hui) sur :
• La biographie d’un Racine nourri de (et à) Port-Royal des Champs ; construit de la rencontre avec ses maîtres jansénistes, mais aussi par ses choix transgressifs pour parvenir à une maitrise absolue de la langue et du chant des alexandrins. Son parcours initiatique passe notamment par : le latin, la structure de la phrase, la langue / conversation de salon, … Ses choix l’écarterons de Port-Royal d’autant qu’il est profondément attiré par les lumières du Roi Soleil : au point de devenir biographe de Louis XIV.
Après une vie de découvertes et de plaisirs de la vie, mais aussi d’amours profonds avec des actrices, il retrouvera une vie plus conventionnelle ; d’autant qu’il est désormais reconnu et apprécié. Mais l’âge aidant et les souvenirs pesant, il retrouvera ses liens anciens avec ses maitres de Port-Royal, au risque de subir la disgrâce de Louis XIV ;
• Les rapports avec les créateurs de son temps (Molière, Corneille, …) et l’univers de ce que l’on appelle aujourd’hui le « spectacle vivant » ;
• Les œuvres marquantes du dramaturge et particulièrement du triangle amoureux le plus épuré qui sera sa marque de fabrique avec la pièce « Bérénice » au sommet de cet art : Antiochus (roi de Comagène) aime Bérénice (Reine de Judée) qui aime Titus (empereur de Rome) et si Titus aime Bérénice il sacrifiera aux conditions posées par la citée pour hériter du titre d’empereur. Mais si les douleurs sentimentales chez Racine sont marquées, la puissance de vie reste la plus forte (cf fiche sur Bérénice).
• …
Un ouvrage de référence, intelligent et de haute tenue.
« Mon âme loin de vous languira solitaire »
Un Titus actuel vient de quitter sa compagne Bérénice pour revenir vivre auprès de son épouse Roma .
Rongée par le désespoir, Bérénice se plonge dans la lecture des tragédies de Racine pour trouver dans les héroïnes de ses pièces des sœurs en douleur et matière à comprendre mieux la torture de l'abandon .
Racine , le dramaturge de la passion, le seul à avoir su analyser les désordres de la passion et le chagrin amoureux d'un point de vue féminin .
Un point de départ contemporain, tremplin pour une immersion dans la vie du dramaturge et pour une fine analyse de ses œuvres nourries de la littérature antique, de leur construction et de la spécificité du vers racinien « où les voyelles s'étirent, gagnent sans cesse sur le martèlement des consonnes »
Nathalie Azoulay parcourt ainsi toute la vie de l'auteur depuis ses années de formation nourrie de l'enseignement donné par des Solitaires de Port Royal . Elle revisite ainsi l'ensemble de sa carrière : après « l'éducation stricte et silencieuse », l'arrivée à Paris et la découverte des tentations ; les premiers succès de dramaturge ; la rivalité avec Molière et Corneille, ; l'ambition majeure « s'il compose des vers c'est certes pour être le plus grand poète de France, mais aussi pour capter cela, le son d'une conscience qui s'exprime à haute voix. Pleine, libre, parfois glaçante. » Viennent ensuite les relations avec les comédiennes chargées d'incarner ses héroïnes ; l' admiration pour Louis 14 et l' arrivisme de courtisan qui le mène à la fonction officielle d' historiographe du roi ; puis le retour à l'écriture de 2 tragédies à l'intention des pensionnaires de Saint Cyr pour complaire à Mme de Maintenon , enfin la vie rangée de mari et de père de famille .
Le lecteur vit dans l'intimité du dramaturge - toujours désigné par son prénom- il partage ses hésitations, ses espoirs, ses déceptions , ses ambitions . Toutefois, pour goûter pleinement la richesse du roman, il lui faut disposer d'un certain nombre de pré-requis ; ceux apportés par une connaissance préalable de la vie et de l'oeuvre de Racine , et plus généralement du théâtre au 17e siècle .
Un roman subtil, brillant, à l'écriture souple et élégante, prolongement d'un travail universitaire fouillé .
Une belle découverte qui a obtenu le Prix Médicis 2015.
'Titus n'aimait pas Bérénice', un roman signé AZOUAI Nathalie (2015) qui ne laisse pas indifférent...
Il y a dans ce livre des coups de génie en écritures et des scories qui alourdissent sans rien apporter.
L'appellation Jean, qui ne sera jamais nommé Racine (de même que Nicolas pour Boileau) et le manque quasi total de temporalité marquée font de ce récit un livre d'une étonnante actualité. Histoire d'un étudiant douté, avide de reconnaissance, intriguant, pétri de jalousie et de cruauté, tant envers lui-même que ses adversaires ou ses comédiens. Conflits entre le religieux et la laïcité de l'Etat, guerres de pouvoirs, d'influence, narcissisme ... Tout est reflet de la condition humaine qui n'est pas étrangère au soucis de performance actuels et au coups bas que se donnent, dans la dignité, tant de vedettes dans les disciplines culturelles, économiques, scientifiques et politiques de nos jours. On entre donc facilement dans ce récit.
Pourtant, le parallèle mené, par trois fois dans le récit, avec une Bérénice contemporaine et un Titus qui l'a abandonnée n'amène rien, si ce n'est de la confusion inutile. A moins de considérer que l'idée de l'auteur est d'en typer une Bérénice si nulle pour qu'elle serve de faire-valoir aux Bérénices et Titus sortis de la plume de Racine. Mais même si cela est le cas, c'est lourd, maladroit et inutile.
Car l'intérêt du livre est la connaissance historique du chemin d'écriture de Racine et de quelques uns de ses contemporains. Je dois cependant avouer être resté sur ma faim et avoir préféré le William, ses états amoureux et de l'évolution du théâtre anglais, bien plus magnifiquement contés, selon moi, par Anne CUNEO dans son roman ""Objets de splendeur" (Ed. Bernard Campiche, 1996) (ma critique du 9 juin 2015)
Il reste que Titus n'aimait pas Bérénice est un livre qui a le mérite de surfer sur un thème actuel, classique: 'La rupture, la séparation douloureuse' ... et qui le fait en liaison constante avec la 'littérature classique' , donnant à celle-ci d'apparaître sous un jour nouveau!
Superbe évocation amoureuse.
Ce livre est une biographie romancée de Racine. J'ai été séduit par sa construction limpide. Une femme quittée par son amant entend, dans la bouche de ses amies qui veulent la consoler, des vers de Jean Racine et, en guise de thérapie, entreprend de se replonger dans ses tragédies. Comment ce janséniste pouvait-il si bien comprendre le désespoir amoureux de ses héroïnes au point d'en faire le seul moteur de ses pièces ? Pour trouver la réponse, elle décide de remonter à l'homme lui-même. Naturellement l'auteure s'appuie sur de nombreux documents. Pour rendre l'histoire plus vivante, elle crée des dialogues, prête des pensées au poète et à ses relations quitte à déformer les vérités du temps. Ce n'est pas un roman historique avec décors et costumes du 17° siècle. Une femme d'aujourd'hui enquête sur les liens entre la vie et l'œuvre du tragédien. Elle tâche de se tenir au plus près de son conflit intérieur entre l'amour de Dieu et les passions charnelles qui mènent au péché, entre l'humilité enseignée à Port-Royal et son ambition démesurée d'être le plus grand écrivain de son époque. Le style de Nathalie Azoulai est pur, sobre et fluide. Des ellipses, quelques inversions, l'influence de Racine est forcément présente. Son analyse des tragédies est fine et méticuleuse. On croirait qu'elle a assisté à leurs gestations et même à leurs répétitions. Cela nous donne envie de relire toutes ses pièces et surtout d'y assister "les yeux grand fermés" comme Pierre Nicole son maître l'aurait tant voulu.
J'ai acheté ce livre un peu par hasard, parce qu'il était sélectionné pour plusieurs prix littéraires, parce que le titre m'attirait, parce que le résumé était plein de promesses. Je m'attendais à entendre parler de Racine certes, mais surtout de Titus et de Bérénice, c'est pourquoi j'ai été dans un premier temps assez déroutée.
Comment se remettre d'un chagrin d'amour ? Le vrai, l'absolu, celui qui vous détruit, celui que le temps n'estompe pas.
L'héroïne, elle ne s'étend pas sur sa souffrance mais tire une thérapie des oeuvres puis de la vie du grand dramaturge Jean Racine. D'abord surpris, on se demande ce qu'il vient faire là au milieu des peines de coeur futiles et contemporaines. Et puis sans qu'on sache exactement pourquoi, sa biographie prend tout son sens. On reporte toute notre attention sur la vie, les déboires et les questionnements du poète, parce que tout cela a un sens dans la longue reconstruction de cette rupture.
Il faut dire que l'écriture de Nathalie Azoulai, auteure que je découvre avec ce roman, est absolument sublime.
En bref, une étonnante surprise qui rend Racine proche mais surtout accessible.
Ce livre m'attendait comme une promesse.
D'emblée les premières lignes, sont une voix, comme le murmure du vent dans les arbres ou le bruit des vagues au loin.
Une histoire, devenue banale, Bérénice est amoureuse de Titus qui lui est marié et il la quitte pour retourner vers sa femme. Elle est ravagée par le chagrin, et accepte les banalités d'usage qui lui sont offertes comme un emplâtre sur une jambe de bois.
Jusqu'au jour où une voix lui rappelle Racine. Elle plonge dans son oeuvre comme on SURNAGE.
L'auteur emploie une formule extraordinaire : "Racine c'est le supermarché des chagrins d'amour", elle a trouvé son sésame.
Dès lors elle n'aura de cesse de décortiquer la vie et l'oeuvre de Racine, car elle ressent au plus profond d'elle-même que comprendre Racine lui donnera la clef de l'abandon de son Titus à elle.
Jean Racine issu d'une famille de petits notables, devient orphelin dès l'âge de deux ans, et est élevé par les "Solitaires de Port-Royal", des hommes qui au XVII ème siécle, ont décidé de vivre en ascètes. Il y acquiert une solide culture littéraire et religieuse, qui le forge. Et l'amitié qui le lie à Jean Hamon, médecin de Port Royal, le relie à une vie plus tangible.
L'auteure nous fait le cadeau de nous engager à mettre nos pas dans ceux de Racine et de le rendre plus que vivant.
Son arrivée à Paris et l'apprentissage des us et coutumes,ou comment on devient un bel esprit, sa créativité, ses doutes.
Il découvre le plaisir, qu'il soit littéraire ou charnel mais sans jamais perdre de vue son ambition.
Il se lie d'amitié avec La Fontaine, Boileau, et entre en rivalité avec Corneille qu'il admire.
Son ambition en bandouillère, plus qu'un parcours sa vie est une vraie trajectoire sous la protection du Roi Louis XIV. Vivre sous l'égide du Roi ,n'est pas de tout repos.
Racine n'est pas mort, il vit chez Nathalie Azoulai.
Mais si Titus n'aimait pas Bérénice...
Sur le bateau de sa vie, Bérénice va "affaler", subir les "embruns" de son chagrin, accepter de "giter" et enfin "hisser" la voile, jusqu'au "mouillage" sauveur.
Un texte stylé de bout en bout, sans faille, sans fausse note, un ensemble abouti qui permet une lecture fluide . Le délié de la narration accentue chez le lecteur la sensation de goûter à une histoire singulière dans une universalité intemporelle.
Un véritable coup de coeur, pour une auteure que je découvre.
Une envie de redécouvrir Racine, également, n'est pas la moindre des qualités de ce livre.
J'ai marché dans les pas de Racine avec bonheur en relisant les superbes phrases de Nathalie Azoulai
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