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" Ce qu'on ne peut pas dire, il faut le passer, non pas sous silence, mais en silence, dans cette traversée translative du silence, du silence au silence, qu'est l'envoi du poème, main tendue, geste archéologique de la parole inventant la vision comme elle invente l'autre et ramène le plus lointain dans la proximité du jour : c'est à quoi nous invite la poème - car c'en est un, si c'est le recueil de plusieurs - d'Antonia Soulez, dans son battement de vie et de voix rompues de vide, quand la saisie (seizure) s'entend césure. L'abrupt vertige accepté réarticule le dire, le noue et le ranime ; il retisse, dans sa discrétion même, les fils que la Parque a coupés. En philosophe et musicienne, Antonia Soulez conjugue sa vie et création. Elle a le courage de la mesure, d'une mesure qui accueille la dissonance, s'y accorde et l'accorde, transfigurant l'épreuve et son déchirement en expérience à la fois singulière et pourtant transmissible ; comme si, de ne pas chercher une illusoire maîtrise du grammatical et de sa raison d'usage, comme si, de nous mettre à l'écoute de la "folle" musique des mots, le poème en disait bien plus que tout discours, par la vertu d'un travail d'anamnèse qui nous reconduit, nous lecteurs avec elle, à ce seuil où " plus rien n'est dicible comme le reste de ce qui s'enseigne ".
S'il ne saurait être celui d'une victoire tout illusoire, le " v " d'Antonia Soulez, par sa répétition allitérative, porte de bout en bout le poème et signe en profondeur l'unité de ses moments, en l'élan de vérité. " Robert Davreu
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