"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le troisième volume de la trilogie : après L'Arbre à Pain, consacré à Materena, héroïque «femme de ménage professionnelle», et Frangipanier, chronique des rapports de Materena avec Leilani, sa fille, Tiare (prononcer Tiaré) met en scène, de façon complètement inattendue, la rédemption de Pito, son mari, macho irrécupérable et père inexistant, par la grâce de Tiare, leur petite-fille.
Troisième tome d’une série époustouflante : « L’arbre à pain » « Frangipanier » je nomme « Tiare ». Tous, peuvent être lus dans l’ordre de votre choix. Chacun (certes) dévoile les mêmes protagonistes mais à une époque différente et dans le cours de leur vie grandissante. Je peux vous affirmer qu’une fois en main, impossible de reposer cette pépite avant de l’avoir terminée. « Tiare » est vivifiant. Un livre coloré, de joie et de permanence. La famille Tehana encercle les lignes. On ressent d’emblée cette chaleur bienfaisante d’un récit qui pétille, joue à la corde à sauter en pleine lumière. On retient cette saveur regain et frénétique. On ne lâche rien. « Tiare » est salvateur, joyeux et rebelle, coléreux, ivre d’émancipation et de droiture. La Polynésie lève son voile majestueux. Papeete arrimé à la trame qui pourvoit l’habitus de ses hôtes. « Tiare » est le prénom de la petite benjamine d’une famille quasi universelle, petite-fille de Pito et de Materena. Les évènements trépidants vont se muer en collier de tendresse. Pito va garder sa petite chaque jour. Les rôles d’avant s’inversent. Meterena s’est transformée, émancipée, rayonnante et femme enfin libérée. Maintenant, elle conduit et à sa propre voiture. Elle dirige une émission à la radio pour que la parole des femmes se libèrent et de quelques hommes aussi. Et là croyez-moi les confidences sont le terreau de la Polynésie et que c’est bon ! A contrario, Pito le machiste, l’égocentrique va se métamorphoser dans le même tempo que Tiare. L’aimer de toutes ses forces et lui prodiguer tous les soins. Tout cela, il ne l’a jamais fait pour ses propres enfants. Tiare va devenir son levier. L’ambiance dans l’antre s’en ressent. Materena observe son mari. Intuitive, formidablement altière, elle va être bousculée (elle qui voulait divorcer). « Je veux divorcer. C’est simple. C’est fini. J’en ai marre d’être la confiture qu’on donne aux cochons ». Le récit contemporain, fédérateur, est la vague qui lèche le sable langoureusement. D’une haute maîtrise, on est en plongée dans une trame existentielle au corpus sociologique. Cette famille est une pièce du puzzle de la grande histoire de la Polynésie, celle de l’intérieur. La force vive d’une histoire celle de Materena, et de son père inconnu. Sablier retourné à l’encontre d’une Materena belle et exemplaire. L’émotion est vive et c’est tant mieux. Les larmes surviennent et c’est bien. La vie écarquille ses prunelles et serre la main de Tiare qu’on adore. Elle est le liant de cette fratrie. « Nous sommes les grands-parents » dit Materena d’une voix douce. « Et le parrain et marraine » insiste Pito qui ne lâche rien. Plus qu’un bouquet de tendresse, c’est une myriade en plein serment. « Tiare » est une carte postale accrochée sur nos cœurs. Un crayon aux mille couleurs gratifiantes. Une fresque que l’on relit mainte fois. On aime Materena, notre modèle, Pito et ses maladresses. Tiare maillon d’une chaîne polynésienne. Ce roman est une glace que l’on déguste en plein soleil. Brillant, Tahiti de haute voltige, « Tiare » un nœud dans son mouchoir pour les jours sans. A lire sans modération ! Publié par les Éditions Au vent des îles.
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