"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour Materena, femme tahitienne, la vie suit son cours avec ses trois enfants, son travail de femme de ménage et son homme, Pito.
Un soir, ce dernier rentre ivre d’une soirée entre copains et lui demande, enfin, de l’épouser.
Materena est ravie, après tout ce temps, de ne plus être une simple vahiné mais la femme officielle de son Pito, feignant mais aussi père de ses enfants.
Le seul hic, c’est que le lendemain, ce dernier ne semble pas se souvenir de sa demande… Peu importe pour Materena, qui commence à se lancer dans les préparatifs pour cette grande occasion, qui n’aura peut-être jamais lieu.
Ce roman m’a donné un peu de fil à retordre au début. Le style, très parlé, à l’image des dialogues, m’a légèrement gêné au début.
En outre, la construction du récit, en cours chapitres, comme autant de nouvelles, liées par le fil conducteur du mariage, m’empêchait de m’attacher aux personnages.
Mais plus le roman a déroulé ses pages, plus je l’ai dévoré. Car au final, voilà la grande force de ce récit : aborder pleins d’instantanés de la vie tahitienne.
Si le récit est truculent, et bourré de touches d’humour, les thèmes abordés varient d’un large spectre allant de la vie quotidienne à des thèmes beaucoup plus sombres.
On passe de scènes issues de la vie familiale avec les nombreux cousins, la belle-mère intrusive, la religion, ou à l’opposé, l’autrice évoque l’exode pour les villes et l’absence de travail, l’alcoolisme, les adoptions illégales, ou la disparition des traditions.
Ces instantanés ont su me convaincre et m’embarquer pour un aller simple pour Tahiti…la bonne nouvelle, c’est qu’il y a encore d’autres livres relatant la suite des histoires de cette famille à découvrir !
Pito, un soir de beuverie, demande Materena en mariage puis plus rien. Sauf que Materena, elle, voit son rêve se réaliser enfin et commence à tout organiser. Nous suivons les péripéties de cette organisation tout en vivant le quotidien de Materena, femme de ménage et mère de trois enfants bourré d'anecdotes, de petites histoires et de rencontres.
Ecrit comme s'il était raconté oralement, ce roman est dépaysant, simple mais drôle. Parsemé de vocabulaire local, il n'en est que plus authentique, on y sent le soleil,la lumière, la poussière, ... tout celà avec légèreté et humour.
Les chapitres sont courts et vivants.
Un pur délice à déguster.
Enfin !
Depuis l'année dernière, je recherchais désespérément un quatrième auteur océanien, après les classiques australiens et néo-zélandais et la plus exotique Sia Figiel des îles Samoa.
Les éditions 10/18 m'on exaucée, en publiant les ouvrages de Célestine Hitiura Vaite, auteur tahitienne :)
Elle nous entraîne dans le quotidien d'une famille, celle de Materena, mère de trois enfants, femme de ménage professionnelle.
Pito, son homme, vient de lui dire qu'ils devraient se marier, alors Materena rêve à sa robe, à l'organisation du mariage, au tour dans tout Papeete dans la voiture de sa cousine, ...
Des rêveries confrontées à la réalité, la paresse de Pito qui préfère passer son temps à boire aavec ses copains, de ses cadeaux étonnants : le congélateur qui tombe en panne et que Materena recycle en commode pour sa chambre.
Les mots locaux, à l'utilisation bien dosée nous plongent directement dans l'ambiance polynésienne, pas celle des plages de sable blanc, ni celle des expatriés qui cachent leur niveau de vie derrière les hauts murs de leurs immenses jardins protégés par des grilles sécurisées.
Un roman qui décrit la vie ordinaire, qui nous entraîne au cœur de cette famille d'un milieu populaire, qui nous fait partager sa vie. celle de sa famille élargie (oh, le nombre de cousins) ... tout comme si pour un moment, nous y étions accueillis.
J'ai beaucoup apprécié le rythme du roman renforcé par son découpage du roman en chapitres courts comportant chacun une anecdote mettant en scène un membre de la parentèle de Materena.
Je vais très bientôt craquer pour les deux tomes suivants de cette trilogie, tant j'ai apprécié cette lecture :)
A suivre donc !
Troisième tome d’une série époustouflante : « L’arbre à pain » « Frangipanier » je nomme « Tiare ». Tous, peuvent être lus dans l’ordre de votre choix. Chacun (certes) dévoile les mêmes protagonistes mais à une époque différente et dans le cours de leur vie grandissante. Je peux vous affirmer qu’une fois en main, impossible de reposer cette pépite avant de l’avoir terminée. « Tiare » est vivifiant. Un livre coloré, de joie et de permanence. La famille Tehana encercle les lignes. On ressent d’emblée cette chaleur bienfaisante d’un récit qui pétille, joue à la corde à sauter en pleine lumière. On retient cette saveur regain et frénétique. On ne lâche rien. « Tiare » est salvateur, joyeux et rebelle, coléreux, ivre d’émancipation et de droiture. La Polynésie lève son voile majestueux. Papeete arrimé à la trame qui pourvoit l’habitus de ses hôtes. « Tiare » est le prénom de la petite benjamine d’une famille quasi universelle, petite-fille de Pito et de Materena. Les évènements trépidants vont se muer en collier de tendresse. Pito va garder sa petite chaque jour. Les rôles d’avant s’inversent. Meterena s’est transformée, émancipée, rayonnante et femme enfin libérée. Maintenant, elle conduit et à sa propre voiture. Elle dirige une émission à la radio pour que la parole des femmes se libèrent et de quelques hommes aussi. Et là croyez-moi les confidences sont le terreau de la Polynésie et que c’est bon ! A contrario, Pito le machiste, l’égocentrique va se métamorphoser dans le même tempo que Tiare. L’aimer de toutes ses forces et lui prodiguer tous les soins. Tout cela, il ne l’a jamais fait pour ses propres enfants. Tiare va devenir son levier. L’ambiance dans l’antre s’en ressent. Materena observe son mari. Intuitive, formidablement altière, elle va être bousculée (elle qui voulait divorcer). « Je veux divorcer. C’est simple. C’est fini. J’en ai marre d’être la confiture qu’on donne aux cochons ». Le récit contemporain, fédérateur, est la vague qui lèche le sable langoureusement. D’une haute maîtrise, on est en plongée dans une trame existentielle au corpus sociologique. Cette famille est une pièce du puzzle de la grande histoire de la Polynésie, celle de l’intérieur. La force vive d’une histoire celle de Materena, et de son père inconnu. Sablier retourné à l’encontre d’une Materena belle et exemplaire. L’émotion est vive et c’est tant mieux. Les larmes surviennent et c’est bien. La vie écarquille ses prunelles et serre la main de Tiare qu’on adore. Elle est le liant de cette fratrie. « Nous sommes les grands-parents » dit Materena d’une voix douce. « Et le parrain et marraine » insiste Pito qui ne lâche rien. Plus qu’un bouquet de tendresse, c’est une myriade en plein serment. « Tiare » est une carte postale accrochée sur nos cœurs. Un crayon aux mille couleurs gratifiantes. Une fresque que l’on relit mainte fois. On aime Materena, notre modèle, Pito et ses maladresses. Tiare maillon d’une chaîne polynésienne. Ce roman est une glace que l’on déguste en plein soleil. Brillant, Tahiti de haute voltige, « Tiare » un nœud dans son mouchoir pour les jours sans. A lire sans modération ! Publié par les Éditions Au vent des îles.
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