"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman est le second de la trilogie de Materena : on retrouve la foule des petites gens de la périphérie de Papeete qui a fait le succès de L'Arbre à pain.
Dans Frangipanier, l'histoire est centrée sur les relations entre Materena et sa fille Leilani, laquelle est bien décidée à se libérer, et à libérer sa mère par la même occasion, des pesanteurs assez machistes de la vie tahitienne. Ce livre a été traduit et publié dans plus de 10 pays.
Pittoresque, captivant, voici Le voyage à Tahiti qui vaut tous les détours du monde, « Frangipanier » de Célestine Hitiura Vaite. Quel style ! qu’il fait bon le lire. Fouler cette île, respirer les parfums, imaginer les poussières s’élever sous le soleil lourd comme du plomb. Regarder les femmes se mouvoir dans cet entrelac fabuleux. Etre au cœur de l’idiosyncrasie d’une île chaleureuse, éprise de coutumes, de rites, de croyances et de superstitions, mais pas que. Attention ! une fois en main impossible d’arrêter la lecture. Le charme est enivrant. La teneur : les bruissements de cette île qui se réenchantent. L’empreinte d’un habitus déployé en version 3D. La voici, la plongée fabuleuse : une famille, celle de Materena, Pito (son mari) et leurs enfants Leilani, Moana et Tamatoa. « A sa fille qui n’est pas encore née, Materena parle de Tahiti pour lui donner une idée du pays qui sera bientôt le sien. Cet endroit où le soleil cogne à midi, où l’air est immobile avant la pluie… » Materena est une femme vigoureuse, altière et combattante. Elle est le midi de « Frangipanier ». L’emblème des femmes tahitiennes, persévérantes, vaillantes et dignes. Elle éduque ses enfants en équité, sans aucun clivage. « Et à Tamatoa, debout devant le frigidaire, qui est en train de renifler de mépris, toi, à partir de maintenant, tu changes tes draps toi-même. Tu vas bientôt avoir quatorze ans et j’ai pas du tout envie de changer les draps d’un garçon de quatorze ans. » Elle est femme de ménage côté ville. « Une chose est sûre : les doigts des deux mains ne suffisent pas pour compter le nombre de femmes de la tribu Mahi qui sont femmes de ménage. » Une charte d’honneur enveloppe Materena, son travail est glorification, respect et indépendance. Ses enfants grandissent. Leilani est brillante, éveillée, intuitive. La voici femme devenue. « Après les larmes, les lamentations et les embrassades, la mère et la fille, comme le veut la tradition, s’asseyent à la table de la cuisine pour le Discours de bienvenue dans le monde des femmes. » Le discours sera tout autre. Ainsi est « Frangipanier » L’arbre amour-amour, l’arbre symbolique, celui qui retient les sèves générationnelles. « Frangipanier » est extraordinaire. Une myriade de bonne humeur, de constance et de loyauté. La rencontre est belle, apprenante. Elle incite à l’exemplarité. Materena est féministe, avant-gardiste, éclairée et intuitive. « Frangipanier » est une onde bienfaisante. Il aspire à l’évasion et à l’envie fulgurante de fouler Tahiti et de boire une citronnade avec Materena. Brillant. (Deuxième tome d’une trilogie) qui peut se lire individuellement. « Frangipanier) a été finaliste au Grand prix littéraire de New South Wales-Australie en 2005 et le Prix Orange en 2006. Publié par les majeures Editions Au vent des îles.
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