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Le théâtre de Ionesco est en définitive une mise en scène des figures de la rhétorique. Ses personnages vont de catachrèse en chiasme comme d'autres vont - dans un théâtre plus classique - de la passion extrême à la jalousie meurtrière. Il s'y racontait une histoire. Chez Ionesco, il n'y a pas de récit, il n'y a pas de conte qui se raconte, mais des figures sorties d'un Füssli. Aucun de ses personnages en effet qui ne parataxe ou qui, pris aux charmes de la redoutable Métaphore, ne se retrouve enchaîné dans une définitive métamorphose dont il ne reviendra pas. Et les objets eux-mêmes disent à se démultiplier sans aucune considération pour l'ordre normé du monde que tout, en définitive, se décline mais finit par déraper. Ionesco va chercher dans ses cauchemars ces monstres qui tentent de
penser l'inconcevable - que les concepts seront toujours impuissants à exprimer -, monstres faits de morceaux de bêtes et de morceaux d'hommes qui, assemblés, mettent au jour une bien inquiétante étrangeté, comme les Grecs jadis qui, pour tenter de dire la démesure du désir, avaient inventé des mythes où l'on voyait - par exemple - une femme éperdue d'amour pour un taureau. C'est la plupart du temps en se fondant sur la répétition qui, à se reprendre, démontre que le même est une tentative désespérée que le comique de Ionesco devient un pur tragique. Le procédé est souvent subtil, qui consiste, par glissements successifs mais imperceptibles, à passer du «comme» de la métaphore à l'être dont celle-ci n'évoquait qu'une figure possible. Et, stupéfié, le corps devient le texte de son histoire arrêtée. Certes Kafka est passé par là, et les bouleversements de l'histoire personnelle de Ionesco ont laissé des traces dans son imaginaire. Mais on n'a pas osé dire que ce théâtre procurait aussi une nouvelle ontologie, celle d'un homme dérisoire, pris dans les boues de la mort. Englué, comme le héros de Sartre, mais le pire est que le personnage de Ionesco est, lui, de bonne foi. Ce volume rassemble tout le théâtre de Ionesco ; il révèle de plus deux pièces inédites : La Nièce-épouse et Le Vicomte. On a voulu aussi procurer - dans un appendice - les notes des principales mises en scène qui retracent l'histoire de ces pièces. Enfin, pour parachever l'édition, on a donné - avec une étude de Massin - quelques extraits de la mise en pages graphique de ce dernier pour La Cantatrice chauve et Délire à deux.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 2 jours
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 5 jours
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