"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jeune fille au parcours scolaire sans faute, Melissa paraît s'intégrer au mieux dans la vie professionnelle... sans réellement trouver sa place. Fragilisée par un manque d'assurance sociale, elle perd le fil, se lie avec une autre jeune femme, désorientée comme elle, qui l'entraîne à de mystérieuses réunions. Dans ce groupe aux visées douteuses, animé par un gourou manipulateur, Melissa se soumet à un cadre rassurant et s'engage corps et âme dans un mouvement politique qui se révèle brutal et dangereux. Se croyant enfin protégée, enfin utile, enfin aimée, elle ne voit rien, ne veut pas comprendre. Jusqu'au jour où, associée aux funestes projets du groupe, elle se trouve mêlée à la mort d'un enfant. Tout bascule. Au lendemain du drame, Melissa entame une danse avec sa conscience, qui la mènera d'un engagement toujours plus extrême vers un effondrement et une réinvention de soi, de New York à la Corse en passant par Key West et l'Alaska où se nouent des rencontres déterminantes.
À travers la trajectoire individuelle de Melissa, Carole Zalberg aborde de son regard aigu et subtil la question de la radicalisation, des rêves déçus, de ces dons que la société ne sait pas toujours exploiter, décourage souvent et, pire, pervertit.
« Histoire d'une conscience », tel pourrait être le titre de ce roman dérangeant, bouleversant et lumineux.
Mélissa jamais là où il faudrait, où elle devrait !
L’incipit de ce livre est juste une merveille car le talent de Carole est là, avec une économie de mots elle vous flingue, vous met hors combat. Quand vous reprenez votre souffle c’est pour plonger dans cette histoire, vous savez celle qui est évoquée régulièrement dans les médias sans que vous ayez le temps d’en saisir les tenants et aboutissants puisqu’une info chasse l’autre.
Mehdi 18 mois est MORT.
Mais pourquoi ce petit être qui aurait dû avoir la vie devant lui, meurt dans les bras de sa mère par une nuit glaciale dans l’indifférence de tous ?
Mélissa Carpentier est issue d’un milieu simple, où la vie s’écoule au fil des jours et des transformations de la société. Picorer des instants de partage pour en faire des boulettes de bonheur car comme souvent dans les milieux simples, l’amour et la fierté sont taiseux.
Mais elle a « la chance » de faire des études :
« Sans le vouloir, sans y avoir mis une volonté de fer, j’avais eu une scolarité exemplaire et ce fut tout naturellement qu’au moment de décider d’une orientation, on m’avait conseillé de viser les grandes écoles… » et ce sera le sésame pour le saint Graal d’une classe préparatoire à Paris et ainsi de voir que la vie est différente voire multiple.
Et son corps la trahit, celui qui a évolué et qui a été accepté devient un objet encombrant dans ce lieu de haute culture. Il est hors cadre.
Alors elle crée son blog où sous le pseudo d’Artémis elle se fait flamboyante.
Là cachée derrière son écran elle a toutes les audaces. La liberté derrière un miroir aux alouettes. Mélissa/Artémis brille, brille !
Dans la réalité c’est une jeune femme qui a le savoir mais pas le savoir-être ni le savoir-faire, indispensable pour un bon développement en société.
C’est la fracture : elle n’est plus du monde des siens et pas de l’autre monde non plus.
Mélissa passe de l’autre côté du miroir, le virtuel pour sésame.
Ainsi enrôlée et valorisée Mélissa se perdra avant de s’être connue.
Cet enrôlement, où elle se croit reconnue et appréciée, annihile tout jugement chez elle jusqu’au drame.
Mehdi est MORT.
Disparaître, Mélissa s’y emploie.
Commencent ses errances et sa naissance.
Où mieux qu’aux USA, pays protéiforme pourrait-elle errer ?
Il lui faudra du temps pour apprendre à dire NON.
La rencontre de Melissa et Jane est très belle car c’est l’acceptation de l’autre avec bienveillance donc un véritable échange.
Je n’ai jamais eu d’empathie pour cette jeune fille, au cours de ma lecture. Elle est le symbole de toute cette jeunesse qui flotte à côté de ses pompes et pour qui c’est toujours la faute des autres si…. S’ils n’ont pas de boulot, s’ils ne sont pas reconnus et j’en passe. Mais c’est de ceux-là dont on parle toujours. Alors qu’il y a des jeunes qui se dévouent dans des associations pour apporter un peu de réconfort à ceux qui en ont besoin et ceux-là demeurent invisibles.
Toute l’énergie qu’ils dépensent en négatif sans voir que leur meilleure aide se trouve tout simplement au bout de leur bras, et qu’il faut retrousser ses manches, penser par soi-même, et que c’est cela la vie, des périodes de bonnes choses, de moins bonnes, de rencontres et d’échanges.
J’ai aimé ce livre pour ce qu’il dit de notre société avec force comme toujours chez Carole Zalberg, qui sait dire avec cette économie de mots qui est sa marque. Format court, mots et images percutants. Narration dense, intense qui vous fait vibrer et vous interroge.
Chez Carole il y a toujours la lumière au bout du tunnel.
Ici c’est un exemple de l’abjection qui devient quasi quotidienne. Des adolescents qui tuent d’autres adolescents sans conscience qu’ils sont dans la vraie vie. Ce n’est pas de cette société que je veux.
Un livre à inscrire dans les lectures du collège et lycée pour une réflexion avec à l’appui des coupures de journaux relatant des cas similaires pour faire émerger des consciences, c’est un travail qui se fait pour les horreurs de la seconde guerre mondiale, mais il faudrait s’attaquer à notre monde quotidien.
Il serait temps de réinventer notre société en mettant l’humain au cœur de la nature et la nature dans son cœur.
Utopique ? Il est l’heure d’ouvrir le débat.
©Chantal Lafon
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/03/tes-ombres-sur-les-talons-de-carole.html
Mélissa, une jeune femme au physique quelconque, issue d'un milieu modeste, provinciale diplômée d'une école parisienne renommée "un des hauts lieux où incubent les futures élites" peine à trouver sa place dans sa vie professionnelle. Incapable de s'adapter, de prendre des initiatives, elle est paralysée par la peur d'échouer. Elle n'est à l'aise que lorsqu'elle s'exprime derrière son blog sous le pseudo d’Artémis.
Cette "diplômée déçue et déclassée", qui n'a pas été embauchée à la fin de sa période d'essai, va trouver un petit boulot alimentaire et se lier d'amitié avec une collègue qui va l'entrainer dans une mystérieuse réunion d'un groupe animé par Marc, un leader qui a tout du gourou. Mélissa trouve un sens à sa vie au sein de ce groupe, elle pense que Marc l'a révélée à elle-même, elle se sent son élue "Rien ne compte que réorienter vers elle le regard de celui qui l'a pour ainsi dire créée". Tombée dans les filets de ce gourou manipulateur, elle s'engage dans ce groupe politique aux actions violentes et extrémistes. Jusqu'au jour où, lors d'une action contre les migrants, elle se trouve mêlée à la mort d’un enfant. Au lendemain du drame, Mélissa quitte tout et part pour les États-Unis.
Après un prologue d'une puissance inouïe, Carole Zalberg nous raconte le destin de Mélissa, une jeune femme poussée par son manque de confiance en elle, son besoin d'être aimée, sa fragilité à se corrompre auprès d'un gourou qui attise la haine. Après cette période d'égarement, Mélissa part immédiatement pour prendre du recul. Obsédée par l'image de la femme berçant son enfant sans vie, son enfant mort de froid, elle est accablée de culpabilité, de dégoût et de honte. Commence une période d'errance qui va la mener de New-York à Key West puis en Alaska avec ses ombres sur les talons. "Une cavale, un effacement, une remise à zéro de tous ses compteurs intérieurs". Partie avec son ami Kiki, elle continue seule, jusqu'à ce que le hasard des rencontres l’amène à Jane, une femme lumineuse avec qui elle développe une magnifique relation au-delà des générations. Sa fuite, d'abord expiation d'une faute qui l'obsède, se transforme peu à peu en rencontre avec elle-même, en réinvention et en prise de conscience.
A mots comptés et soigneusement choisis, dans une langue d'une jolie musicalité envoûtante parfois un peu lyrique, avec une lenteur étudiée et une narration qui fait alterner le "je", le "elle " et le "tu", Carole Zalberg trace les chemins et les rencontres qui vont transformer la "Melissa qui était un brouillon", la Mélissa au corps plus souvent consommé que désiré, la jeune femme qui a eu l'impression d'être un "corps outil ", en une femme réconciliée avec elle-même. Une histoire qui se termine de façon lumineuse en Corse la "terre choisie" de Carole Zalberg. J'ai aimé le regard plein de bienveillance que Carole Zalberg porte sur son héroïne dont elle explore avec subtilité et sensibilité la psychologie.
Un roman court mais dense qui porte un regard sur la jeunesse d'aujourd'hui. Une forme d'alerte sur les dérives de la radicalisation, sur le piège du populisme, sur les conséquences des mauvaises rencontres "Tout est faussé par cette guerre incessante de phrases et d’images sorties ensuite de leur contexte, distordues à l’infini, reprises parfois d’un continent à un autre".
PS : le petit enfant mort dans les bras de sa mère avait dix-huit mois, il s'appelait Mehdi.
Mélissa, étudiante brillante, peine à se sentir bien parmi les autres. Elle fait la connaissance d’un pseudo gourou d’opérette et se laisse aller à des actes qui la rendent complice de la mort d’un enfant. Un drame qui la mène à la rencontre d’elle-même et de sa place au monde.
Un roman dont la thématique avait tout pour me séduire. Malheureusement, je n’ai pas su me laisser immerger dans l’écriture très particulière de l’auteure qui m’a perdue dès les premières pages.
A lire en Corse ou en Alaska.
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