"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis quelques années, Miquel Barceló a fait de la céramique son domaine de recherche et de création privilégié. Il ne s'agit pour lui ni d'une idée nouvelle ni d'une pratique récente. Par la céramique, Miquel Barceló se rattache à une tradition sans âge, mais aussi à une filiation récente, celle de deux artistes dans la lignée desquels il se plaît à s'inscrire : Picasso et Miró, deux maîtres de l'art moderne qui ont tenu l'art de la céramique en très haute estime.
Barceló commence à s'intéresser à la céramique dans les années 1990, lors de voyages en Afrique dans le pays dogon. De retour à Majorque, il poursuit un apprentissage technique auprès de Jeroni Ginard, qu'il parfait encore dans l'atelier d'Armelle et Hugo Jakubec près d'Angers ; des années de formation et de recherche, jusqu'à la création dans des ateliers napolitains du manteau de terre cuite de la chapelle de la cathédrale de Palma de Majorque (2007), chef-d'oeuvre qui le place définitivement parmi les plus grands artistes.
L'exposition et le catalogue qui l'accompagne présentent l'oeuvre récente de Miquel Barceló dans le domaine de la céramique. Réalisés à Majorque dans une ancienne tuilerie-briqueterie transformée en atelier, les récipients de terre cuite sont accidentés, entrechoqués ou perturbés par l'intervention plus ou moins brutale de briques venues s'encastrer dans l'argile encore fraîche, humanisant en quelque sorte ces formes trop familières. L'autoportrait est un thème récurrent : yeux et bouche gravés dans l'engobe de vases et d'amphores aux formes héritées de l'Antiquité ; crânes et têtes évoquant explicitement l'idée de vanité, présente comme toujours chez Barceló. Celle-ci se retrouve aussi dans les fractures, fêlures, boursouflures, toutes sortes d'accidents subis par la terre avant ou pendant la cuisson. Outre les autoportraits, il y a là des émanations du règne animal ou végétal. Les briques viennent également les perturber, les habiter, les fracasser. Des boutons de rose s'y épanouissent, des poissons vivent et se fossilisent, des briques forment de secrètes cavités. Ces pièces spectaculaires doivent leur présence autant à leur apparente fragilité qu'à la force de vie, au combat, au drame qu'elles accueillent.
Tous les thèmes de Barceló sont présents dans son oeuvre céramique. Le passage du temps et la mort s'y expriment de la façon la plus fragile et la plus durable.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !