Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Dans le village de Wadi Musa, près du célèbre site de Pétra, un vieil archéologue français est arrêté, accusé de pédophilie par la police jordanienne. Venu réaliser un documentaire sur son chantier de fouilles, Lionel Terras, journaliste parisien, irascible et désabusé, va avec Mélanie, l'adjointe du professeur, tenter de découvrir qui cherche à éliminer le vieil homme. Son enquête va le conduire dans le désert du Wadi Rum, sur la piste de l'âme des Bédouins et sur les traces du mythique Lawrence d'Arabie, à la poursuite de l'incroyable secret de Sharat-Aqem. Lionel trouvera-t-il sur la Desert Highway, les réponses à son propre chaos ? Car comme dit le proverbe arabe : « Si loin que portent nos pas, ils nous ramènent toujours à nous-mêmes. »
Ce que j’ai apprécié :
– Tout d’abord, l’écriture de Philippe Georget. J’ai adoré cette plume caustique, ce mélange d’humour et d’émotions qui amène le lecteur au plus près des ambiances et de la psychologie des personnages décrits.
– Et concernant le personnage principal, Lionel Terras, le lecteur n’est pas en reste, car voici un individu haut en couleurs, typique du personnage de polar que j’aime. Avec la petite originalité qui fait que l’on suit un journaliste et non un flic. Lionel, c’est le vieux célibataire par excellence, la cinquantaine séduisante, un caractère taciturne et le soupçon de mystère qui attire les femmes. Mais Lionel c’est aussi un journaliste blasé, qui s’ennuie ferme dans sa vie : Pétra et son enquête deviennent un exutoire parfait. Emballé par l’enquête et par Mélanie, la jeune archéologue, il va tenter de percer à jour les hommes qui s’en prennent aux chercheurs.
– Le personnage de Mélanie m’a également bien plu, de par sa fragilité affective mais aussi sa passion dévorante pour son métier et son mentor. Et puis, j’ai apprécié qu’elle ne soit pas un stéréotype féminin comme on a l’habitude de les voir dans les romans : elle n’est pas sportive, est clairement en surpoids et ne se rend pas séduisante par un quelconque artifice. Un personnage vrai et pourtant tiraillé entre deux hommes.
– Comme je le disais plus haut, j’ai adoré les ambiances de ce roman. Et notamment les immersions dans le désert jordanien, en compagnie des bédouins. En ressortant de ce livre, il est clair que l’auteur, après plusieurs voyages dans ce pays, a voulu transmettre au lecteur l’importance de préserver ce patrimoine naturel et culturel très riche. Et sans que cela ne passe uniquement par le tourisme, mais bien par le respect des populations bédouines.
Philippe Georget décrit ces paysages avec une telle justesse que j’ai eu l’impression d’être auprès des personnages lors des veillées au coeur du désert.
– L’enquête et sa résolution sont également bien construites. J’ai été surprise par la révélation sur les coupables, que j’ai trouvé pertinente. D’autant que les questions que cela a soulevé pour moi sont essentielles dans notre rapport à l’Autre et à la culture.
Ce que j’ai moins/pas apprécié :
– J’aurais aimé en savoir encore plus sur les Nabatéens, objets de recherche du site de Pétra.
En bref ?
Une lecture riche, avec un personnage principal que j’ai adoré malgré ses nombreux défauts et une ambiance jordanienne terriblement attirante.
Une enquête à lire !
Roman très dense, sans temps mort qui m'a passionné de bout en bout. D'abord pour le contexte, qu'il soit géographique, géo-politique, archéologique, historique. Les paysages sont sublimes, bien décrits et on oscille entre l'envie d'y aller et celle de préserver les lieux ; j'ai frémi aux descriptions des touristes qui consomment sans vraiment apprendre à connaître. Ensuite pour les personnages, un peu caricaturaux certes, l'homme mur désabusé et la jeune femme (qui pour une fois n'est pas un mannequin anorexique, mais plutôt une femme ronde, pas très courant dans les romans) qui ont du mal à s'entendre au début, puis qui finissent par s'apprécier voire beaucoup plus, mais ils sont attachants, intéressants et les relations entre eux (avec tous les autres intervenants, flics, Bédouins, touristes, ...) sont bien décrites, font avancer et l'intrigue et la réflexion sur le rôle, l'importance et les nuisances du tourisme, sur cette volonté des Occidentaux de toujours aller plus loin, de savoir plus, de ne rien laisser "indécouvert", parfois à n'importe quel prix. Enfin, pour l'intrigue, car intrigue il y a : l'ombre et l'âme de Lawrence d'Arabie flottent sur ce roman.
Reprenons point par point. Les paysages, les Jordaniens. On sent que Philippe Georget connaît bien le pays et qu'il s'est documenté. Il décrit le pays actuel, Pétra, le désert, le chantier de fouilles. Il parle aussi de l'histoire de la région, mais aussi des croyances, des légendes : "Doushara est le dieu suprême du panthéon nabatéen. Il est assimilé souvent au grec Dionysos et au romain Bacchus. Notre texte date -a priori- du IVe siècle après notre ère. A cette époque, Pétra était devenue province romaine et avait perdu, non seulement son indépendance, mais également le monopole des routes commerciales." (p.158/159)
Les personnages du roman : Mélanie l'archéologue, Lionel le journaliste qui après des échanges aigres-doux vont débuter une histoire d'amour, qui vont tout faire pour innocenter Rodolphe Moreau, ils penchent pour la thèse du coup monté. Rodolphe, justement qui se morfond dans sa cellule et dont on comprend assez vite qu'il a fait une découverte fabuleuse qui pourrait bien être la cause de son enferment. Nacer, le coordinateur local de plusieurs chantiers qui ne paraît pas très clair, ni Ali le flic. Et d'autres encore, aides ponctuelles, Bédouins énigmatiques, ...
L'intrigue qui tient jusqu'au bout en rapport très étroit avec Lawrence d'Arabie. Philippe Georget sait créer le doute dans les esprits : qui sont les "méchants" ? Les "gentils" ? Sont-ils bien distincts les uns des autres ? Y a-t-il réellement des "méchants" et des "gentils" ? C'est beaucoup plus fin et compliqué que cela. Et comme je l'écrivais un peu plus haut, il nous pousse à la réflexion sur le tourisme, la volonté des Occidentaux de ne point laisser de terres inconnues quitte à bousculer les traditions, les rites et mythes locaux. J'ai beaucoup aimé cet aspect du livre, qui en plus d'être passionnant oblige à se poser des questions.
Un roman qui sort des sentiers battus, qui fait la part belle aux pays et habitants que le lecteur rencontre. Bien écrit, pas mal dialogué, mais jamais au détriment des descriptions des lieux, plus pour booster un peu l'histoire d'amour et l'intrigue, c'est un roman qui malgré ses 342 pages en petite police de caractère se lit très vite (une fois dedans, on ne peut plus le quitter), qui dépayse et qui instruit.
Je ne suis pas vraiment parvenu à canaliser mon enthousiasme, j'aurais voulu citer plein d'extraits, montrer combien ce bouquin est excellent pour plein de raisons. J'espère néanmoins vous avoir donné envie, notamment à ceux qui ne jurent que par les romans états-uniens (et aux autres aussi bien sûr) ou qui dénigrent aisément les auteurs français ; laissez-vous tenter, vous verrez qu'en France on sait aussi faire de très bons romans d'aventures. La preuve avec Tendre comme les pierres. J'avais conclu d'une manière quasi-similaire un récent billet consacré à un autre livre publié chez Jigal, une preuve que cette maison d'édition fait un boulot remarquable !
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