À travers cette oeuvre, pour une large part introspective, j'ai voulu mener une réflexion sur l'étroit lien qui existe entre poésie et inconscient, et la perception du monde qui s'en dégage. En effet, ce que je souhaite montrer c'est qu'avant tout la poésie nous offre l'opportunité de déployer une perception du monde trop souvent enfouie, refoulée, écartée par notre conscience. Elle est la découverte d'une sensibilité qui est présente en chacun mais trop souvent ignorée. Sensibilité qui peut justement être explorée par le biais des images dont le jeu poétique use. Évolution des images en poésie en étroit lien avec la modernité, comme le développement des scènes simultanées dont l'un des précurseurs fût Jules Romain. J'ai également souhaité étudier, en tant que représentante d'une jeune génération d'écrivains, quel statut et quelle place donner à la poésie dans notre société actuelle. En effet, la poésie en vers libre est-elle encore en partie le lieu de la réminiscence ? Est-elle réellement le lieu d'une totale liberté, et l'absence de ponctuation est-il le révélateur d'une émancipation ou au contraire, son rôle n'est-il pas de souligner l'importance des mots présentés dans leur « nudité » ? Ces poèmes présentent en quoi la poésie est le carrefour de la diversité, notamment par son importance visuelle, ainsi que la source de multiples richesses. Richesses qui se sont accrues avec le vers libre par le fait qu'il est parole individuelle. Reprenant, à travers le prisme de mon regard, les thèmes actuels de la liberté, du désir, des sentiments, de la place du « je » dans la société et de la recherche de l'identité, j'ai cherché à m'adresser à tous, en ce que chacun peut trouver dans mes écrits un apport, que ce soit dans l'identification du lecteur au je lyrique, dans la recherche d'une liberté dans l'écriture, l'examen de conscience ou encore la difficulté à se situer par rapport aux différentes figures qui ont jalonné l'histoire de la poésie française depuis 1886. Aussi, l'un des derniers points importants autour duquel tourne mon oeuvre est le rapport de la poésie au silence, musique du silence, ma poésie est-elle faite pour accueillir tous les bruits de la ville, comme chez Apollinaire, Jules Romain ? Je ne pense pas, ma poésie est avant tout parole de l'harmonie retrouvée, harmonie de l'être que je suis qui passe par l'harmonie de l'extérieur. Harmonie d'autant plus délicate à trouver que la ponctuation est rare voire dans la majorité des poèmes absente. Mais pour aller à la rencontre de l'harmonie, j'exclue des sons, je ne les englobe pas, je les filtre.
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