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"J'avais à peine 24 ans lorsque ce livre, pareil à aucun autre, atterrit un matin sur mon bureau. Jeune journaliste au Monde, je faisais douloureusement le deuil de mes rêves de champion cycliste. C'était le printemps 1984. J'avais ravalé mes ambitions de maillot jaune. Une petite mort. Et j'avais troqué mon énergie de coureur amateur contre une foi sans limite dans mon métier de Rouletabille. L'enjeu était toujours le même : s'échapper pour aller plus loin, et voir du pays... On se frotte les yeux. Les pages que l'on va lire ont été rédigées jour après jour, étape après étape, dans l'urgence du journalisme - la presse est toujours pressée - par Dino Buzzati. Buzzati, vraiment ? Comment l'auteur du Désert des Tartares, du K ou de Barnabo des montagnes s'est-il retrouvé à raconter les faits d'armes des coureurs du Giro ? Il fallait un sens aigu du récit, une vélocité certaine de l'imagination pour voir en Bartali et Coppi des personnages de tragédie, des héros d'Homère. Pour Buzzati, cela ne faisait aucun doute. Gino le Pieux, fervent chevalier sans peur et sans reproche, était Hector. Celui qu'un jour - mais quel jour ?- Achille, alias Coppi, allait terrasser. C'est ainsi qu'en remontant le mécanisme de la légende, l'auteur (ré)inventa pour son lecteur tenu en haleine une fable moderne, le combat de l'ancien et du moderne. Le cyclisme, le journalisme pratiqué par un écrivain, et quel écrivain ! La machine à rêve pouvait tourner à plein régime"... Eric Fottorino
Non seulement, Dino Buzzati fait vivre ce Giro 1949 mais il fait également vivre les paysages parcourus comme les gens lors du passage au Monte Cassino.
Le cyclisme est une passion, il a aussi sa culture car il va au devant des gens. Lorsqu’un écrivain de la trempe de Dino Buzzati qui ne connaît rien à ce sport, est invité à suivre la plus grande course à étapes de son pays par son journal, le Corriere della sera, cela donne des textes remarquables que j’ai pu lire grâce à Vincent.
Sur le Giro 1949 (Le duel Coppi-Bartali), m’a plongé dans un pays qui se relève très difficilement de la Seconde guerre mondiale. La course n’est pas négligée comme l’immense rivalité entre les deux campionissimi mais il parle de la vie des gens, de leur passion pour le cyclisme et de leur présence, tout simplement. L’auteur du Désert des Tartares décrit cela superbement.
Dino Buzzati, comme ses confrères journalistes, rédige son papier le soir puis le communique à son journal qui paraît le lendemain, sauf le lundi, à l’époque. C’est pourquoi ont été incluses, pour combler les vides, les articles de Ciro Verrati, du Corriere d’informazione, qui suit la course dans la même voiture. Ainsi, en lisant ce livre, j’ai eu un panorama complet de la course et surtout un ressenti très intéressant sur l’Italie et les Italiens, quatre ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.
Pour être au départ de ce Giro, l’auteur est monté à bord du Saturnia, à Gênes, avec plusieurs coureurs, des directeurs sportifs, des mécaniciens mais sans les deux idoles. Une escale à Naples et c’est le Ville de Tunis qui traverse tout ce monde jusqu’à Palerme mais toujours pas de Coppi, ni de Bartali qui seront bien au départ, heureusement !
De Palerme à Catane, c’est la première étape et Dino Buzzati est comme un enfant qui découvre un autre monde : « Les pneus, très minces, sont lisses et tendus comme de jeunes serpents. » Ils sont 102 coureurs et ont 4 070 km à parcourir. Au bout de 2 km, quatre coureurs s’échappent puis Mario Fazio, originaire de Catane les rejoint avec trois autres car il sait que sa mère l’attend : « Elle y était. Exactement à la hauteur de la ligne d’arrivée, derrière le grillage métallique, le visage de sa mère, tout rond, apaisé, plein de bonté et de sérénité, en train de rire. » On la comprend : son fils a gagné !
Le lendemain, sur la route de Messine, ils passent par l’Etna et l’auteur fait parler le volcan qui retrouve le Giro dix-neuf ans après. Sur le continent ensuite, je ne peux passer sous silence l’étape Naples – Rome durant laquelle les fantômes du vieux Cassino se réveillent : « Comme il y en a (des morts), une armée imposante d’uniformes et de races mélangées, des hommes qui s’égorgèrent les uns les autres et qui à présent vivent l’un près de l’autre dans la sérénité, pacifiés par l’armistice suprême. »
Ensuite, arrivent les Dolomites et les Alpes après le passage dans Trieste avec des milliers de drapeaux vert-blanc-rouge. La course devient épique et je me suis régalé en lisant les exploits des coureurs et les impressions du suiveur qui rédige une page magnifique pour parler de la bicyclette, des pédales, des jambes du coureur, même le plus modeste, qui, malgré toutes les souffrances endurées, redoute le dernier dossard et la fin de carrière car seule la course est belle et honte à ceux qui la polluent !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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