Il était fatal que Dieu joue un rôle dans les pérégrinations de Mazagre. Dans « Les îles flottantes », le diable règle ses comptes avec le Bon Dieu qui n'est pas si bon que ça. Lucifer n'est pas content qu'on lui impute à crime toutes les vilénies dont le monde saigne car enfin, qui donc a commencé ? Qui a confié le royaume d'Eden à l'assassin d'Abel et qui a décidé de noyer les hommes dans un Déluge ? Qui a accepté, indifférent aux larmes de l'agonisant, le martyre de Jésus ? Qui a tué les enfants innocents ? Qui est le Dieu des armées et des Croisades ? Beau plaidoyer, qui revient du fond du temps, lui aussi, comme les bonobos, les arthropodes et les sécrétions féminines, du fond de la gorge suppliciée des anciens gnostiques.
Il y a dans ces pages des bonheurs. « La terre est tout entière notre oasis et j'entends, nous entendons, la fraîcheur de la source, le goutte à goutte de la harpe liquide, la royauté des corps et l'intelligence des épidermes ». Mais, les répits prennent fin, le « calme bleu » de l'enfance s'en est allée, et la course reprend, vers les « sables définitifs où se dissolvent les ossements ».
Extrait du texte liminaire de Gilles Lapouge
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