Du 20 au 22 mai 1977, s'est tenu à l'université Lyon II un colloque à propos de « stratégies discursives ». En choisissant ce thème, nous n'avions nullement l'intention de sacrifier à la « mode » ; nous obéissions au contraire à plusieurs raisons mûrement réfléchies.
Tout d'abord, la notion de « stratégies discursives » recouvre un champ de phénomènes très vaste : dans toute activité langagière, mettant aux prises un ou plusieurs individus parlants et un système de signes, il est possible de déceler de multiples « stratégies », en se plaçant à des niveaux d'analyse très différents, du syntaxique au socio-pragmatique, en passant par le sémantique, le logique ou le réthorique. Il nous était donc possible, sur ce thème, de convoquer des chercheurs venus d'horizons théoriques très différents, dans un souci de pluridisciplinarité qui a toujours été notre préoccupation.
De plus, ce thème des « stratégies discursives » implique que l'on s'interesse davantage, ou du moins tout autant, à la mise en oeuvre des systèmes ou des codes dans l'acte de communication, qu'à la structure même de ces systèmes ou codes. Il définit ainsi un champ de recherches plus ou moins « marginal » par rapport au domaine traditionnel de la linguistique, champ au centre duquel se trouve la « pragmatique », voire la « communicologie ». Ceci, encore, est bien de chez nous.
Enfin, il se trouve que notre UER a également vocation d'être une UER de germanistes, et que c'est sans nul doute outre-Rhin que les recherches dans le domaine des stratégies de communication sont les plus avancées. D'où un intérêt bien compréhensible de notre part pour ces questions.
Voici donc le résultat. Toutes les communications prononcées en mai n'y sont pas : nous n'avons pu éditer que les textes qui nous sont parvenus avant juillet 1978. La présence de la pluspart d'entre eux n'étonnera nullement sous le titre retenu. Mais il est peut-être bon de préciser, à propos de certains autres, que si l'étude des « stratégies » au sens strict n'y est pas centrale, elle est néanmoins toujours présente, comme idée directrice implicite, but futur ou simple perspective à explorer. Un certain nombre d'articles n'utilisent même pas le terme de stratégie. C'est qu'ils s'occupent, plus modestement, de tactique. Mais il y a un rapport ; et on le verra, à leur lecture, qu'ils font des analyses de systèmes qui coonduisent tout droit à cette notion. Il faut bien laisser au lecteur le soin d'extrapoler un peu, c'est la seule raison d'être d'un ouvrage comme celui-ci, qui rend compte d'une recherche en train de se faire.
A. Berrendonner.
Université Lyon II.
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