L'oeuvre de Stefan Zweig, écrivain à succès, grand témoin de notre époque, éclaire la façon dont, au début du XXème siècle, la littérature s'est emparée des questions fondamentales de l'être. Il a saisi que Freud n'est ni un littérateur, ni un philosophe et qu'avec lui, ce qui s'appelle l'inconscient ne sera plus jamais à la même place : l'inconscient n'est plus « un réservoir obscur », ni « un résidu stagnant de l'âme » ; la topographie des profondeurs n'est pas de mise en psychanalyse dès lors qu'on se repère au champ du langage et à la fonction de la parole.
Cet inconscient qui n'habite pas le fond de l'âme mais s'entend à la surface du discours, Zweig l'a attrapé par la structure du récit enchâssé de celui qui, sorti de l'ombre, s'adresse au narrateur dans une expérience de parole.
La logique de ses écrits se soutient de cette Ombre devant soi, et l'élégante solution de sa plume mélancolique trouve dans l'encre de sa « bile noire » la substance de ce qui touche à la pulsion de mort. Dans ses romans et ses nouvelles, qu'il s'agisse de la rencontre de l'adolescent(e) avec le désir et la jouissance, du mystère de la femme, de la séduction, la confusion des sentiments ou de l'homosexualité, il fait valoir l'attirance de l'être pour les bas-fonds et l'opacité de la nuit. Lacan lisant Freud a révélé cette âme comme « ce qui permet à l'être parlant de supporter l'intolérable de son monde ».
Stefan Zweig par le bien dire de sa plume sut faire entendre de façon éthique les joies et les souffrances de l'humain.
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