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«Le chant de Carnac, dont la publication en 1961 a marqué une résurgence dans l'oeuvre de Guillevic, ne demeure pas comme un menhir isolé : d'autres poèmes l'ont accompagné, certains enfin, par la voie tracée à travers le langage, lui succèdent. De cet ensemble harmonique Guillevic a composé Sphère qui est la terre, le monde (celui de la lumière, de la nuit en dehors, comme celui de notre lumière, de notre nuit intérieure), qui est aussi l'univers clos du poème. La poésie n'est ici ni désespoir, ni magie, mais la preuve de la puissance et de la sérénité reconquise d'un homme, à travers les mots qu'il a fait siens jusqu'à sa parfaite et mystérieuse ressemblance.» Georges-Emmanuel Clancier (Bulletin Gallimard n° 180, mai 1963). «Les lecteurs de Guillevic qui, dès la publication de Terraqué en 1942, avaient eu le sentiment de découvrir une oeuvre profondément originale, ont pu s'étonner d'un silence de près de dix ans depuis Terre à bonheur, rompu seulement par les Trente et un sonnets (1954). Guillevic cependant ne cessait d'écrire. Carnac a ainsi été composé au terme d'une longue réflexion appliquée à l'art de poésie. Carnac n'est pas un recueil de poèmes. C'est un seul poème longuement poursuivi. L'art si singulier que l'on avait aimé dans Terraqué, dans Exécutoire, se retrouve ici plus dépouillé encore, plus libre de lui-même. Sa patience l'a fait capable de nous rendre présentes les plus obscures intimations d'une imagination de la matière dont Bachelard disait déjà, dans son livre sur La Terre et les rêveries de la volonté, qu'elles permettent au poète de souffler un peu le mot de l'énigme dans une demi-confidence.» Jean Lescure (Bulletin Gallimard n° 158, mars 1961).
Contemporain de Jacques Prévert, Paul Eluard, Louis Aragon et René Char, Eugène Guillevic ne jouit pas de la même réputation, sans pour autant être inconnu. Peut-être parce qu'il n'a jamais appartenu au mouvement surréaliste ou n'a jamais cherché à s'illustrer dans la 2nde guerre mondiale.
Sa poésie est très moderne : courte et sèche, s'affranchissant des règles de la versification classique, incitant à la réflexion et à l'ouverture vers les autres et non au repli sur soi.
Quelques exemples :
"Ce n'est pas moi
Qui fermerai,
Pas moi qui crierai
Pour le fermeture,
C'est qu'on me fermera"
(Sphère / De ma mort)
"Fait pour ma main,
Je le tiens bien.
Je me sens fort,
De notre force."
(Sphère / Choses / Un marteau)
"Ils ne sont pas tous dans la mer,
Au bord de la mer,
Les rochers."
(Carnac)
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/10/12/sphere-suivi-de-carnac-eugene-guillevic-gallimard-un-poete-a-decouvrir/
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