80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
Le problème majeur du festival de province tient en un seul mot : revenir. Connaissant la légèreté des organisations, je prends les devants : un antidépresseur à 14 heures. Mon sac est bouclé sur mes genoux à 15 heures. Deux anxiolytiques à 16 heures. De 16 heures à 17 heures, je prie. Dans ces cas-là, je refais confiance à Dieu et au fiston avec son faux slip Calvin Klein débraillé. Ces mecs nous surveillent et ils connaissent mon problème. Un type qui a réussi à marcher sur la mer Rouge peut s'arranger pour que mon TGV arrive à l'heure, c'est le minimum. À 17 heures je m'arrache au festival pour
gagner la gare distante de cent cinquante mètres. Et j'entends du fond du hall, la voix de Jean-Bernard Pouy qui éclate : Hé Villard, grouilletoi, on part dans quarante-cinq minutes. C'est terrible, la honte. Je ne dis rien, hyper sobre. Je fais semblant de musarder autour des stands flanquant la sortie. Et je perçois la voix de Michelle qui bégaie : Heu, Marc, je suis désolée, je ne trouve plus votre billet de retour ! Festival de merde.
Avec Souffrir à Saint-Germain-des-Prés, Marc Villard poursuit à L'Atalante sa vraie-fausse biographie éclatée où nous assistons à de stupéfiantes révélations sur l'enfance, la vie familiale, les tribulations des écrivains en province et la peinture de Vermeer. Les recueils précédents : J'aurais voulu être un type bien, Un jour je serai latin lover, Bonjour, je suis ton nouvel ami, Elles sont folles de mon corps.
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