Tête Fêlée a douze ans et grandit dans la misère d’un bidonville haïtien. Sa mère Fleur d’Oranger fait commerce de son corps. Papa, qui n’est pas son vrai père, est l’un des hommes de main du caïd qui tient la ville sous sa coupe. Dans la nuit de sa vie sans avenir, l’adolescente s’est trouvé...
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Tête Fêlée a douze ans et grandit dans la misère d’un bidonville haïtien. Sa mère Fleur d’Oranger fait commerce de son corps. Papa, qui n’est pas son vrai père, est l’un des hommes de main du caïd qui tient la ville sous sa coupe. Dans la nuit de sa vie sans avenir, l’adolescente s’est trouvé une étoile : Silence, une camarade de classe dont elle est amoureuse. Mais la naïveté de l’enfance survivra-t-elle longtemps à la cruauté du monde ?
Ce qui fait l’unicité de ce livre est d’abord le style sans pareil de son auteur, qui, mariant la crudité la plus directe à une poésie puissamment imagée, crée une langue originale, singulièrement travaillée, parfois déconcertante mais souvent d’une confondante beauté. Aussi chatoyante que brutale, elle assène ses vérités noires en les habillant de lumière, dans des tableaux d’une violence colorée qui évoquent tantôt la poésie contestataire du slam, tantôt le chant d’une tragédie éternelle.
Car les rêves et les espoirs qui gonflent encore le coeur de Tête Fêlée sont condamnés dans l’oeuf par l’irrépressible étau de la violence qui écrase un par un les habitants du bidonville. Misère rime avec loi du plus fort, et dans cette impasse du crime, organisé ou pas, que constitue ce quartier perdu, l’on est irrémédiablement seul et rattrapé par la nuit, même lorsqu’on a cru un temps en la beauté d’une étoile.
Désespéré et cruel, ce conte qui habille sa révolte de poésie est un cri d’une formidable puissance en même temps que d’une profonde dignité : une très belle voix pour le peuple haïtien, en proie à tant des maux, mais dont personne, parmi les autorités du pays, ne prend vraiment au sérieux les mouvements de contestation.