"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je voulais que mes enfants aient une vie d'enfants. Je voulais qu'ils rient, qu'ils jouent... qu'ils apprennent. Je voulais qu'ils fassent les choses que j'aurais dû faire quand j'étais petite. Jusqu'où devons-nous fuir ?
Kaboul est entre les mains des talibans. Depuis que son mari, considéré comme un ennemi du régime, a été assassiné, Fereiba est livrée à elle-même. Si cette enseignante ne veut pas connaître le même sort que son mari, elle n'a d'autre choix que de fuir. Après avoir vendu le peu qu'elle possède, elle entreprend un voyage périlleux avec ses trois enfants, dans l'espoir de trouver refuge chez sa soeur, à Londres. Comme des milliers d'autres, elle traverse l'Iran, la Turquie, la Grèce, l'Italie et la France. Sans autres ressources que son courage et sa détermination sans faille, elle espère pouvoir compter sur le soutien de ceux qu'elle rencontrera en chemin. Hélas, les routes de l'exil sont semées d'embûches : que devra-t-elle sacrifier pour de meilleurs lendemains ?
Attention, ce livre est une véritable pépite d’humanité, de douleur et d’espoir. Un roman à mettre entre toutes les mains tant il résonne profondément dans notre cœur et tant il est terriblement d’actualité.
« Lorsque Kaboul s’écroula, les rêves pleins d’étoiles de ma génération en firent autant. Nous ne prêtions plus attention aux fioritures de l’Europe. Nous regardions à peine plus loin que nos rues, tant les fumées de la guerre étaient denses. Quand mon mari et moi décidâmes de fuir notre pays, l’attrait de l’Europe se trouvait réduit à une unique qualité, la plus séduisante – la paix. »
Nadia Hashimi et son écriture superbe, poétique et juste, nous offre ici une véritable épopée, l’histoire difficile d’une famille qui est éprouvée par le deuil et la guerre dans son pays, l’Afghanistan. La fuite, si douloureuse soit-elle, devient la seule échappatoire.
Fereiba, après l’assassinat de son mari, incantera tout son courage pour partir avec ses trois enfants à la recherche d’un avenir meilleur, d’un avenir tout court même… Rejoindre sa sœur en Angleterre, voilà le but à atteindre. Mais une femme seule avec ses enfants ne se déplace pas si facilement dans les pays du Moyen-Orient où elle est souvent considérée comme inférieure et soumise. Un parcours semé d’embûches l’attend et bientôt nous serons complètement transportés dans ce périple où la chance et l’espoir constituent le seul élément auquel se raccrocher. Notre cœur bat à tout rompre tant le récit est réaliste et tant il incarne le quotidien de milliers de personnes de nos jours, malheureusement.
À travers l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la France, nous suivons le combat de Fereiba et de Salim, son fils, tour à tour. Nous nous confrontons aux portes closes, à l’hostilité des pays qui ne veulent pas des réfugiés, aux conditions de vie déplorables, à la débrouille pour survivre, au danger de vivre avec un tel statut, à l’épée de Damoclès, mais aussi à l’espoir et au courage de ces personnes qui n’ont plus d’autre choix que de fuir et espérer des jours meilleurs.
« Sur une terre hostile, l’amour pousse comme une herbe folle. »
On ne peut que s’attacher à ces personnages pleins de force et de courage, et l’on espère si fort une issue heureuse pour eux. Tout ce à quoi ils se confrontent est retranscrit de telle manière que l’on ne peut que mieux saisir l’importance de fuir pour les déplacés. Même si je n’ai pas besoin d’être convaincue à propos de leur situation et de leurs choix, ce roman remet les choses à leur place sans jamais tomber ni dans le larmoyant ni la complainte. Il est écrit d’une main de maître, il raconte sans prendre parti, il est indispensable selon moi car il nous fait ouvrir grands les yeux et l’esprit sur ce qu’il se passe dans le monde. Il nous projette dans cette terrible réalité. J’espère qu’il sera lu par beaucoup…
« Il ne redeviendrait sans doute jamais celui qu’il avait été, celui qui autrefois était capable de rire, de rêver, de se sentir chez lui. Cette personne, comme son père, reposait probablement sous terre, sans pierre tombale, quelque part en Afghanistan. »
Les dernières lignes m’ont laissée un petit peu sur ma faim (il faut dire que je n’avais vraiment pas envie de quitter les personnages !), mais le récit est tellement formidable que cela n’entache pas le moins du monde mon avis. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce roman exceptionnel d’humanité et de réalisme. La plume de l’auteure achèvera de vous séduire. Un roman à ne pas manquer !
J’ai encore plus envie de découvrir le premier roman de l’auteure, "La Perle et la Coquille", désormais !
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/10/31/lecture-si-la-lune-eclaire-nos-pas-de-nadia-hashimi/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !