"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.
La vie de deux femmes afghanes, Rahima et son arrière grand mère toute deux confrontées à l'acharnement et à la bêtise des talibans.
Un superbe roman
Kaboul 2007.
Rahima a trois soeurs et aucun frère. Son père malade et drogué à l'opium ne peut pas faire grand chose. Les talibans font la loi et les femmes ne sont pas autorisées à sortir seules. Pour continuer d'aller à l'école et aider sa mère, Rahima devient une bacha posh : elle se déguise en garçon. Elle découvre la liberté jusqu'au jour où son père la marie de force à un homme mur (et violent).
Kaboul, début du vingtième siècle.
Shekiba, aïeule se Rahima, a le visage à moitié brûlé à cause d'un accident domestique. Après le décès de toute sa famille, ses oncles et sa grand-mère la traitent comme une esclave avant de la donner en cadeau au roi. Elle deviendra garde du harem. Déguisée en homme, Shekiba devra veiller sur les biens les plus précieux du roi : ses femmes. Jusqu'au jour où un incident survient …
Que signifie naître fille en en Afghanistan au début du siècle dernier et depuis que les talibans sont au pouvoir ? Être traitée comme une esclave, humiliée, mariée de force, battue, échangée, lapidée ? Est-ce cela le naseeb (destin) de toutes les filles ?
Heureusement non ! Ce roman, sorti en 2016, est toujours terriblement d'actualité et résonne avec les évènements d'août 2021, le retour des Talibans. S'il est un droit facile à bafouer, c'est celui des femmes mais c'est sans compter sur leur résistance, détermination, force et sororité.
Nadia Haschimi encourage toutes les jeunes filles à aller à l'école, à apprendre à lire, à résister. Ensemble elles y arriveront. L'éducation est salvatrice, elle donne un pouvoir, celui de sortir de l'ignorance.
Discours de la femme du Roi en 1909
« Les femmes aussi ont un rôle à jouer, comme elles l'ont fait dans tous les premières années de ce pays et de l'islam. Ces femmes nous apprennent que c'est toutes ensemble que nous devons contribuer au développement de notre nation et que cela ne peut être réalisé sans l'instruction. Alors nous devons toutes tenter d'acquérir le plus de connaissances possible, dans le but de servir notre société, comme l'ont fait des femmes aux premières heures de l'islam. »
Ce roman, facile d'accès, pourrait être lu au lycée. L'écriture est simple et fluide, et le message clair.
Avec cette histoire on entre de plain-pied dans le monde des mâles prédateurs, dès le plus jeune âge d'ailleurs, cette société où les femmes-victimes sont forcément coupables. Cette société où les femmes et les filles ont peur et rasent les murs pour se soustraire aux regards concupiscents des hommes. Cette société où le respect de la femme n'est même pas un concept puisqu'il qu'il n'existe tout simplement pas, où les filles n'ont pas accès à l'instruction puisque de toute façon elles n'auront d'autre tâche que de servir et satisfaire leurs époux et mettre des enfants au monde, garçons impérativement.
Il y a une dureté incroyable à l'encontre des femmes dans cette histoire, y compris de la part des femmes. Comme si elles étaient tellement endoctrinées par les hommes, qu'elles font leur jeu.
C'est totalement glaçant.
Il est sans cesse question d'honneur et de famille mais il n'y a que les femmes qui subissent le poids des traditions. Et "l'honneur" des hommes se résume à ordonner, exiger, museler, frapper, violer et écraser les femmes.
On découvre ici l'histoire de Rahima qui devient Rahim grâce à une coutume afghane qui permet de faire comme si, dans les familles où il n'y a que des filles. Rahima est habillée en garçon et vit comme tel, va à l'école, joue au foot avec ses copains et peut même travailler. Elle est une basha posh, jusqu'au moment où elle sera en âge de se marier, c'est à dire dès la puberté où elle doit redevenir une fille.
Parallèlement on suit le destin d'une de ses ancêtres, Shekiba, défigurée, qui sera amenée à vivre en homme. Une centaine d'années sépare ces deux femmes, pourtant elles subissent aussi fort l'une que l'autre le joug des hommes.
L'alternance de ces deux personnages au fil des chapitres rend l'histoire très addictive.
Un jour Rahima sera mariée, ou plutôt vendue, vers 12 ans, en même temps que deux de ses sœurs, pour être la troisième ou quatrième épouse d'un homme plus vieux que son père.
Le mariage pour une fille veut dire être arrachée à sa famille, très jeune, pour épouser un "vieux", et être violée.
Le destin épouvantable de ces femmes est terrifiant.
Car les mères qui n'ont que des filles sont méprisées par tous et toutes, maltraitées, et le jour où on leur retire leurs filles, elles ne peuvent s'y opposer. C'est un déchirement absolu pour les mères et les filles. Les pères sont totalement indifférents au sort de leurs filles, sans aucune affection pour elles.
C'est sidérant de constater que mettre une fille au monde provoque de la déception, ne pas enfanter un garçon occasionne une profonde amertume.
On découvre là, avec shekiba et Harima, la douleur d'être femme dans une culture où elles n'ont pas voix au chapitre, où certaines rêvent d'émancipation pendant que d'autres n'imaginent même pas que ça puisse exister.
Cependant, durant tout le parcours de vie de ces deux femmes, j'ai avancé avec l'espoir de quelque chose mais sans savoir quoi précisément, envie d'un horizon dégagé au milieu de la douleur de cette oppression, un rayon de soleil dans ce tunnel de désespoir. Car oui, Shekiba et Rahima ont des désirs et des rêves, qui leur sont interdits dans cette société.
C'est un livre prenant et bouleversant qui nous parle des abus de pouvoir du patriarcat dans un pays où l'obscurantisme est très présent et où les femmes ont rarement accès à l'instruction, car elle amène à l'émancipation, et ça les hommes ne le veulent pas.
Un très beau roman traitant de la condition des femmes afghanes. Condition très difficile car elles ne sont pas respectées, ne représentent rien pour les hommes sinon la possibilité de donner des fils à leurs maris brutaux et sans coeur. Lorsque l'on termine ce livre, on se demande ce qui a bien pu se passer dans ce pays pour que les choses qui étaient sur le point d'évoluer, prennent le chemin que l'on connaît aujourd'hui.
Je vous recommande ce joli roman pendant le confinement. Il vous permettra de vous évader. Il rappelle à quel point une part de l'humanité est privée d'un droit que nous vivons comme acquis : la liberté...de mouvement, de pensée, d'accéder aux bancs de l'école.
Rahima est une petite fille afghane du XXeme siècle. Shekiba, son arrière arrière arrière grand-mère est née au même endroit 100 ans plus tôt. Nous suivons leur naseeb. Dieu mais surtout les hommes vont-ils vraiment tout décider pour elles ? Elles vont subir la cruauté, la violence et l'injustice. Des hommes vont s'en débarrasser comme des objets, des déchets. D'autres hommes vont les récupérer pour mieux les opprimer. L' une devient bacha post. L' autre garde du harem royal. Ces femmes sont magnifiques. Les hommes veulent les garder soumises, incultes, inférieures. Elles sont résilientes, fertiles, cultivées, puissantes. Chaque femme, chaque homme devrait lire ce livre et (re) découvrir l'Afghanistan avant et après les Talibans.
C'est le portrait de trois femmes Afghanes séparés par trois générations. C'est poignant et émouvant.
Bouleversant roman sur le combat des femmes en Afghanistan, au temps des talibans.
Dans un style très adroit, le lecteur suit en parallèle la vie de l'héroïne Rahima et de son arrière-arrière grand-mère Shekiba.
Etouffées par la puissance des traditions et le système patriarcal, certaines vont jusqu'à se déguiser en homme pour caresser une liberté conditionnelle et provisoire.
" Elle savait que mes soeurs seraient plus difficiles à convaincre. Tous les autres - professeurs, tantes, oncles, voisins - accepteraient sans réserve le fils de ma mère. Je n'étais pas la première bacha posh. C'était une tradition ordinaire pour les familles en manque de garçon."
Loin de rechercher l'émancipation, la liberté ou même l'égalité, elles se contentent de survivre. Il n'y a plus de dignité humaine, juste un combat quotidien pour la vie.
C'est un roman qu'on ne peut lâcher et qui démontre la force des femmes à endurer ces conditions de vie inimaginables : mariages forcés, viols, humiliations, violences, etc... avec la complicité terrifiante des familles.
" C'est bien ça qu'il veut, me rendis-je compte. Mon père veut nous marier de force. Un frisson d'effroi parcourut ma colonne à cette idée. Je compris ce que ma mère savait déjà. Les hommes pouvaient faire ce qu'ils voulaient des femmes. "
Je crois que le mot "courage" n'est pas suffisamment fort pour décrire la volonté de certaines de ces femmes à contourner les lois, au péril de leur vie, pour accéder à l'instruction qui leur ouvrira une petite fenêtre, aussi minime soit-elle, sur leur liberté.
" - Rohila est une fille intelligente. J'aimerais seulement qu'ils les envoient à l'école, soupira-t-elle. C'est tout ce que je désirais pour vous toutes. Un peu d'éducation pour vous accompagner tout au long de la vie.
- Qu'est-ce que ça m'a apporté de bon ? demandai-je, la voix empreinte de colère ? Je suis allée à l'école pendant quelques années et ça n'a rien changé à ma situation actuelle.
- Tu verras plus tard. Chaque petit effort porte ses fruits. Regarde-moi. J'ai de la chance de savoir lire. C'est une bougie dans une pièce sombre. Ce que j'ignore, je peux le découvrir par moi-même. Il est plus facile de duper quelqu'un qui n'a pas cette autonomie."
Un beau livre sur la condition féminine, parfois dur, parfois tendre. Certaines longueurs mais à découvrir
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !