Les discours sur le management sont souvent décriés pour leur superficialité, leur goût de la novlangue, voire leur propension à enjoliver des relations de travail d'une grande violence. Mais c'est oublier que des recherches en sciences de gestion et en sociologie des organisations s'efforcent de comprendre précisément et rigoureusement les relations professionnelles, voire de les améliorer. L'histoire, la psychologie ou encore la philosophie offrent aussi des pistes, lorsqu'elles s'intéressent par exemple au travail, au pouvoir, à l'autorité, à autrui... Et ces éclairages sont peut-être plus précieux que jamais. Depuis un demi siècle, le monde de l'entreprise semble à la croisée d'au moins deux évolutions majeures : l'essor d'un libéralisme économique et culturel, et celui de nouvelles technologies d'information et de communication. Les managers se retrouvent dès lors en proie à des injonctions contradictoires. Peut-on diriger avec humanité dans un environnement à bien des égards plus compétitif et débridé ? Comment construire des relations professionnelles au long cours (« fidéliser les cadres ») dans un contexte de mobilité accrue ? Peut-on d'ailleurs se projeter dans l'avenir, prendre de bonnes décisions ou anticiper des besoin de formation par exemple, quand l'horizon paraît toujours plus instable et incertain ? De manière générale, les sciences humaines classiques tendent à établir des diagnostics - parfois sévères - sur les problèmes contemporains du management, tandis que les sciences de gestion et la sociologie des organisations sont davantage portées vers leur résolution et la proposition de voies d'amélioration. Sans prétendre à l'exhaustivité, ce dossier a vocation à montrer que l'alliance des unes et des autres permettrait de repenser un management à la hauteur des enjeux de ce début de 21e siècle.
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