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La mondialisation pose à nouveau tout à la fois la question de la civilisation dans son rapport moderne à la barbarie et celle des cultures saisies dans leur rapport de coexistence plus ou moins pacifique.
Civilisation et culture ne sont pas des concepts univoques bien définis, mais des notions indicatives de problèmes à définir, facilement transformables en choses en soi, en substances fixes. Une approche nominaliste préalable s'impose pour ne pas être victime de l'illusion du primordialisme qui se donne des entités primordiales engagées dans une gigantomachie. Cette approche permet de dégager les enjeux politiques.
Au sein d'un monde déchiré par la guerre globale et les états de violence interethniques, la civilisation est considérée comme enjeu d'un choc. La civilisation occidentale, dominante, se juge par la bouche de certains interprètes directement menacée par d'autres rivales, notamment la civilisation islamique. Les accusations d'impérialisme ne sont pas nouvelles. Depuis le 11 septembre 2001 la tentation est grande pour les leaders occidentaux de récuser l'accusation en faisant valoir la menace terroriste et de donner à leur hégémonie une diction civilisatrice exclusive.
S'opère un usage rétorsif de l'incrimination de barbarie. En fait, il importe de déconstruire la notion asymétrique de civilisation en prenant la mesure de la barbarie immanente à la mondialisation capitaliste et de distinguer entre islamophobie politiquement injustifiable et critique légitime des religions. L'enjeu est d'empêcher que la problématique confuse du choc des civilisations ne se transforme en prophétie auto-réalisatrice.
La même opération de déconstruction s'impose pour la notion de culture : elle se prête à une autre essentialisation qui passe par l'acceptation relativiste du pluralisme culturel qui désormais est une donnée de nombreuses sociétés. Ce relativisme est contesté par l'idée de culture majoritaire opposée à celle de cultures minoritaires qui accompagnent les phénomènes migratoires irréversibles de la mondialisation.
La thématique dominante est celle des identités différentes en conflit potentiel. Le racisme xénophobe d'Etat gagne de nombreux pays dont la France, il rejette les minorités culturelles sur leur différence culturelle et légitime une politique de guerre civile préventive à l'encontre des minorités terrorisées accusées de se transformer en communautés terroristes ennemies. L'enjeu est cette fois d'éviter la guerre de majorités prédatrices contre ces minorités.
Le recours ne peut être que politique, c'est celui de la transformation des luttes identitaires en conflits sociaux pour une égalité interculturelle.
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