Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Ana est enceinte quand elle doit fuir le Portugal des années 70, sous la dictature de Salazar. En France, elle est recueillie par Mademoiselle Claudine, mannequin libertine aux idéaux féministes.
Trente ans plus tard, sa fille Gorete est devenue une jeune femme libre et indépendante. Mais un drame va subitement frapper leur famille, obligeant Gorete à faire face à un passé méconnu.
Découvrant la signification du mot saudade, « épine amère et douce », la jeune femme se lance dans une quête de ses origines et un devoir de mémoire. De Buenos Aires à Porto, du tango au fado, elle parvient peu à peu à lever le voile sur les secrets de sa famille.
Une nouvelle histoire s'écrit. Celle d'hommes et de femmes aux destins croisés, miroirs de plusieurs générations et de la mélancolie joyeuse de tout un peuple.
J'avoue avoir été, dans un premier temps, attirée par la couverture. Cette jeune femme, toute de rouge vêtue, m'intriguait, avec une vue magnifique sur une ville et sur un pont. J'apprendrai plus tard que cet endroit existe vraiment et qu'il fait partie intégrante du roman. Et puis, il y a ce titre, Saudade. C'est un mot que l'on ne peut définir en français, il fait partie du vocabulaire portugais et exprime une nostalgie, une mélancolie, un mot plein de poésie qui raconte à lui seul une histoire. Tout me plaisait dans ce livre. Et une fois fermé, je peux dire que tout m'a plu.
C'est l'histoire d'une famille, sur plusieurs générations, au travers de deux femmes, Ana, et sa fille Gorete. On suit au début Ana, en70, elle vit au Portugal, pendant les heures sombres de ce pays qui vit sous la dictature de Salazar. Elle vit une belle histoire d'amour avec Pedro, communiste. Pris dans la révolution, et sans pouvoir revoir Pedro, Ana doit quitter le Portugal pour la France. Elle est enceinte et donnera naissance à une fille, Gorete. Elle sera recueillie à Paris par une femme qui deviendra sa bienfaitrice, Mademoiselle Claudine, à l'esprit très libre, et se consacrera à sa fille.
Le roman commence en 2001, où l'on suit plus particulièrement Gorete. C'est une jeune femme libre, et qui sait ce qu'elle veut. Elle ne sait rien du passé de sa mère. Son monde bascule le jour où sa mère, Ana, est hospitalisée, dans un état grave. Tout va alors s'emballer et faire vivre à Gorete des moments très forts. Elle va devoir faire face au passé de sa mère, elle va découvrir son histoire, apprendre qui est son père, et va alors vouloir se rendre dans ce pays qu'elle ne connait pas mais dont elle sent qu'elle est très proche, le Portugal. En même temps, à Paris, elle fera la connaissance d'un argentin, Fernando, qui ne devrait être qu'une relation d'un soir mais qui va prendre petit à petit de plus en plus de place dans la vie de Gorete. Lui aussi n'a pas une histoire simple en Argentine.
C'est ainsi que l'on va voyager entre Paris, Porto et Buenos Aires. On va suivre Gorete dans le présent à la recherche de ses racines. On va suivre Ana dans le passé, à Porto. Gorete va apprendre plein de choses sur son passé, elle va faire la connaissance de sa famille, de son histoire, et va devoir faire face aux non-dits qui pèsent sur les relations. Je ne peux rien dévoiler, mais le chemin de Gorete ne va pas être de tout repos. Elle va perdre des personnes qu'elle aime, d'autres qu'elle n'aura pas eu le temps de rencontrer. Il va falloir qu'elle fasse le deuil de certaines relations, elle va devoir se reconstruire. Elle va nouer de nouveaux liens qui vont lui permettre d'avancer, et d'avoir un beau projet de vie. Tout ça, en vivant une relation amoureuse qui prend de plus en plus d'ampleur, mais qui fait peur à la jeune femme. Et puis, il y a aussi les liens qu'elle a avec sa vie présente qui ne sont pas faciles à voir partir.
Je me suis très vite attachée à Ana et Gorete. Surtout à cette dernière. Je me suis retrouvée dans sa souffrance de voir sa mère malade, et dans d'autres sentiments plus personnels. C'est une jeune femme déterminée, courageuse, qui avance malgré les embûches, les bâtons que la vie lui met dans les roues. Je l'ai admirée plus d'une fois, elle chute un bon nombre de fois, et toujours elle se relève, plus forte. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage d'Ana, pour tout ce qu'elle représente de luttes dans ces années de révolution, tout ce qu'elle a sacrifié pour sa fille. Elle m'a énormément émue, c'est tellement triste ce qu'elle a vécu. Et puis, cette fresque féminine ne serait pas complète sans Mademoiselle Claudine, une femme âgée encore pleine de peps et pétillante. Elle sait transmettre son énergie, sa vitalité. Elle a des idées bien arrêtées, et n'a pas la langue dans sa poche. Elle amène beaucoup d'humour dans l'histoire. Au travers de ces trois femmes, on a trois exemples de femmes avec des vies différentes, des histoires différentes, trois femmes qui se battent à leur façon pour leur liberté. Car c'est ce qui les rejoint, même si leur cheminement n'est pas le même, la finalité est de garder ou de retrouver la liberté de vivre et d'aimer.
Les personnages secondaires sont eux aussi très importants. Le Saudade est un personnage à lui seul, tout comme le Portugal. L'autrice dépeint à la perfection les lieux, l'ambiance, les modes de vie, les coutumes locales, les plats. J'ai senti les odeurs, les parfums des fleurs, des plats, des épices. Le texte est parsemé de mots portugais, surtout pour la cuisine, et l'autrice en parle tellement bien qu'elle m'a bien souvent alléchée et donné faim. J'ai découvert des quartiers de Porto, Buenos Aires, des plages, des lieux enchanteurs. Ce roman m'a donné très envie de découvrir le Portugal, pour ses paysages mais aussi ses villes, son folklore, ses rituels. Les descriptions sont faites avec beaucoup de poésie, sans lourdeurs dans la lecture. Le style de Cristina de Amorim e
J'ai passé cette semaine au Portugal avec ce roman de Cristina De Amorim , quel bonheur de lire une histoire qui se passe à l'endroit où nous nous trouvons !
Saudade, ce mot est intraduisible en français, voilà ce qu'en dit le dictionnaire : "Sentiment mélancolique mêlé de rêverie et d'un désir de bonheur imprécis"
C'est exactement dans cet état d'esprit que se trouve Gorete, la protagoniste. Couverte d'amour par sa mère depuis toujours, il lui manque quelque chose, elle ne se sent pas complète et c'est grâce à un drame qu'elle va aller à la rencontre de ce grand vide.
On sent, dans ce roman, toute la passion de Cristina pour le Portugal, pour la littérature, la musique, et surtout la famille et l'importance des liens. C'est très beau.
Gorete est une personne complexe, torturée, difficile à cerner mais qui se dévoile peu à peu dans cette histoire et on s'attache puissamment à elle et à ses proches.
C'est un sublime voyage à travers le Portugal d'aujourd'hui, mais aussi celui bien plus sombre des années 60-70 sous la dictature de Salazar. Et pas que, on parcourt aussi Paris, Honfleur, l'Argentine... Et surtout, surtout, les secrets d'une famille passionnants et déchirants, de l'amour inconditionnel plus fort que tout et de la nécessité de comprendre, se remémorer et pardonner pour avancer !
Merci Cristina pour cette belle histoire, grâce à toi, j'ai arpenté les rues de Porto remplie de personnages et d'images, je suis allée écouter du fado et c'était merveilleux et je repars du Portugal avec l'impression d'y avoir vécu intensément !
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